
L'idée du paresseux qui tombe de sa branche est celle d'un "créatif", certainement inspiré par la vulgate qui circule sur la fainéantise légendaire des demandeurs d'emploi. Le pubeux qui l'a pondue fait déjà preuve de grande paresse intellectuelle et le symbole imaginé, plus qu'ambigu, semble limite insultant. Pire que le magazine «Le Point», qui a l'habitude de ce genre de calomnie, c'est l'ANPE elle-même qui se charge de faire passer le message.
Interrogé par «Le Canard» sur cette merveilleuse trouvaille, un "dirigeant de l’agence TBWA" avance, "gêné", que cet "argument" est du second degré : «Il s’agissait», en réalité, «de "tordre le cou aux caricatures" et de montrer que les chômeurs ne sont "(pas) paresseux"»... Quelle subtilité !
Et dans le cas où il s'agissait de faire de l'auto-dérision, il est difficile d'imaginer que les conseillers ANPE apprécient...
De l'argent public pour du vent
Le prix de cette campagne équivaut à plus de deux mille mensualités d'ASS (allocation spécifique de solidarité - 14,25 € par jour) dont on sait que les bénéficiaires représentent 17% des chômeurs sanctionnés depuis la réforme du contrôle des demandeurs d'emploi entrée en vigueur le 2 août 2005. Par exemple, pour 3.800 sanctions graduées à - 20% pendant deux mois (la punition "minimale") sur cette population particulièrement fragile, l'économie réalisée par l'Unedic est déjà d'environ 650.000 €…
Notons qu'outre les 900.000 € que coûte cette fantaisie marketing à l'ANPE, l'Etat a également lancé sa petite campagne de communication sur l'emploi des seniors, elle aussi particulièrement navrante (des "quinquas" qui sont censés courir un marathon aussi vite que les autres ou faire l'amour aussi longtemps… mais dont le gâchis de compétences professionnelles est totalement éludé) pour un coût de 5 millions d'euros sur deux ans. Du vent, rien que du vent !
De la paresse générale
Ainsi, pour "sensibiliser" les entreprises, en peu de temps ce sont 6 millions d'euros que les contribuables ont offert bien malgré eux à des pubards branleurs et stupides alors que, concrètement, la formation aux demandeurs d'emploi reste désespérément inaccessible et que la moyenne mensuelle des allocations-chômage avoisine les 800 €. Les employeurs continueront à discriminer, et M. et Mme Michu à croire que les chômeurs sont des parasites de la société.
Mais on se demande qui sont les plus paresseux quand on lorgne vers tous ces décideurs qui imaginent régler les problèmes de fond à grands coûts de communication. Car, voyez-vous, c'est "branché", ça évite de faire preuve de courage politique et, en plus, c'est payé par la collectivité !
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Commentaires
Samedi soir, le seul élément retenu (mis en avant) de la manifestation parisienne des chômeurs & précaires par les journaux télévisés était… leur revendication d'une prime de Noël à 500 €.
… Vous vous rendez-compte ? Ces fainéants de chômeurs, ils ont déjà une prime de Noël, et en plus ils veulent 500 € ???
Voilà ce que vont retenir M. et Mme Michu devant leur poste de télé, alors que cette prime n'est versée qu'aux minima sociaux (RMI et ASS, 400 € par mois pour vivre) et certainement pas à tous les chômeurs.
Alors que les associations - AC!, APEIS, MNCP - avaient appelé à cette manifestation nationale pour tenter de peser sur les candidats à l'élection présidentielle afin qu'ils fassent de la lutte contre le chômage et la précarité leur priorité. Autre revendication de taille, celle de la représentativit é des demandeurs d'emploi dans les instances qui décident de leur sort : le droit de siéger à l'Unedic, tout comme les organisations syndicales et patronales.
Mais la paresse intellectuelle, qui utilise la désinformation en guise de propagande, n'a pas failli dans le petit écran.
Oui, on se demande qui sont les vrais paresseux. Répondre | Répondre avec citation |
Ensuite le budget de l'anpe n'a jamais servi à financer l'ass. Mais où je vous trouve hypcrite c'est sur cette comparaison: 900000 euro pour une campagne de pub visant à attirer plus d'entreprise vers l'anpe c'est 2000 demandeurs d'emplis indemnisé en ass… Vous ne reprochez pas à Manpower ou Adia de faire leur pub… Pourtant l'anpe et ces agences sont sur le même gateau… L'agence n'aurait pas le droit d'utiliser les mêmes armes alors ? Elle n'aurait pas le droit (d'essayer) d'attirer à elle des employeurs par de la com ? Et pourquoi pas cette comparaison stupide avec le budget sur la recherche des armes nucléaires ;-) ou le budget petits fours des différents ministère français…
Je suis désolé, mais je ne vois rien de choquant dans la pub de l'anpe, elle est malheureusement sur un marché concurentiel. Si elle veut garder ses parts de marchés en terme d'offre d'emploi à proposer aux demandeurs, elle va être de plus en plus obligée d'utiliser des moyens de communication moderne. Que cela vous plaise ou non. Et malheureusement cela a un coup :-(
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• La publicité est une "arme" stupide et dérisoire : ce sont des millions d'euros dépensés pour du vent au lieu d'être consacrés à des dépenses efficaces et concrètes.
Mes anciens employeurs consacraient des millions à faire des publicités mensongères sur leurs produits et ne songeaient pas à améliorer nos conditions de travail ni nos salaires. De plus, les retombées commerciales de ces pubs étaient souvent inférieures au coût de ces campagnes.
• Que Manpower ou Adia fassent de la pub, c'est de LEUR argent qu'il s'agit alors que dans le cas de l'ANPE, il s'agit d'argent public. L'ANPE est financée par l'Etat (contribuables) et par l'Unedic (cotisations salariales). Cet argent doit servir au service public de l'emploi et aux chômeurs, non aux agences de pub !
Quant à cette guéguerre économique que vous évoquez à grands coups de parts de marché à conquérir à grand coût de pognon, il s'agit d'une bataille de fric et non de compétences.
Tout cela est aussi absurde qu'indécent, que ce soit pour les demandeurs d'emploi - qui sont devenus prétexte à de juteux bénéfices - comme pour les conseillers ANPE dont les difficultés à mener à bien leur travail sont réelles, ensemble victimes de calomnies (paresse, incompétence). Répondre | Répondre avec citation |
Que Manpower ou adia fasse de la pub, c'est un fait. Que c'est leur argent je suis d'accord. Mais je suis désolé; que l'anpe qui est un établissement public , les agences d'interim, les maisons de l'emploi, etc travaillent sur le même gateau… Celui du marché de l'emploi. Et cela ne me choque pas qu'un etablissement public utilise l'argent que lui a confié le legislateur pour faire connaitre ses services. Parce que l'ANPE est une entreprise de service qui est en conccurence avec d'autres entreprises. Que cela vous plaise ou pas c'est une réalité que je vis tous les jours…
Je ne me suis pas sentis choqué par cette publicité. J'ai lu pire sur vos forums concernant le métier que j'exerce. Dois je en déduire que l'on doit fermer Actuchomage parce qu'il s'attaque au service public de l'emploi ? Répondre | Répondre avec citation |
Drôles de mots pour exprimer ce que nos lecteurs vivent : un même gâteau qui semble bien lucratif, finalement, pour susciter une telle "concurrence" et qu'on se batte pour en avoir une part.
Bien lucratif pour certains, mais pas pour les chômeurs. Car le fameux "marché de l'emploi" n'a pas grand'chose de lucratif à leur proposer, on dirait, à part 75% d'emploi précaires et au Smic. L'ANPE n'a pas grand'chose à leur proposer non plus, à part de l'occupationnel et du contrôle. Dépenser 900.000 € pour se faire connaître auprès d'entreprises qui n'ont pas l'intention de créer des emplois dignes de ce nom, c'est assez débile.
Vous admettez cette réalité : elle ne vous choque pas ?
Acceptez-vous toujours les choses sans réfléchir ni sourciller ? Répondre | Répondre avec citation |
Tout s'achète et tout se vend.
Pour cela, on va donc faire du vent.
C'est le règne de l'euphémisme ("sans domicile fixe" au lieu de clochard ou miséreux…), de l'abréviation ("DE" au lieu de chômeur désespéré…), du novlangue (en coulisses, "gestion de stock" pour parler des demandeurs d'emploi dans le "portefeuille" du conseiller ANPE, mais qui sont des "clients" quand on les a en face…), et de la métaphore branchée (le paresseux ci-dessus !) qui entretiennent dans nos cerveaux une vision simpliste et superficielle de la réalité, quasi inhumaine.
Le "gâteau" dont parle Antoine n'a plus de goût : il est même amer pour beaucoup.
La pub, outil marketing par excellence, est devenue la seule alternative pour se faire connaître ou soigner son image : ainsi, EDF a dépensé des millions alors qu'elle avait le monopole de l'électricité en France. Ainsi, des entreprises compétentes et pleines de talent n'ont jamais pu percer parce qu'elles ne pouvaient bénéficier que du bouche à oreille.
La publicité (ou la "communication", c'est plus moderne) est non seulement source d'artifices mais aussi d'injustices, car c'est celui qui a le plus de fric à dépenser pour se faire connaître qui va raffler des "parts de marché" - même s'il est un arnaqueur ou un nul - au détriment des plus valeureux et honnêtes, insuffisamment argentés. Que ce soit du commerce ou de la politique, c'est pareil : l'argent est roi, l'argent permet de justifier l'absence de qualités et le mensonge.
Antoine, êtes-vous d'accord avec ce fonctionnement-là ?
Et ne me répondez pas qu'on ne peut pas faire autrement ou qu'il n'y a rien à faire : vous me décevriez. Répondre | Répondre avec citation |
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L’avenir est à l’esclavage moderne.
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" L’ANPE écrase les salaires !"
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Ne pensez plus à la Chine, nous délocalisons sur place !"
C'est de la pub' (parmi d'autres) trouvée sur le site d'AC ! (www.ac.eu.org) sous le titre "Aidons l'ANPE à dilapider 300 000 euros".
Quand AC ! aide l'ANPE ! Répondre | Répondre avec citation |
La même pub en version animée ici : http://servicesentreprises.anpe.info/
Pas de doute, il s'agit bien d’"auto-dérision"…
Face à la pénurie d'emplois, si ce ne sont pas les chômeurs qui sont accusés d'être responsables de leur situation, c'est le personnel de l'ANPE qui est soupçonné d'incompétence.
Conseillers ANPE et chômeurs : mêmes calomnies, même combat. Répondre | Répondre avec citation |