Les bons chiffres du chômage sont-ils... les bons ? Vendredi, l'office statistique européen Eurostat a corrigé à la hausse les chiffres du chômage depuis mai 2006 de 0,4 à 0,5 point, et notamment ceux de février, publiés jeudi par l'INSEE : Eurostat évalue à 8,8% le taux de chômage sur ce mois précis contre 8,4% annoncé par l'Insee. Le taux de chômage de janvier est redressé à 8,9% contre 8,4% dans la précédente estimation d'Eurostat.
En se basant sur les enquêtes sur l'emploi de l'INSEE pour les troisième et quatrième trimestres 2006, l'office statistique a relevé le taux de chômage moyen sur l'ensemble de l'année 2006 en France à 9,4% contre 9,0% selon l'estimation précédente. Evoquant des problèmes de fiabilité, l'INSEE avait choisi de différer à l'automne prochain la publication de l'enquête emploi du troisième trimestre 2006, qu'elle publie normalement en mars. Cette décision de l'INSEE alimente une vive polémique depuis plusieurs semaines : l'opposition, les syndicats et des associations estiment qu'elle revêt un caractère politique, à quelques semaines de l'élection présidentielle.
"De plus en plus artificiels"
Eurostat a justifié sa décision d'utiliser les enquêtes emploi que l'INSEE lui a fournies, malgré les réserves apportées par l'institut français. "L'enquête est utilisable et elle présente plus de fiabilité" que les chiffres fournis par les "sources administratives", c'est-à-dire les services de l'emploi de l'ANPE, explique Eurostat. "C'est vrai, l'enquête présente quelques problèmes de qualité, mais il s'agit plus de problèmes structurels de méthodologie, qui ne sont pas liés à un trimestre particulier. L'Insee avait déjà formulé de telles réserves dans le passé", a précisé Eurostat.
La question du chômage est en tête des préoccupations des Français et constitue donc un enjeu majeur de l'élection présidentielle. Le gouvernement se targue d'être parvenu à faire baisser le chômage de manière significative depuis mars 2005. Jeudi, le ministère de l'Emploi s'était ainsi félicité d'atteindre en février "le plus faible taux de chômage depuis 24 ans", ce qui est partiellement contredit par les nouveaux chiffres d'Eurostat.
Mais l'opposition et des responsables syndicaux avaient aussi réagi en dénonçant des chiffres faussés. Ainsi Bernard Thibault (CGT) avait estimé que les chiffres du chômage étaient "de plus en plus artificiels" et "farfelus". Jean-Claude Mailly (FO) jugeait lui qu'il fallait "revoir la méthode statistique" pour calculer le chômage. Le candidat UDF François Bayrou avait, lui, condamné l'existence de "graves différences entre les chiffres officiels et les chiffres réels du chômage".
(Source : TF1/LCI)
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