N.O. - De quoi souffre aujourd'hui le PS ?
Manuel Valls - Si les Français n'ont pas voté pour nous, ce n'est pas la faute du peuple. C'est parce que nous n'avons pas su créer les conditions d'un rassemblement majoritaire autour de nos idées. Nous ne sommes plus attractifs parce que nous vivons une fin de cycle dans un grand désordre intellectuel. Nous avons un problème d'identité. Nous ne parvenons pas, au-delà du rappel de nos valeurs comme l'égalité ou la justice sociale qui restent fondamentalement contemporaines, à définir un projet qui fasse sens et soit adapté aux aspirations de la société. La critique portée par l'électorat populaire mais aussi par les classes moyennes sur l'assistanat a montré que nous devions repenser le concept de solidarité. Idem sur les services publics, le statut des agents ou la réforme de l'Etat, par exemple. Nous ne convainquons plus les salariés du privé qui ont préféré le slogan «travailler plus pour gagner plus» à notre promesse concrète d'augmenter le Smic à 1.500 €. Le chantier est immense : nous devons inventer un projet dans lequel l'individu trouve toute sa place sans renoncer au collectif. Si nous voulons vraiment construire un grand parti de toute la gauche, moderne et populaire, il faudra aller au bout et ne rien s'interdire. Y compris s'interroger sur le nom du parti, tant le terme même de «socialisme» doit être réévalué, compte tenu des transformations de la société.
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Il est temps que les déçus du PS - cette droite de la gauche, véritable nid de bourgeois qui, en réalité, méprisent les pauvres et dont certains s'affichent désormais avec Nicolas Sarkozy - lui tournent enfin le dos et osent fonder une nouvelle force de la vraie gauche sociale, loin du sectarisme trotskyste et des archaïsmes du PCF, pour peser à nouveau dans le paysage politique. Les courants antilibéraux, écologistes et altermondialistes ont cinq ans pour se ressaisir et offrir une alternative solide à l'électorat populaire déboussolé et trompé : nous les attendons au tournant. S.H.
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