Petite digression philosophique dans l'actualité sociale… Voici, au hasard d'une lecture, un extrait de la première partie de l'excellent roman d'Eric-Emmanuel Schmitt L'Évangile selon Pilate où Jésus de Nazareth, condamné à mort, livre ses confessions le soir de son arrestation.
«J'avais retourné les cartes du monde. Les hommes jouaient mal : pensant devoir gagner, ils abattaient les mauvais atouts. La force. Le pouvoir. L'argent. Moi, je n'aimais que les exclus de cette partie stupide, les inadaptés, ceux que le jeu rejetait : les pauvres, les doux, les affligés, les femmes, les persécutés. Les pauvres devinrent mes frères, mon idéal. Ils ne cherchent pas à se mettre à l'abri du besoin car se serait se mettre à l'abri d'eux-mêmes. Non, ils aiment tant la vie qu'ils lui font confiance, estimant qu'il y aura toujours un homme qui passera pour jeter une pièce ou un bout de pain. André, Syméon et moi, nous devînmes ainsi des errants qui recevaient des aumônes et distribuaient le surplus dans l'heure suivante. Car nous considérions que seule nous appartenait la part qui suffisait à nos besoins. Le reste était du luxe ; nous n'y avions aucun droit.»
S'il ne va pas à la messe tous les dimanches - car il est plutôt occupé à faire un jogging au milieu d'une nuée de journalistes -, Nicolas Sarkozy se revendique catholique. "Nous sommes les héritiers de deux mille ans de chrétienté", dit-il : "Le christianisme a vu naître notre nation. Il a participé aux plus grandes heures de son histoire, et aussi parfois à ses drames. Il a couvert notre territoire d'églises, de cathédrales, de monuments. Il nous a surtout légué un immense patrimoine de valeurs culturelles, morales, intellectuelles et spirituelles."
Des valeurs culturelles, morales, intellectuelles ou spirituelles du christianisme, Nicolas Sarkozy n'a rien retenu car c'est la force, le pouvoir et l'argent qui l'intéressent. Totalement décomplexé, il dénigre les plus pauvres et organise leur traque, son ivresse des grands sommets lors du dernier G8 n'a échappé à personne, son carnet d'adresse ne recense que les plus argentés et il n'a aucun scrupule à étaler son goût pour le luxe quand, enfin élu et certainement pas de Dieu, il se pavane au Fouquet's ou sur le yacht d'un richissime ami. Quand ils prennent aux pauvres par le biais de nouvelles mesures fiscales qui vont protéger les plus aisés, quand ils instaurent une précarité qui ôte le pain de la bouche aux jeunes et aux femmes, quand ils culpabilisent et sanctionnent ceux qu'ils privent d'emplois décents, quand ils fustigent ceux qu'ils mettent hors-jeu et font passer les doux pour des losers sans vertu, quand ils ferment les yeux sur ceux qui s'enrichissent en détruisant la planète, Nicolas Sarkozy et ses disciples - qu'ils soient de droite ou même… de gauche - n'ont vraiment rien de chrétien.
S.H.
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