De quoi relancer la polémique alors que l'Unedic expérimente cet accompagnement par des opérateurs privés (Ingeus, Adecco, Altedia, BPI, Etap'Carrières…) depuis un an, et que ce projet est vivement contesté par certains syndicats et par l'ANPE elle-même, son directeur Christian Charpy l'ayant jugé infondé et déloyal.
L'auteur de l'étude, l'économiste Nathalie Georges, a passé en revue six expériences plus ou moins poussées d'accompagnement des demandeurs d'emploi par le privé menées dès 1998 en Australie, dans les années 2000 aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Allemagne et au Danemark, puis en France. Expériences dictées au départ par "une croyance commune en l'efficience du recours au marché" et encouragées par l'OCDE et la Commission européenne.
L'Australie a été le premier pays à privatiser massivement son marché de l'accompagnement des chômeurs avec la suppression du service public de l'emploi et son remplacement par l'agence Centrelink, qui se borne à indemniser et orienter les demandeurs d'emploi vers les diverses sociétés privées. En Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, les prestataires privés ont également pris une place prépondérante. Dans les autres pays, en revanche, ils ne sont que des agents auxquels le service public peut éventuellement recourir, notamment en France et en Allemagne où ce recours reste accessoire. Selon Nathalie Georges, "le principal avantage des réformes d'externalisation est sans doute d'avoir poussé les services publics de l'emploi à se remettre en question, à s'auto-évaluer et à se réformer afin d'être plus efficace. (...) En terme d'efficacité, les résultats sont en revanche plus contrastés".
Des résultats médiocres. "Si les opérateurs privés semblent parfois permettre d'accélérer le retour à l'emploi des chômeurs qui leur sont confiés, l'ouverture du marché n'a en moyenne pas accru sensiblement les taux de retour à l'emploi, en tous cas pas pour les catégories de chômeurs les plus en difficulté", estime-t-elle. En Allemagne, la première évaluation "conclut même à une détérioration des chances de retour à l'emploi pour les chômeurs au sein du nouveau système mis en place". Et "si l'Australie se targue d'avoir économisé 58,9% de son budget affecté aux programmes d'activation du marché du travail entre 1995 et 2002, les Pays-Bas dépensent eux davantage depuis qu'ils ont recours aux opérateurs privés".
En France, des prestataires privés s'occupent déjà depuis une dizaine d'années du reclassement des salariés licenciés économiques et assurent aussi de nombreuses prestations (bilans de compétence, formations, etc…) pour le compte de l'ANPE. Un cran supplémentaire a été franchi avec la loi Borloo de 2005 qui a entériné la fin du monopole de l'Agence. L'assurance-chômage a alors pris l'initiative de financer des expérimentations de reclassement par le privé, amplifiées depuis, sur la base de résultats contestés.
Cette étude tombe à pic car demain, le bureau de l'Unedic doit faire le point sur l'état d'avancement de ce programme alors que sa fusion avec l'ANPE reste l'une des priorités du gouvernement. Mais de toutes manières, qu'on se le dise : tant que le chômage de masse et le sous-emploi séviront ici et ailleurs, le suivi et le placement des chômeurs ne seront que pansements sur une jambe de bois !
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