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Explosion de l'intérim. Ces données sont donc définitives, et encore "meilleures" que l'estimation provisoire de mars arrêtée à 204.400 nouveaux postes. Pourtant, le mois dernier, l'Unedic avouait que l'emploi intérimaire représentait 42% des emplois nouvellement créés au premier trimestre 2007. Et l'ACOSS (l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale, qui fédère les URSSAF) notait à cette occasion que la progression actuelle des effectifs salariés demeure beaucoup plus modeste qu'à la fin des années 1990 et que, depuis 1997, l'emploi intérimaire a connu un «développement sans précédent» de plus de 80%...
Retournement conjoncturel. Puisque l'Unedic compare 2006 à 2001, elle oublie soigneusement de dire que ce fut la dernière année où le solde de créations nettes resta honorable, car les années suivantes furent tragiques pour l'emploi et des milliers de postes ont été détruits. D'ailleurs, cette période noire est aujourd'hui pudiquement qualifiée de "retournement conjoncturel", un accident de parcours qui a laissé durablement des milliers de chômeurs sur le carreau. Bien sûr, l'UMP est restée très discrète sur le bilan catastrophique de sa dernière législature en matière de création d'emplois.
Des chiffres tronqués. Lorsqu'elle se félicite d'un emploi féminin «plus vigoureux», l'Unedic ne précise pas en quoi cette progression consiste alors qu'on sait que, si elles sont plus nombreuses qu'il y a vingt ans sur le marché du travail, les femmes sont les principales victimes du sous-emploi et du temps partiel subi. De même l'Unedic est incapable, en dehors de l'intérim, de préciser quels types d'emplois ont été créés (CDD, CNE ou CDI ?) ni leur durée (temps plein ou temps partiel ?) alors que ces informations sont essentielles pour mesurer l'évolution de l'emploi en France.
Par l'annonce de données purement quantitatives qui éludent volontairement toute pondération qualitative, l'Unedic participe donc bien à la désinformation économique gouvernementale. C'est les vacances et tout baigne : dans l'esprit de l'opinion, les chômeurs restent des fraudeurs alors que les sanctions - qui ont aussi triplé en 2006 et ne sont pas forcément "plus justes" - ne concernent que 2% d'entre eux, et le chômage continue soi-disant de baisser alors qu'en vérité c'est l'emploi qui continue de se dégrader.
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Le rapport constate une "reprise de l'emploi amorcée à partir de l'été 2003 et amplifiée depuis 2006" avec une baisse du nombre de chômeurs "dans des proportions qui n'avaient plus été observées depuis le précédent pic conjoncturel de 2000". Cependant, la France connaît un taux d'emploi (part de la population active ayant un emploi) qui stagne à 63% depuis 2001, alors qu'il progresse régulièrement dans l'Union européenne où il ressort à 66,2% de la population âgée de 15 à 64 ans, contre 64% en 2001.
5% du PIB. En outre, relève Rexecode, "alors que le taux de chômage reste élevé", on voit quand même réapparaître des tensions en matière de besoin de main d'œuvre et des difficultés à faire correspondre l'offre et la demande d'emploi.
Le "faible taux d'emploi en France est d'autant plus préoccupant que l'effort de dépenses publiques pour l'emploi est l'un des plus élevés d'Europe", affirme l'institut d'analyse économique. Cet effort représente "un peu moins de 5% du Produit intérieur brut (PIB) si l'on inclut les exonérations de cotisations sociales toujours plus nombreuses consenties depuis 1993, contre 3,2% du PIB en 1982", selon Rexecode.
Manque de cohérence. Paradoxalement, c'est resté "sans résultat apparent sur le chômage", estime Rexecode qui s'en prend notamment à la Prime pour l'emploi, "peu incitative à la reprise d'activité". "Les pouvoirs publics se sont montrés "très imaginatifs" et "les changements ont été incessants depuis 30 ans" en matière de politique de l'emploi, poursuit Rexecode, qui critique l'absence de ligne directrice, "même implicite".
De son côté, l'Unedic a publié jeudi un communiqué selon lequel l'emploi salarié a progressé de 1,5% en 2006, une croissance "au plus haut" depuis 2001. Les effectifs salariés ont augmenté de 239.600 personnes de fin décembre 2005 à fin décembre 2006.
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
Selon une note du ministère de l'Emploi du 10 août, au premier trimestre 2007, l'emploi dans l'ensemble de l'économie a enregistré une croissance estimée à +158.000 postes. Cette performance, juste avant la présidentielle, tient d'abord à la "forte progression de l'emploi salarié marchand" (+108.000 postes) grâce notamment à un rebond sans précédent depuis sept ans de l'intérim (+60.000 postes), souligne la Direction recherche et statistiques du ministère (DARES).
Mais elle tient aussi au nombre de bénéficiaires de contrats aidés qui a "fortement augmenté", selon la même source. Fin mars, 578.000 personnes, dont 401.000 apprentis, avaient un emploi aidé dans le cadre de la formation en alternance (+21.000). Et 317.000 étaient salariés dans le cadre d'un contrat aidé du secteur non marchand (+27.000).
Ces contrats, appelés Contrat d'accompagnement dans l'emploi (CAE) ou Contrat d'avenir (CAV), permettent à une commune, une association, une école, une maison de retraite, d'embaucher un chômeur à temps partiel. Le salaire de ces contrats aidés est pris en charge à 75% voire 90% par l'Etat, l'employeur largement exonéré de cotisations sociales. L'ANPE doit donner son accord. Le contrat ne dure souvent qu'une année scolaire.
La droite avait tourné le dos à ce type de contrats en supprimant les emplois-jeunes après l'élection de 2002, avant d'opérer un virage à 180 degrés en réponse à une conjoncture très dégradée en 2004-2005. Le Plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo a remis au goût du jour les contrats aidés, sous d'autres noms, pour des jeunes peu qualifiés ou des RMistes.
Un nouveau revirement est cependant à attendre. Le nombre de bénéficiaires du Contrat initiative emploi (CIE), principal contrat aidé du secteur marchand, fond à vu d'œil (137.000 au 1er trimestre 2007 contre plus de 200.000 un an auparavant), et le gouvernement envisage maintenant de lever le pied sur les contrats aidés du secteur non marchand. La ministre de l'Economie et de l'Emploi, Christine Lagarde, a estimé en juillet que ceux-ci n'étaient "pas la panacée" et évoqué un "ajustement".
Environ 400.000 entrées en contrats aidés étaient prévues cette année, dont 310.000 pour le secteur non marchand (associations, fondations…). Pour 2008, une réduction sensible des crédits est attendue et il n'y aurait plus que 300.000 contrats aidés, dont 230.000 non marchands, a indiqué le 25 juillet un haut responsable du ministère de l'Emploi devant la Commission des Finances de l'Assemblée nationale.
L'ajustement pourrait aussi arriver plus vite et plus nettement, faute d'argent dans les caisses. Il manque un milliard d'euros au budget 2007 de la mission Emploi et Travail, qui chapeaute les contrats aidés, selon le même haut responsable.
Il sera toutefois difficile de tailler dans ces contrats sans entrer en contradiction avec la Cour des Comptes. L'institution s'est indignée en février de l'inconstance des dispositifs de la politique de l'emploi qui s'empilent, changent et disparaissent tellement vite que les bénéficiaires, les prescripteurs et les employeurs ne savent plus à quoi ils ont droit. La Cour suggérait alors un "contrat unique d'insertion".
(Source : 20 Minutes) Répondre | Répondre avec citation |