Au premier trimestre, le nombre d'allocataires du RMI avait baissé de 0,8% pour la première fois depuis trois ans et demi. Mais ce n'était qu'une illusion. Au total, ce sont 1,49 milliard d'euros qui ont été versés ce deuxième trimestre au titre du RMI, soit une hausse de 4,9% par rapport au deuxième trimestre 2005. "Sur douze mois, entre juin 2005 et juin 2006, l'augmentation [du nombre d'allocataires du RMI] est de 2,4%", relève la CNAF et "cette évolution, sensiblement inférieure à celle observée entre mars 2005 et mars 2006 (+ 3,9%), est à mettre en regard avec l'amélioration sensible du marché de l'emploi, dont les effets sur le RMI se font sentir avec un certain retard".
Vous l'avez deviné : pour la CNAF, l'amélioration sensible du marché de l'emploi se résume aux contrats aidés de Jean-Louis Borloo. Les mesures spécifiques d'aide à l'emploi ont progressé de 24,3% en un an, et la CNAF se félicite de "la poursuite de la montée en charge des contrats d'avenir" dont environ 33.000 RMIstes bénéficient actuellement, contre 24.000 en mars. Les CI-RMA ont eux aussi augmenté : ils étaient 5.400 en mars, ils sont maintenant 8.000.
Enfin, toujours sur le même ton volontairement minimisateur, la CNAF relève que "certains départements, tels que ceux du pourtour méditerranéen, la Corse, les départements du nord et les DOM se caractérisent par une proportion élevée de RMIstes", même s'ils "n'ont pas forcément connu d'augmentation importante du nombre de leurs allocataires. (...) D'autres départements, comme ceux de l'est et de l'Ile-de-France, ont vu leur nombre d'allocataires augmenter très fortement en 2005, mais la proportion d'allocataires parmi la population d'âge actif y apparaît plutôt moins élevée que la moyenne".
Articles les plus récents :
- 17/09/2006 21:28 - Plus de 400.000 contrats "aidés"
- 16/09/2006 20:50 - "La précarité du travail ne peut pas être le prix à payer pour la baisse du chômage"
- 15/09/2006 09:12 - Cellules de reclassement : résultats décevants
- 14/09/2006 20:06 - La propagande sur les pauvres qui fraudent bat son plein !
- 13/09/2006 21:19 - L'Unedic a-t-elle procédé à un appel d'offres biaisé ?
Articles les plus anciens :
- 11/09/2006 21:27 - Inquiétante baisse de la production industrielle
- 11/09/2006 17:56 - Changer d'emploi demeure risqué
- 09/09/2006 15:49 - Le vrai visage de Gérard Larcher
- 07/09/2006 15:42 - Les suppressions d'emplois du moment
- 03/09/2006 20:05 - Sarkozy veut réduire le chômage à 5% en 5 ans !
Commentaires
http://www.caf.fr/web/WebCnaf.nsf/VueLien/E-SSENTIEL53?opendocument
On y lit en outre, sous forme d'avertissement:
Les données utilisées pour l'analyse conjoncturelle du nombre
d'allocataires sont celles de l'ensemble des régimes à l'exception
de la Mutualité sociale agricole (environ 2 % du nombre total
d'allocataires en 2005).
Répondre | Répondre avec citation |
Pour la première fois depuis 2002, le nombre d'allocataires du Revenu minimum d'insertion a diminué de 0,8% au premier trimestre 2006. En ces périodes de trucage statistique massif - notamment du côté des chiffres du chômage - nous nous interrogeons également sur le contenu de cette surprenante "embellie".
0,8% de RMIstes en moins : c'est peu, mais c'est peut-être le début de quelque chose… Et derrière toute baisse glorifiant M. Borloo se cachent des explications qui ne reflètent pas nécessairement la réalité.
Passagère ou durable, cette tendance n'exclut pas la tromperie, surtout quand on sait que les départements ne s'en sortent plus depuis la décentralisatio n et que l’ADF semble entamer un bras de fer avec l'Etat et le gouvernement. Le RMI coûte cher, le désastre du chômage se répercute sur la collectivité, et si certains dénoncent qu'«on exonère d'impôts une certaine catégorie de personnes et aujourd'hui il manque en France 850 millions pour les plus pauvres», d'autres ne perdent pas de vue que les RMIstes sont des assistés et des fraudeurs en puissance, et n'hésitent pas à douter des compétences et de l'irresponsabilit é politique des départements. Les victimes sont les coupables, tandis que les actionnaires continuent de s'engraisser.
Les demandes restent stables
Selon des chiffres publiés aujourd'hui par la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF), le nombre d'ouvertures de droits, c'est-à-dire les premières demandes de RMI acceptées, s'est situé à 100.000 au premier trimestre 2006, "un niveau proche de celui observé au long de l'année 2005". Ce qui signifie que leur nombre ne diminue pas.
De mars 2005 à mars 2006, le nombre de RMIstes avait augmenté de 3,9% mais sa progression totale sur l'année 2005 avait été de 5%. Après trois ans et demi de hausse ininterrompue, les RMIstes sont désormais 1,104 million selon les derniers chiffres de la CNAF, qui s'empresse de justifier ce léger recul par "l'impact de la baisse du chômage intervenue depuis mai 2005, ainsi que la montée en charge des dispositifs d'emplois aidés ciblés sur les allocataires de minima sociaux". L'amélioration de la conjoncture du marché du travail "tend à se repercuter avec retard sur le nombre de personnes susceptibles d'avoir recours à ce minimum social", ajoute l'étude.
Ces 0,8% de RMIstes en moins correspondraien t donc à des bénéficiaires qui ne perçoivent plus leur allocation.
L'impact des "emplois aidés"
La CNAF relève qu'après plus de trois années de diminution, le nombres d'emplois aidés concernant les personnes en difficulté d'insertion (contrats d'accompagnement dans l'emploi, contrats initiative emploi, contrats d'avenir…) a augmenté au dernier trimestre 2005. Le nombre de RMIstes bénéficiant d'une mesure d'aide à l'emploi (dispositif d'intéressement, contrat d'avenir ou CI-RMA) a progressé de 19,5% sur un an, "principalement sous l'effet de l'augmentation du nombre de contrats d'avenir". Fin mars 2006, 24.000 allocataires bénéficiaient de ce type de contrat contre seulement 11.000 fin décembre 2005.
Si le contrôle des chômeurs s'est accru avec les radiations qu'il suppose, rappelons que les RMIstes sont souvent "forcés" à accepter ces emplois aidés qui ne sont pas pérennes, et sont avant tout une aubaine pour les employeurs. On peut donc supposer que les quelques 0,8% de RMIstes sortis des chiffres de la CAF ont finalement trouvé une source de revenus qui dépasse le plafond d'attribution : mais comment, et pour combien de temps ?
Attribution par foyer fiscal
On oublie aussi qu'en cette période de chômage de masse, de plus en plus de chômeurs (aujourd'hui 48%) ne perçoivent aucune allocation : arrivés en fin de droits Assedic, s'ils ont la chance d'avoir un(e) conjoint(e) qui travaille, le RMI étant - comme l'ASS - attribué par foyer fiscal, ils ne peuvent prétendre à aucun minima sociaux. Mécaniquement et insidieusement, cette clause contribue à réduire le nombre d'ouvertures de droits.
La baisse de nos RMIstes ressemble à une bonne nouvelle. Mais c'est un phénomène à surveiller objectivement, ce que nous ne manquerons pas de faire. Répondre | Répondre avec citation |