Le dressage des uns contre les autres marche à merveille. Les demandeurs d'emploi sont coupables de ne pas trouver du travail, les malades et les bénéficiaires de la CMU sont des consommateurs de consultations médicales à outrance et se gavent de médicaments, ces profiteurs !
Il est heureux qu'un salarié de la CPAM traitant des dossiers de patients CMU soit intervenu à l'antenne pour expliquer que le nombre de consultations, un peu au-dessus de la moyenne pour cette population, se justifie tout d'abord par le fait que ces personnes ont dû renoncer pendant longtemps aux soins médicaux car elles ne pouvaient pas se les payer. Quand la CMU leur est accordée elles peuvent enfin aller se soigner, ce qu'elles font, rien de plus, rien de moins. Une fois dans le parcours de soins et les problèmes de santé résolus, ces patients se comportent comme n'importe quels autres. Merci pour cette intervention car toujours accuser le précaire d'être un profiteur, on en a plein les oreilles depuis quelque temps. On dirait que le précaire devient précaire juste par fourberie, ou pour le simple plaisir d'être précaire.
Le problème de celui qui a des revenus légèrement au-dessus du barème d'attribution de la CMU (606 € par mois pour une personne seule) et qui a néanmoins des revenus trop faibles pour pouvoir s'offrir une mutuelle n'est pas causé par celui qui peut obtenir la CMU ! Que veulent ces gens qui pestent contre ses bénéficiaires : qu'ils renoncent volontairement à un droit qui leur permet de se soigner ? Qu'ils payent 50 € alors qu'ils ont des ressources qui, sans franchise médicale, rendent déjà les fins de mois plus que difficiles ? Faut pas rêver. Même si la culpabilisation avance à grands pas, le masochisme n'est pas encore donné à tout le monde.
Ce qui est injuste dans la franchise médicale réside dans le fait que ce ne sont que les malades qui l'assument. Où est passé le principe de solidarité ? C'est comme si le demandeur d'emploi devrait payer pour son assurance-chômage quand il est au chômage, et les retraités payer pour leur retraite quand ils sont à la retraite !
On tente de présenter la franchise médicale comme une "participation" minime. Pour ne pas parler de 50 € par an, on parle de 50 centimes par ici, de 2 € par là, pour discréditer ceux qui expriment leur désaccord avec cette mesure. Oui, 50 centimes ce n'est pas beaucoup, mais oui aussi, le message symbolique de ce dispositif est fort et surtout fort injuste. Vous avez des revenus de 650 € par mois, donc vous n'avez pas droit à la CMU. Si vous êtes malade, votre franchise médicale peut atteindre 50 € par an. Vous avez des revenus de 2.500 € par mois et vous tombez malade. Votre franchise médicale peut atteindre 50 € par an. Alors, qui des deux aura fait le plus grand "effort" ? Cet exemple illustre bien l'état d'esprit de Nicolas Sarkozy : Ayez beaucoup de revenus, soyez des winners et vous payerez peu (cf le "paquet fiscal").
Tu ne trouves pas de travail ? Tu es responsable et on va te mener la vie dure. Tu es précaire ou pauvre ? Tu es un faible et il ne faut pas trop compter sur la solidarité. Voulons-nous un système à l'américaine où seul le patient financièrement aisé aura accès aux soins médicaux ? Nous n'en sommes pas là mais le premier pas est fait, et je n'ai pas l'impression que Nicolas Sarkozy soit quelqu'un qui s'y arrête. Restreindre le droit de grève dans les transports : voilà un pas. Le deuxième : la restriction de grève pour les enseignants. On s'est déclaré non-gréviste, alors on ne peut plus revenir sur sa déclaration - troisième pas. Nicolas Sarkozy pratique le footing. Pensons-y.
Stephan M.
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Commentaires
Le renoncement aux soins pour raisons financières touche encore de 11 à 14% des Français malgré la création de la CMU en 2000, dont les 4,84 millions de bénéficiaires sont d’ailleurs souvent victimes de refus de soins et de discrimination de la part des médecins. Répondre | Répondre avec citation |
Après ces salauds d’étrangers, ces salauds d’arabes, ces salauds de chômeurs, ces salauds de pauvres, notre Président Bien-aimé nous montre du doigt ces salauds de malades.
Faisant partie de cette population, je voudrais présenter mes excuses les plus plates au Peuple Français.
C’est vrai que mon cancer, je l’ai fabriqué moi-même et je vous prie d’excuser également mes parents qui n’ont pas su me donner les bons gènes et particulièremen t ma mère qui aurait dû avorter.
C’est donc avec beaucoup de culpabilité que je vais m’acquitter de cette nouvelle taxe sur les malades. En espérant que ce paiement m’achètera une nouvelle conduite, pour l’ouverture de mes droits au Paradis.
Merci Mon Président Bien-aimé de m’avoir montré le chemin que je dois prendre !…
par pixote sur Bellaciao.org Répondre | Répondre avec citation |
Le Président du Front national Jean-Marie Le Pen a estimé mardi que Nicolas Sarkozy tenait "un certain nombre de ses promesses électorales" et a jugé plutôt positivement ses premières semaines au pouvoir.
"Chacune de ses actions est mûrement réfléchie, pesée, très bien informée et jusqu'ici assez bien réalisée, il faut le dire", a déclaré M. Le Pen sur RTL. "Il fait une chose, qui est moralement positif, c'est qu'il tient, semble-t-il au moins, un certain nombre de ses promesses électorales, bien sûr pas toujours dans la dimension et la profondeur que pourraient attendre ceux qui ont voté pour lui, mais tout de même, il va dans cette direction-là", a-t-il dit.
"Et c'est pour l'instant assez payant, dans l'euphorie qui accompagne toujours les vacances, il n'y a pas de sujet de contestation grave, il a passé la première phase de sa lune de miel avec assez d'efficacité", a-t-il déclaré, estimant que la polémique sur les vacances de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis n'avait pas d'importance à ses yeux.
(Source : 20 Minutes)
Bien sûr… Répondre | Répondre avec citation |
Elle souligne que la mise en place de franchises médicales annoncée par le chef de l'Etat «représentera au pis 4 € par mois», dans un entretien publié dans le quotidien Sud Ouest. «Ces franchises servent à financer les trois priorités du président de la République : le plan Alzheimer, la lutte contre le cancer et les soins palliatifs. (…) Quelle est la personne qui ne peut pas payer 4 euros par mois sur des objectifs aussi importants ?», demande Roselyne Bachelot, avec un certain culot.
Réformes de fond. Nicolas Sarkozy avait annoncé fin juillet qu'à partir de 2008, les assurés sociaux devront s'acquitter, dans la limite de 50 euros par an, d'une franchise de 50 centimes par boîte de médicament, de 50 centimes par acte paramédical, et de 2 euros par transport en ambulance. Cette annonce avait provoqué un concert de protestations, notamment de la part des grandes confédérations syndicales. Et ce n’est pas fini. La ministre de la Santé détaille «quatre grandes réformes de fond» concernant l'assurance maladie, «qui aboutiront en 2008-2009». Il s’agit de revoir le «financement», de réfléchir sur «le bouclier social» où «le reste à charge» pour les bénéficiaires des prestations serait fonction des revenus, sur la transformation des agences régionales de l'hospitalisation en agences régionales de santé, et enfin sur la responsabilisat ion du malade à travers le dossier médical personnel partagé.
«Le gouvernement persiste dans l’erreur». C'est l'avis du Parti socialiste qui estime que la franchise médicale ne règlera pas le problème, car elle ne rapportera pas plus d’un milliard d’euros alors qu'il en faudra bien plus. Le PS dénonce également une solution injuste, et pointe trois inconnues : la franchise sera-t-elle prise en charge par les complémentaires ? A quoi servira-t-elle ? Quel sera le seuil d’exonération des familles modestes ? Répondre | Répondre avec citation |