Cette opinion remporte un franc succès chez les cadres et les professions libérales, qui sont 82% à souhaiter poursuivre leur carrière au-delà de 65 ans, âge légal de la retraite (d'ailleurs, certains le font car rien ne les en empêche). Sans surprise, les ouvriers (dont l'espérance de vie est inférieure de 7 ans à celle des cadres) et les employés sont plus mitigés sur la question, avec respectivement 56% et 53% de réponses favorables. Dans le secteur privé, ils sont 63% à être d'accord contre 55% dans le secteur public.
On voit que la fausse polémique sur l'emploi des seniors et la récente affaire Guy Roux ont marqué les esprits...
Alors que les pensions des femmes demeurent inférieures de 38% en moyenne à celles des hommes et que les nouvelles générations sont inquiètes pour leur retraite à cause de la précarité et du déclassement - car aujourd'hui, 20% des actifs sont en instabilité professionnelle -, le débat du jour 100% simpliste se limite… au choix de travailler plus longtemps pour ceux qui le souhaitent. Mais, pour la majorité, est-ce vraiment un "choix de carrière" (ceux qui se sentent perdus chez eux quand ils ne doivent plus aller travailler alors qu'ils auront de quoi vivre) ou plutôt un choix financier (réussir à obtenir une pension correcte pour finir ses vieux jours) ?
Le vrai problème, c'est l'emploi : la tendance actuelle - dans le public comme dans le privé - est de supprimer les postes de ceux qui partent à la retraite sans les remplacer (ou alors on les remplace par des contrats aidés ou des intérimaires), si ce n'est pas de foutre dehors les salariés de 40 ans parce qu'ils sont trop chers et déjà considérés comme "trop vieux" (en réalité, pour les remplacer par des jeunes malléables et bien moins chers), et que personne ne veut les embaucher ensuite… pour les mêmes motifs.
A cela, rajoutons que l'inquiétant problème de la protection sociale (retraite, sécu, chômage), dont on prône la privatisation en pointant volontiers les déficits causés par des "excès de dépenses", est avant tout celui du dramatique déficit de cotisations induit par la précarité, les bas salaires et le chômage de masse.
Donnons d'abord des emplois décents à tout le monde - jeunes & vieux - pour rééquilibrer enfin les caisses, avant de nous demander s'il faut travailler plus longtemps !!!
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Commentaires
Et c’est reparti ! Quatre ans après la réforme de MM. Jacques Chirac et François Fillon (alors ministre des Affaires sociales, du travail et de la solidarité) augmentant le nombre d’années de cotisation et baissant le montant des pensions versées, la question des retraites revient sur le devant de la scène.
Une fois de plus le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) — le quatrième — met l’accent sur la dégradation des comptes… qui imposerait des mesures drastiques à partir de 2008. On pourrait se féliciter que le problème soit posé en amont des décisions et que le devenir des retraites — et donc de la solidarité intergénérationnelle — puisse faire partie des débats publics, en pleine campagne électorale. Mais il n’en est rien. D’emblée les solutions sont enfermées dans une fausse alternative : ou cotiser plus, ou réduire les retraites. En fait, les salariés risquent d’avoir à travailler plus et de toucher moins, dans le prolongement des réformes de M. Edouard Balladur en 1993 et de M. Fillon en 2003. Avec le résultat que l’on sait : un pouvoir d’achat des retraités en baisse, et un déficit des organismes sociaux croissant. Il serait peut-être temps d’examiner d’autres voies.
Du reste, le rapport du COR reconnaît que le déficit de 2006 s’explique en partie par des rentrées financières insuffisantes dues «pour l’essentiel à une évolution de la masse salariale moins favorable que prévu». En effet, le chômage, même si l’on s’en tient aux statistiques officielles, est resté à un haut niveau et les spécialistes estiment à 5 millions le nombre de personnes n’ayant pas un véritable emploi, d’une part ; d’autre part, la France est devenue un pays de bas salaires : la moitié des salariés travaillant à plein temps touchent moins de 1.400 € net par mois. Sans parler de tous ceux qui, contraints au travail partiel, touchent des salaires en dessous du salaire minimum. Cela représente autant de cotisations en moins. Quand on sait que la part des salaires dans le revenu national a baissé de 10 points en dix ans (celle revenant à la rétribution du capital a augmenté d’autant), on comprend le «trou» que cela entraîne dans les comptes de la caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). Inverser la courbe aurait des effets positifs sur le niveau de vie des ménages et sur la CNAV.
De même, le COR préconise le maintien dans l’emploi des personnes de plus 55 ans… Ce qui, hors des professions dangereuses ou fort épuisantes, paraît logique. Le problème, c’est que ce ne sont pas les salariés qui décident mais les directions d’entreprises qui jettent hors de l’entreprise les plus de 50 ans. De plus, le gouvernement et la majorité parlementaire de droite viennent de décider la suppression en 2008 de la taxe dite Delalande qui justement pénalisait les entreprises licenciant les quinquagénaires, et d’instaurer les contrats à durée déterminée (CDD) pour les plus de 50 ans. En fait, il risque de se produire avec les salariés plus âgés ce que déjà vivent les très jeunes : la multiplication des petits boulots, très qualifiés mais peu payés. Le tout au détriment des salariés bien sûr, et… des recettes de la CNAV.
Et, puisque le COR cherche à traquer les inégalités, il ferait bien de s’intéresser à la plus fondamentale : celle devant la mort. A 60 ans, un ouvrier a une espérance de vie inférieure de cinq ans à celle d’un cadre. Comment oser demander au premier de prendre sa retraite encore plus tardivement ?
(Source : Le Monde Diplomatique)
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La question posée était donc : "Etes-vous favorable à ce qu'un salarié puisse travailler après 65 ans s'il le souhaite ?" … franchement qui irait répondre "non" à cette question ? qui voudrait qu'on "empêche" quelqu'un de travailler "s'il le souhaite" ? … personne bien sûr sauf les 37% qui ont bien compris que la question était truquée…
Posons la VRAIE question : "Souhaitez-vous travailler après 65 ans ?"
Vous croyez franchement que le pourcentage de réponses favorables sera le même ? les seuls qui seront intéressés seront les professions libérales, les patrons et les politiciens, comme c'est étrange…
Modifions encore un peu la question : "Pensez-vous être obligé de travailler après 65 ans pour vivre décemment ?"
Là on devrait frôler les 90 % de oui dans les salariés du privé…
Ce qui est amusant avec ces sondages bidons, c'est que du coup ceux qui commentent le sondage vont se fourvoyer dans le mauvais chemin (en rappelant par exemple que vouloir travailler après 65 ans ne signifie pas "pouvoir" le faire), et accréditer ainsi l'idée que les gens veulent travailler plus longtemps mais "qu'on" les en "empêche"; ce qui est le but de celui qui a commandé le sondage …
Il ne faut pas confondre le "comment" et le "pourquoi", Coluche le disait déjà avec justesse à l'époque : "On dit que les gens veulent du travail, c'est faux ! de l'argent leur suffirait"…
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"Les générations nombreuses des baby-boomers" d'après-guerre, qui ont commencé à partir massivement en retraite depuis 2006, "devraient venir nourrir le phénomène de tourisme des seniors dans les années à venir", commentent les auteurs de l'étude.
Libérés des contraintes professionnelle s, les seniors ont tendance à étaler leurs vacances sur l'ensemble de l'année : "Même s'ils apprécient toujours les mois de juillet et d'août", ils n'effectuent que 40% de leurs séjours pendant cette période, contre 60% pour les personnes en âge de travailler.
Si, en 2004, les plus de 60 ans représentaient 21% de la population française, ils devraient passer à 32% en 2050, selon les dernières projections démographiques établies par l'INSEE. Mathématiquemen t, il en résultera une forte croissance de la part de la clientèle des seniors sur le marché du tourisme.
[…] Au fil des générations, les Français ont été toujours plus nombreux à partir en vacances : leur taux de départ est ainsi passé de 43% en 1964 à près de 65% en 2004. Si cette croissance a été très rapide jusqu'en 1989, ce taux progresse plus faiblement depuis une dizaine d'années.
(Source : 20 Minutes)
Hélas, Les vacances, ce n'est pas pour tout le monde… 53% des chômeurs ne partent pas du tout en vacances. Pareil pour 25% des enfants de 5 à 19 ans.
De 1994 à 2004, le taux d'ouvriers partant en vacances est resté inchangé (48%) et celui des employés a même baissé (de 65 à 63%), alors que toutes les autres catégories socio-professionnelle s sont parties davantage (de 62 à 65%) ! Répondre | Répondre avec citation |
Le gouvernement entend supprimer la prolongation jusqu'en 2014 de l'exonération de charge sur les indemnités de départ à la retraite avant 65 ans, votée l'an dernier. La taxation deviendrait dégressive avec l'âge.
Près de 2 Français sur 3 (63%) se disent favorables à ce qu'un «salarié puisse travailler après 65 ans s'il le souhaite», selon un sondage CSA paru hier dans Le Parisien. Ce résultat vient conforter les recours engagés récemment par des salariés empêchés de prolonger leur activité au-delà de 60 ans pour des raisons statutaires (un salarié de RTE, des pilotes de compagnies aériennes) ou mis en retraite, contre leur gré, par leur employeur. Le retour au premier plan de ce débat devrait inciter le gouvernement à modifier rapidement une législation qui, de fait, pénalise l'emploi des seniors.
A l'automne dernier en effet, après plusieurs semaines de tractations dans le cadre du débat parlementaire sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2007, le gouvernement avait cédé au lobbying du Medef en prolongeant de 2010 à 2014 l'exonération de charges sur les indemnités de départ à la retraite avant 65 ans. Ce privilège, selon la loi, est maintenu pour les 122 branches (représentant 7 millions de salariés) ayant signé des accords permettant à l'employeur de mettre d'office en retraite tout salarié âgé de 60 à 65 ans et ayant suffisamment cotisé. Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l'Inspection générale des finances (IGF), commandé par le gouvernement, avait pourtant fermement déconseillé une telle solution (Les Echos du 5 décembre 2006).
Dans ce texte non rendu public, mais que Les Echos avaient mis en ligne, l'IGAS et l'IGF prônent une vaste réforme du régime des indemnités de départ. Actuellement, les indemnités de mise en retraite (IMR) sont totalement exonérées au motif de réparer un préjudice subi par le salarié, qui, dans la réalité, est souvent demandeur. Alors que les indemnités de départ à la retraite (IDR) classiques, quand le salarié demande à partir, supportent 50% de charges.
Signal fort sur les seniors
Les rapporteurs, parmi lesquels Eric Aubry, devenu depuis conseiller social de François Fillon à Matignon, préconisent un régime unique sur la base d'une taxation dégressive, entre 60 et 65 ans, des indemnités. Les entreprises, comme les salariés, seraient ainsi clairement incités à repousser les départs au-delà de 65 ans.
Inquiet de la dérive des comptes de l'assurance-vieillesse, le gouvernement a décidé de donner un signal fort sur l'emploi des seniors. A minima, la prolongation des exonérations jusqu'en 2014 sera supprimée. Le gouvernement devrait également entériner la taxation dégressive des indemnités avec l'âge. Et il n'exclut pas de mettre en application cette réforme avant 2010. Reste à savoir si la loi sera modifiée dès la rentrée dans le cadre du budget 2008 de la Sécurité sociale, ou si le gouvernement attendra le texte sur les retraites prévu au premier semestre 2008, après concertation avec les partenaires sociaux.
(Source : Les Echos) Répondre | Répondre avec citation |
[…] Ainsi donc, l'interprétation des résultats du sondage, par une lecture opportunément sélective, permet de faire croire à la population qu'elle serait favorable à l'augmentation de l'âge de la retraite à 65 ans (voire au delà), sans jamais avoir été soumis à cette question bien précise. L'Institut CSA favorise ainsi, avec la complicité des mass-médias, la préparation de l'Opinion Publique à l'acceptation d'une loi sociale régressive, repoussant l'âge légal de la retraite. Tout en lui faisant croire qu'elle y est favorable, chapeau !
Ce n'est pas la première fois que l'Institut CSA rend "opportunément" service à l'actuel gouvernement. Souvenez du sondage sorti le mois dernier (lors de l'annonce du vote express de la loi sur le Service Minimum), indiquant que 70% des français étaient favorables au dit Service Minimum dans les transports, et 69% favorables à son extension à d'autres secteurs. Rappelez-vous aussi des estimations de cet Institut, au sortir du premier tour des législatives, indiquant une fourchette de 440 à 470 députés UMP à l'issue des élections. Devant les résultats que l'on connaît, Roland Cayrol eut cette explication lumineuse : "Non, non, on ne s'est pas trompés, on enregistre des mouvements". (Voir l'excellente note de Guy Birenbaum, en date du 18 juin 2007, à ce sujet).
La vie comme elle vient Répondre | Répondre avec citation |