Extrait : " Des milliers d'adhérents socialistes appelés à départager les trois candidats le 16 novembre se sont retrouvés hier devant un téléviseur pour suivre le débat. Petit voyage dans la France militante du PS...
Tincques, près d'Arras, vaste arrière-salle du café Legris posé en rase campagne sur le bord de la nationale. Ici, on travaille dans l'agriculture ou dans l'agroalimentaire. Sur les 100 militants de la section du Ternois, ils sont une cinquantaine, plutôt fabiusiens. Eliane, 64 ans, «père socialiste, grand-père SFIO», ancienne directrice à la protection judiciaire de la jeunesse, est séduite par Royal. «Je reproche au parti d'avoir fait des grosses gaffes en distribuant de l'argent à mauvais escient à des gens pas responsables. On a fait du RMI un assistanat.» Mais s'il n'y pas de travail ? «On doit obliger les gens à donner même quatre heures de travail pour obtenir un minimum d'argent.» "
Triste reflet de la pensée ordinaire...
Eliane, socialiste ou sarkoziste ?
Eliane, 64 ans, à la retraite. Née dans la tranche d'âge qui a le plus totalement bénéficié des Trente Glorieuses ! Elle a donc la "douce inconscience" de sa génération qui n'a pas connu le chômage de masse et a profité d'une époque où tout ne pouvait aller que mieux.
Elle ignore donc que le pire est à venir et qu'après un déclin - économique, mais surtout social - amorcé dans les années 80, de plus en plus palpable dans les années 90 (c'est pour ça, d'ailleurs, que Michel Rocard a créé le RMI en 1988), le glas a bel et bien sonné en 2001.
Mais pour elle les chômeurs sont sûrement des fainéants - et pas les actionnaires qui s'enrichissent sans travailler - et les RMIstes sont des irresponsables, mais pas les entreprises qui licencient alors qu'elles font des bénéfices ! Et ce n'est pas de la faute au chômage : d'ailleurs, dans sa petite tête de retraitée bien protégée qui n'a pas l'air de songer que les générations suivantes n'auront plus rien pour finir leurs vieux jours, la réalité du chômage existe-t-elle seulement ?
Pour cette soit-disant militante de gauche, de "père socialiste et grand-père SFIO", le concept de solidarité n'a plus d'autre signification que la charité (qui se mérite, même si on vous a mis sur le carreau) et surtout l'individualisation des problèmes (s'ils sont dans la merde, c'est de leur faute) !
Elle ne sait pas que le RMI est une aumône qui ne remplace nullement l'emploi véritable et digne de ce nom qu'on refuse aux chômeurs de longue durée. Que sait-elle du parcours de ces gens qui se sont retrouvés, petit à petit, dans la misère complète ? Et si elle estime que les RMIstes doivent mériter leur aumône en acceptant des sous-emplois qui ne les sortiront pas de la galère, elle est encore plus crétine : elle fait partie de ces ignares qu'on interroge dans les sondages et qui estiment que ce qui n'est pas bon pour moi l'est suffisamment pour les autres.
Dommage Eliane...
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