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L'OCDE pointe le coût du travail peu qualifié

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Dans un article paru ce jour dans La Tribune - «La fracture salariale inquiète l'OCDE» -, l'organisation pointe "le coût excessif du travail peu qualifié dans la zone OCDE" qui creuserait "une fracture salariale entre travailleurs qualifiés et non qualifiés dans les pays riches".

On connaît les rapports de l'Organisation de coopération et de développement économiques, fervents professeurs de petit libéralisme appliqué made in USA, qui préconisent essentiellement le nivelage par le bas pour les masses laborieuses. Celui-ci, intitulé "Objectif croissance", n'échappe pas à la règle et fait semblant de se pencher sur l'instabilité de l'emploi chez les moins de 35 ans ainsi que sur le sort des travailleurs les moins formés car, figurez-vous, "face au bouleversement du paysage mondial caractérisé par l'irruption d'une Chine et d'une Inde à la main-d'œuvre surabondante, les pays de l'OCDE sont insuffisamment préparés". Et Jean-Philippe Cotis, économiste en chef à l'OCDE, de voir une faiblesse majeure du marché du travail de certains pays riches : le coût du travail des actifs peu qualifiés y est trop élevé !!! La France "a le coût du travail peu qualifié le plus élevé" de l'OCDE, précise-t-il, "ce qui nuit à l'emploi des jeunes sans qualification" ! Egalement, pour Jean-Philippe Cotis, l'emploi des 35 à 55 ans n'a jamais été "aussi stable" depuis la dernière guerre mondiale, tandis que celui des moins de 35 ans jamais aussi "instable"...

A qui incombe la faute de l'instabilité professionnelle (disons-le : à qui profite la précarisation du monde du travail) ? Ou alors, faut-il y voir une tentative subtile de comparer ceux qui ont un "emploi stable" à des privilégiés ? Et si les moins de 35 ans subissent plus que les autres une "instabilité de l'emploi", les plus âgés, eux, n'échappent pas au chômage de longue durée puisqu’après 35 ou 40 ans, on ne les recrute plus.

Bien évidemment, afin de mieux former ces jeunes qui risquent d'être lésés, l'OCDE suggère de prendre exemple "sur les pays de langue anglaise" où le coût des études est financé par l'État et les étudiants, l'État se substituant aux banques pour prêter aux étudiants, quitte à effacer la dette en cas d'échec... Seulement, en France, il y a déjà des centains de milliers de jeunes très diplômés qui se contentent de stages gratuits à répétion ou du Smic pour effectuer des tâches complexes. Et en France, des centaines de milliers de chômeurs très expérimentés se contentent, eux, d'emplois déqualifiés voire, même, de misérables "contrats aidés".

Quant aux manutentionnaires et autres techniciens de surface, combien faut-il les rémunérer ? Parce qu'ils font un travail "peu qualifié", faudrait-il les payer moins que le Smic ??? Où est le "coût excessif du travail peu qualifié" quand des salariés justement qualifiés n'ont pas d'autre choix que d'accepter des emplois déclassés et sous payés ? Où est le "coût excessif du travail peu qualifié" alors que nous avons 7 millions de travailleurs pauvres, et que la moitié des salariés français gagne moins de 1.400 € par mois ? C'est plutôt là que se situe la "fracture salariale", non ?

Alors, où est le problème ? Pour l'OCDE, il est bien évident que le travail a un coût qu'il faut toujours plus réduire. Et s'il a une "valeur", elle se distille dans un mythe bien entretenu qui consiste à faire croire à ceux qui triment que le travail à tout prix reste l'unique planche de salut, au sacrifice de leur pouvoir d'achat et de leur dignité.

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Mis à jour ( Mercredi, 14 Février 2007 17:50 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2007-02-14 17:30 Notre article du 19 décembre 2006 :

Selon une étude de l'INSEE, la proportion des salariés ayant vécu un déclassement dans la hiérarchie socioprofession nelle a "plus que doublé" en 20 ans.

Dans un contexte de chômage de masse, le déclassement va de pair avec la déqualification dont nous avions déjà parlé.
Passant de 3% au début des années 1980 à près de 7% dans les années 2000, le déclassement, encore "très rare entre 1980 et 1985", "n'est plus un phénomène marginal" entre 1998 et 2003 et a "plus que doublé", constate l'INSEE qui a limité son étude aux salarié(e)s âgé(e)s de 30 à 54 ans, et qui explique que "descendre l'échelle sociale" intervient "souvent à la suite d'un passage par le chômage ou l'inactivité", la mobilité descendante constituant "un moyen de conserver un emploi ou, pour les chômeurs, d'en retrouver un plus rapidement".

Hommes et femmes sont quasiment égaux face au déclassement : ils sont respectivement 6,6% et 6,8% à avoir connu une trajectoire descendante en 1998-2003 (entre 1980 et 1985, leur proportion atteignait respectivement 3,2% et 3,1%). Mais les ouvrières qualifiées sont les plus mal loties de tous les salariés : une sur neuf (11,8%) a connu le déclassement entre 1998 et 2003. "Il s'agit principalement de femmes travaillant dans l'industrie qui, touchées par la diminution de l'emploi industriel, ont migré vers un emploi dans les services de niveau de qualification inférieur (aide ménagère, garde d'enfants…)", note l'étude.

Parallèlement, les trajectoires ascendantes sont devenues "plus courantes", même si elles demeurent surtout l'apanage des hommes : entre 1998 et 2003, 15,1% des salariés masculins ont progressé dans la hiérarchie socioprofession nelle (10,5% pour les femmes) contre 9,7% entre 1980 et 1985 (6,6% pour leurs collègues féminines). De même, un trentenaire sur trois a changé de catégorie socioprofession nelle entre 1998 et 2003 contre un sur cinq en 1980-85, ce qui "est sans doute le signe de recrutements effectués de plus en plus souvent en dessous du niveau de compétence" et "compensés ensuite par des promotions vers des métiers plus en accord avec la formation initiale".
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0 # superuser 2007-02-14 17:31 Notre article du 27 Novembre 2006 :

Des salariés beaucoup plus qualifiés, mais de plus en plus sous-utilisés et sous-payés : tel est le constat effectué par certains économistes, syndicats et sociologues.

Si le diplôme initial et la formation professionnelle continuent de protéger contre le chômage et de procurer un avantage salarial, la situation sur le marché du travail s'est détériorée : selon le sociologue Louis Chauvel, "les jeunes font 3 années d'études de plus que leurs parents et sont embauchés à un niveau salarial très inférieur à ce que connurent ces derniers". Dans son rapport préparatoire à la Conférence sur l'emploi et les revenus du 14 décembre prochain, le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion (CERC) note que "l'économie française n'offre pas encore assez d'emplois correspondant à la nette augmentation du nombre de personnes sorties de l'enseignement supérieur. […] Cette sous-utilisation des capacités et ces phénomènes de déqualification sont nuisibles au dynamisme individuel comme à la cohésion sociale".

L'ascenseur social fonctionne, et même bien : sauf qu'il descend", estime de son côté Alain Mergier, sociologue et co-auteur de l'ouvrage "Le descenseur social" (Plon). Alors qu'en 1980 seulement 26% des lycéens obtenaient le baccalauréat, depuis 1995 cette proportion s'est stabilisée autour de 62%. En 2003, 37% des jeunes de 25 à 34 ans étaient diplômés de l'enseignement supérieur, selon le CERC. Mais paradoxalement, la proportion de salariés payés au Smic a aussi augmenté, passant de 11,1% en 1987 à 16,8% en 2005 (DARES). Cette dépréciation de la valeur économique des diplômes est particulièremen t ressentie dans les milieux populaires, explique Alain Mergier : "Pour les parents, c'est une très grande déception. Ils ont l'impression d'être devenus complices d'un mensonge".

Les professions intermédiaires & techniciens sont les plus lésés. Outre les jeunes, la frustration touche aussi cette population (agents de maîtrise, infirmières, instituteurs…) qui englobe 5,7 millions de personnes, soit 1 salarié sur 4 : alors que leur niveau de qualification a fortement augmenté, ils sont les plus touchés par le tassement des grilles hiérarchiques et salariales, selon l'Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT (Ugict). Avec un revenu salarial mensuel moyen de 1.530 € nets - soit 50% de moins que les cadres - "la position dite intermédiaire est aspirée vers le bas. […] Quand un déroulement de carrière est prévu, l'amplitude entre le premier niveau et le dernier a tendance à se tasser. Pour ne pas voir ses revenus reculer, il faut bénéficier d'une promotion et celle-ci est de plus en plus aléatoire".
Le secteur public ne fait pas exception. "Au cours des années 90, les emplois les moins qualifiés de la Fonction publique ont été de plus en occupés par des personnes très diplômées", souligne l'INSEE. Selon le panel "Génération 98" du Centre d'études et recherches sur les qualifications (CEREQ), 64% des jeunes recrutés dans la Fonction publique possèdent des diplômes bien supérieurs à ceux requis pour le concours qu'ils ont passé… Ils gagnent donc moins que ce que leur niveau de qualification pouvait leur laisser espérer.

Des observations peu réjouissantes qui contribuent au sentiment de malaise, voire au désarroi de ceux qui travaillent plus pour gagner moins.
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