Le corps très amaigri du jeune homme a été trouvé samedi dans l'appartement qu'il partageait avec sa mère, elle aussi sans emploi. Âgée de 48 ans et fortement affaiblie, elle a expliqué aux enquêteurs qu’ils n’avaient pas d’argent pour s’acheter à manger. À partir d’octobre 2006, les administrations leur avaient coupé progressivement les vivres après plusieurs manquements de rendez-vous de la part du fils pour des propositions d’emploi. Dans le même mois, le jeune homme aurait dû passer un examen psychologique afin d'évaluer son aptitude au travail : comme il n’avait pas réagi à la convocation, son allocation de chômage a commencé à baisser.
"C’est la procédure", a affirmé le responsable de l’agence pour l'emploi qui suivait le jeune homme dans le cadre du Plan Hartz 4. La famille n’a pas réagi à la suppression des allocations. "La loi n’oblige pas l’administration à intervenir dans un tel cas. Nous n’aurions rien pu faire", a-t-il continué en précisant qu'il ne reproche rien à ses collaborateurs.
Lors de sa première audition, la mère a décrit son fils comme apathique et dépressif. La raison pour laquelle cette femme, qui présente aussi des symptômes sévères de carences alimentaires, n’a pas appelé à l’aide n’a pas encore été élucidée. Le maire de Speyer confirmait qu’il n’avait pas eu de sollicitation de la part de la famille. D’après la police, la mère et son fils vivaient de façon très isolée dans une maison sans autres locataires : tous les autres appartements étaient inhabités.
L'autopsie du jeune homme a révélé qu'il devait avoir trouvé la mort dans la nuit du mercredi au jeudi 19 avril. Sa mère avait finalement contacté une connaissance, qui a alerté la police. La femme est actuellement soignée à l’hôpital. Après sa convalescence, on lui proposerait un nouvel appartement et elle pourrait à nouveau percevoir son allocation, a affirmé le responsable de l’agence pour l’emploi. Avant cette sanction, mère et fils vivaient avec 621 € par mois et touchaient une aide au logement.
L’hebdomadaire Stern rappelle que l’Allemagne a eu ses derniers chômeurs mort de faim dans les années 30 lors de la grande crise économique, et quelques victimes juste après la fin de la deuxième guerre mondiale.
Le vrai scandale réside dans le fait que le jeune homme, qui présentait un handicap mental l’ayant obligé à suivre sa scolarité dans un établissement spécialisé, recevait encore en 2004 la Sozialhilfe (équivalent allemand du RMI) et était suivi activement par les services sociaux. En 2005, dans le cadre du Plan Hartz, la Sozialhilfe et l’ALG (allocation de chômage) ont été unifiées et administrées par les services de la Bundesagentur für Arbeit (ANPE/Assedic allemandes, là-bas fusionnées). Les obligations des allocataires ont alors augmenté de façon significative. Si le jeune homme avait pu rester dans le dispositif antérieur, il aurait bénéficié de visites à domicile en cas de difficultés. Mais avec Hartz 4, toutes les actions se font sur un bureau et par courrier. Les seuls visiteurs que les "Hartzi" peuvent recevoir sont des contrôleurs sociaux pour détecter les "profiteurs". C’en est fini de l'aide sociale personnalisée.
Pour le jeune homme, Hartz 4 était seulement une série de courriers – jusqu’à sa mort.
Stephan M. / Les dessous de l'Allemagne
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