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La tâche promet d'être difficile : le Medef souhaite modifier les règles du licenciement pour aller vers une "séparation à l'amiable" tandis que les syndicats de salariés veulent créer un socle permanent de droits - formation, indemnisation du chômage, complémentaire santé… -. Les enjeux sont considérables. Une affaire à suivre de très près (lire en commentaires)...
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Commentaires
Cette rencontre avait pour objectif de clore huit mois de "délibération sociale" et de discuter d'un calendrier de négociations. Initiée en octobre dernier par la présidente du MEDEF Laurence Parisot, la "délibération sociale" se veut "un parcours de confrontation, d'échanges, de diagnostic, d'examen, pour voir ensuite si les conditions pour des négociations sont réunies". Après huit mois et 21 réunions de groupes de travail, les partenaires sociaux ont décidé que les conditions "étaient réunies" sur ces trois dossiers majeurs.
La première réunion se tiendra donc le 4 juillet prochain. Les syndicats et le patronat ont également décidé d'ouvrir des discussions sur la représentativit é syndicale d'ici la fin de l'année, sans toutefois qu'une date de première rencontre soit encore fixée.
Selon les syndicats, la négociation la plus difficile devrait être celle sur les contrats de travail, le patronat souhaitant notamment qu'ils soient plus souples, par exemple en matière de licenciement. Laurence Parisot préfère d'ailleurs plutôt parler de "séparabilité", donnant en exemple la procédure de divorce à l'amiable… Répondre | Répondre avec citation |
"Embaucher est devenu un risque pour beaucoup de chefs d'entreprise", explique Laurence Parisot. "Car en cas de difficultés, la séparation coûte très cher en temps et en argent car cela se termine trop souvent devant les Prud'hommes. Ce risque est si lourd que l'employeur contient souvent son désir d'embaucher".
Pour la présidente du Medef, "c'est ce problème-là qu'il faut que nous arrivions à debloquer avec les organisations syndicales. Plus de facilité pour licencier une personne, c'est en même temps beaucoup plus de facilités pour embaucher réellement cinq, dix ou quinze personnes. C'est difficile à comprendre, mais c'est la donnée clé de l'emploi", ajoute-t-elle.
Le "risque mortel" doit-il être désormais exclusivement supporté par les salariés ? Espérons que les négociations sur la réforme de l'assurance-chômage consisteront à réduire la précarité que le patronat veut ériger en modèle économique. Répondre | Répondre avec citation |
Sans financement de grande ampleur de l'assurance-chômage, la réforme annoncée du contrat de travail unique risque d'être partielle et inefficace.
Réformer le marché du travail est la mère des batailles de ce quinquennat ; la plupart des maux qui rongent notre économie découlent du fort chômage et du sous-emploi. On connaît le diagnostic : la France a l'un des droits du travail les plus rigides de la zone OCDE, ce qui décourage l'embauche, maintient un taux de chômage élevé et bride l'innovation. En outre, notre marché du travail est dual, entre employés en CDI très protégés et travailleurs précaires.
On connaît aussi la solution, elle vient d'Europe du Nord avec cette intuition géniale : remplacer l'illusoire protection des emplois par une protection des employés avec une forte assurance chômage. C'est le triptyque de la flexisécurité à la danoise :
1) libéralisation complète des conditions d'embauche et de licenciement, avec un contrat unique de travail
2) forte assurance chômage qui compense le désagrément des (courts) passages par la case chômage, avec 90% du dernier salaire (plafonné à 1.900 €)
3) politiques d'accompagnement vers l'emploi, avec arrêt des allocations après le 2e ou 3e refus de prendre un travail proposé.
Cette flexisécurité est à l'opposé de ce qu'écrivait Jacques Rueff en 1931 dans son célèbre article «L'Assurance chômage, cause du chômage permanent» : au contraire, l'allocation chômage doit être comprise comme une assurance nécessaire pour que le processus schumpetérien de destruction créatrice sur le marché du travail soit accepté.
Nicolas Sarkozy a deux options devant lui. 1ère option : il joue petit braquet et réforme le Code du travail à la marge afin d'obtenir un CDI moins contraignant, mais sans le libéraliser complètement - afin de ne pas s'aliéner les syndicats. Et pour réduire les déficits publics, il ne change pas l'indemnisation du chômage. Il en résulterait à moyen terme une petite baisse du taux de chômage, mais ce serait une belle occasion manquée de modeler le marché du travail français à l'image des pays les plus performants. 2ème option : il embrasse une réelle stratégie de flexisécurité à la danoise. Les créations d'emplois et la croissance seront au rendez-vous, mais à quel prix pour les finances publiques ?
Avec Charles Wyplosz j'ai, dans notre récent livre «La Fin des privilèges, payer pour réformer», estimé le coût de l'assurance d'une flexisécurité à la danoise en France. Nous supposons que les chômeurs seraient indemnisés à hauteur de 90% de leur dernier salaire (plafonné au salaire médian) ou à défaut 90% du SMIC (contre 73% aujourd'hui). Cette assurance-chômage généreuse serait offerte à la fois aux actuels 2 millions de chômeurs mais aussi aux autres demandeurs d'emploi non indemnisés (1,8 million de personnes).
Avec des hypothèses prudentes, nous trouvons un coût élevé pour l'UNEDIC en première année (3,2% au lieu de 1,5% du PIB), ce qui est normal au vu du nombre de chômeurs à indemniser. Mais ce coût décroîtrait rapidement avec la libéralisation du marché du travail (moindres dépenses d'assurance-chômage et cotisations supplémentaires ). Le surcoût cumulé total sur les 5 premières années d'une telle flexisécurité serait de 115 milliards d'euros soit 6,3% du PIB (mais au-delà de 5 ans, le coût cumulé diminuerait avec le retour au plein emploi).
Avec une dette publique à 65% du PIB est-ce raisonnable ? Non, si on lit le traité de Maastricht de manière étroite. OUI, si l'on se dit que c'est le prix global pour remettre la France au travail et résoudre définitivement le problème du fort chômage structurel.
Sommes-nous prêts à emprunter et à dépenser 6,3% du PIB sur 5 ans en échange d'un marché du travail qui enfin fonctionnerait et qui permettrait à la France de gagner 0,5 ou 1 point de croissance ? A cette question, il est probable que les Français diraient oui à une large majorité, tant la lancinante question du chômage mine la société française. Et, cette dette serait remboursée à terme par les gains de croissance liés à la flexisécurité. Répondre | Répondre avec citation |