Le nombre de chômeurs de catégorie 1 - qui sert de baromètre officiel en France mais ne concerne que les personnes immédiatement disponibles, à la recherche d'un CDI à temps plein et ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois, soit 57% des inscrits à l'ANPE - a augmenté de 400 individus en octobre, portant son total à 2.129.700 demandeurs d'emploi… de façade. Même Eric Heyer, économiste à l'OFCE, ironise : "Si la croissance du trimestre dernier explique vraiment un mois plus tard les chiffres du chômage, cela veut dire que le marché du travail est très flexible". Il ne croit pas si bien dire : actuellement, plus de 70% des offres sont dans le champ de la précarité.
De février 2005 à octobre 2006, le nombre de chômeurs de catégorie 1 a diminué de 344.300 tandis que la création nette d'emploi ne dépassait pas 190.000 postes : cherchez l'erreur.
Pour le ministre de l'Emploi Jean-Louis Borloo, grand escamoteur de privés d'emploi, cette pause n'empêche pas qu’"on reste sur un rythme normal" de baisse du chômage. Effectivement, grâce à son astucieuse CRP (convention de reclassement personnalisée), aujourd'hui 25% des salariés licenciés pour motif économique resteront pendant huit mois… en catégorie 5. Entre juin 2005 et août 2006, le dispositif CRP a recueilli 73.232 adhésions, et ils sont plus de 5.000 par mois à la signer. Autre astuce inventée par le ministre : le CTP (contrat de transition professionnelle), nouvelle version de la CRP basée sur le même principe : ses signataires échappent à la catégorie 1 et deviennent des "stagiaires de la formation professionnelle", moyennant des conditions plus ou moins avantageuses. Pour vous faire douter du bien fondé de cette manipulation, sachez que la semaine dernière le CTP a été scandaleusement imposé aux salariés des Ateliers Thomé-Génot en échange de leur prime de licenciement...
Egalement, grâce à ses contrats aidés, Jean-Louis Borloo a inventé un moyen de faire baisser les chiffres en exploitant les chômeurs de longue durée : des sous-emplois à temps partiel rémunérés au Smic et subventionnés par l'Etat, d'une durée moyenne de 11 mois. Au dernier recensement, on comptait 212.000 CIVIS (Contrat d’insertion dans la vie active), 47.000 contrats d’avenir et 166.000 contrats d’accompagnement dans l’emploi (CAE), auxquels on peut rajouter les 40.000 Emplois vie scolaire (EVS) recrutés cet été à l'Education nationale. Soit près de 500.000 personnes momentanément occupées, le temps d'un petit boulot jetable.
Autre chiffre catastrophique dont personne ne pipe mot : le cas des DRE, ces chômeurs de plus de 55 ans exclus du marché du travail parce que trop vieux, dispensés de recherche d'emploi : à fin septembre, ils étaient 411.840 à ne plus figurer dans aucune catégorie.
Le cas des RMIstes est, lui aussi, très révélateur... Ils sont actuellement 1,26 million et 63% d'entre eux ne sont pas inscrits à l'ANPE : ainsi environ 790.000 têtes échappent au comptage.
Ça en fait du monde qui alimente un chômage si soigneusement caché !
A lire : Notre DOSSIER complet sur la baisse du chômage…
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