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Sarkozy : la fin de «l'état de grâce»

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La confiance des Français envers leur nouveau président commence à s'émousser. Ce n'est qu'un début !

La télé, la presse et les sondeurs étaient affirmatifs : «l'état de grâce» de Nicolas Sarkozy fut la dernière expression à la mode employée à toutes les sauces depuis le 7 mai. On peut certes jouer les rabat-joie et douter de la crédibilité de cette euphorie assénée au bon peuple depuis trois mois, y compris à l'échelle européenne voire internationale, une propagande généralisée visant à faire croire même aux plus sceptiques que cet "homme providentiel" va régler tous nos problèmes et que, grâce à une «rupture» hautement glamour et décomplexée, la France nage enfin dans le bonheur et se sent à nouveau une âme de winner !

Lune de miel. Il a fallu attendre mardi pour que l'INSEE annonce que moral des ménages a baissé de 3 points en juillet par rapport à juin, s’établissant à -15 en données corrigées des variations saisonnières, et qu'il est même retombé sous son niveau du mois de mai (-13). Un expert de service, en l'occurrence Mathieu Kaiser, économiste chez BNP-Paribas, commentait : l’indicateur a «partiellement effacé le gain enregistré depuis les élections. L’état de grâce semble commencer à s’estomper»... «Déjà oubliée, l’euphorie post-électorale. En dépit du paquet fiscal et malgré la forte baisse du chômage en juin, les inquiétudes refont surface, en particulier quant à l’évolution de l’inflation», renchérissait l'expert Nicolas Bouzou du cabinet d’études Asterès.
Bien sûr, d'autres mettent cela sur le dos des "conditions climatiques désastreuses" de juillet... Mais l'inquiétude règne quant au pouvoir d'achat avec les hausses de prix à venir, le Smic qui n'a pas augmenté et les salaires qui stagnent, les franchises médicales qui se profilent à l'horizon avec les doutes sur la baisse du chômage et le bien fondé de réformes engagées au pas de charge (notamment le "paquet fiscal" et le service minimum) pendant que les Français ont le dos tourné. A la rentrée, il est question de s'attaquer aux régimes spéciaux ou de "moderniser le marché du travail" : pour quels résultats, qui profiteront à qui ?

Une réputation maquillée. Passés les compliments de la première heure, à l'étranger, Nicolas Sarkozy a déjà eu droit à une sévère remontée de bretelles de la part des ministres des Finances de l’Union qui désapprouvent sa politique économique, "incompréhensible" et dangereuse pour nos finances publiques. Malgré un protocole appuyé de grands sourires et d'accolades compulsives, il faut surfer sur le web pour réaliser que l'Allemagne le tient dans son collimateur et que beaucoup de nos voisins européens sont dubitatifs, limite moqueurs, envers ce petit homme hyperactif et nerveux qui se mêle de tout. Mais les médias français restent très discrets sur ces impressions défavorables. Il est étonnant de voir à quel point on est aveugle quand on a les choses sous le nez alors que de loin, on y voit clair.

Une confiance de pacotille ? Selon un sondage TNS-Sofres pour Le Figaro-Magazine à paraître samedi, 64% des Français interrogés feraient toujours confiance à Nicolas Sarkozy, soit une baisse de 1 point par rapport à juillet. Et ils seraient 33% (+ 2 points) à ne lui donner aucun crédit. Dans le détail :
• 79% pensent que l'action du gouvernement n'est pas efficace en matière de lutte contre la hausse des prix (15% étant d'un avis inverse)
• 67% pensent qu'elle n'est pas efficace dans la lutte contre le chômage (25% pensant le contraire)
• 50% ont l'impression que les choses ont tendance à aller plus mal (contre 28% qui estiment qu'elles vont s'améliorant et 18% qui pensent qu'il n'y a aucun changement)
• 58% pensent que beaucoup de conflits sociaux surgiront dans les mois à venir (tandis que 34% croient qu'il y en aura peu), et 54% pensent qu'ils se résoudront par la négociation et le compromis (contre 37% qui craignent des violences). Les paris sont ouverts !

Au gré des réformes impopulaires et des mensonges d'Etat, Nicolas Sarkozy a cinq ans pour nous convaincre que les 53% d'électeurs qui ont voté pour lui ont commis une grave erreur. L'Histoire nous a souvent prouvé que ce n'est pas le plus grand nombre qui détient la vérité, que le bon sens n'est pas l'apanage d'une majorité d'êtres humains, et que la quantité et la facilité font toujours de l'ombre à la qualité et la lucidité. Cependant la lune de miel pourrait bien virer à la lune de fiel, et il sera difficile de réparer les pots cassés.

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Mis à jour ( Vendredi, 03 Août 2007 07:52 )  

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