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Emploi salarié : une «vigueur» mensongère

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Selon les chiffres provisoires de l'INSEE diffusés aujourd'hui par le ministère de l'Emploi (les résultats définitifs seront publiés le 21 mars, ce qui ne changera pas grand chose…), l'emploi dans le secteur concurrentiel aurait progressé de 1,9% en 2007, dépassant les 16 millions de salariés.

Soit 298.000 "créations nettes" contre 230.000 en 2006. D'ailleurs, la ministre de l'Economie et de l'Emploi Christine Lagarde, championne de la méthode Coué qu'on a déjà vu à l'œuvre au sujet de notre taux de croissance, n'a pas manqué, une fois de plus, de se réjouir de «la vigueur remarquable des créations d'emplois en 2007», saluant «un rythme inédit depuis l'an 2000» qui «conforte son analyse selon laquelle les fondamentaux de notre économie restent bien orientés». Et ce, bien que les économistes tablent sur un ralentissement en 2008.

Mais de quels emplois s'agit-il ?

Il faut savoir que ces statistiques sont une auberge espagnole qui englobe TOUS les types d'emplois, qu'ils soient à mi-temps ou à temps plein, temporaires, saisonniers, à durée déterminée ou durables. Et dans le détail, la "création d'emplois" en intérim a progressé, elle, de 5,8%... Quand on sait que la durée moyenne d'une mission est de 2 semaines, comment peut-on englober ces soi-disant "emplois" dans les statistiques globales ? Même chose pour les CDD de moins d'un mois, ou les emplois de service à 2 heures par semaine ? D'ailleurs, en étudiant de près les 3,7 millions d'offres que l'ANPE a publiées en 2007, on s'aperçoit que seulement une sur 3 proposait un CDI et que les contrats d’1 à 6 mois furent tristement majoritaires. Certes, l'ANPE ne gère qu'un tiers des offres qui circulent en France : mais la photographie de notre marché du travail qu'elle divulgue n'en demeure pas moins exacte.

Comme pour les chiffres du chômage, il y a tromperie. La création d'emplois n'est envisagée que sous son aspect quantitatif, nettement plus présentable aux yeux de l'opinion. Si, en apparence, l'économie française a créé plus d'emplois qu'elle n'en a détruit, ce sont les emplois stables qui continuent de disparaître, tandis que leurs successeurs sont de plus en plus précaires et indignes.

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Mis à jour ( Vendredi, 15 Février 2008 18:16 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2008-02-23 09:08
C'est confirmé : de ces 300.000 créations d'emplois (un "record depuis 2000"), un tiers se situe dans le secteur des services à la personne dont on sait qu'ils sont précaires et peu rémunérateurs, typiques de l'emploi en miettes. Quelle belle performance !
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0 # superuser 2008-02-26 05:14
On apprend également que, selon une récente étude du ministère du Travail (DARES), un tiers des demandeurs d'emploi ont exercé une «activité réduite» en 2006. L'assurance-chômage autorise en effet le cumul de l'allocation chômage et d'un revenu d'activité depuis le milieu des années 80 sous certaines conditions de durée mensuelle d'activité et de montant de salaire.

Les demandeurs d'emploi en activité réduite sont majoritairement des femmes. La pratique d'une activité réduite croît avec l'ancienneté du chômage. Les emploi occupés sont généralement peu ou non qualifiés, précaires et de courte durée.
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0 # superuser 2008-02-26 15:15 Pour Florence Jany-Catrice, membre du Centre lillois d'études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), l'envers du décor est très inquiétant.

Mme Lagarde exulte : la France n'aurait jamais créé autant d'emplois depuis 2000 ; près de 300.000 en 2007. Nous avons peu d'informations sur les sources de telles statistiques car les enquêtes correspondantes ne sont pas disponibles pour l'année 2007. Et nous souhaiterions nous réjouir avec la ministre de l'économie si nous n'avions des données fiables - et inquiétantes - sur le type d'emplois qui, derrière ce chiffre mirifique, se profilent. Ces inquiétudes reposent sur des faits convergents et s'appuient sur les données de 2006, année la plus récente sur laquelle les statistiques publiques sont stabilisées.

Fait numéro un : sur les 188.900 emplois créés en 2006, déjà considérée comme une année dynamique, 116.000 (c'est-à-dire près de 60% du total) l'ont été dans les services à la personne (l'aide à domicile, les employés de maison, la garde d'enfants, etc.). Un beau résultat ? Pas vraiment.

Fait numéro deux : les emplois créés dans ces services l'ont été sur la base d'une durée du travail incroyablement faible. Selon les données de sources administratives (dites des organismes agréés des services à la personne ou OASP, Dares) et de l'emploi de gré à gré (Ircem), on obtient une moyenne horaire annuelle travaillée de 450 heures par salarié pour l'ensemble du secteur, et de 420 heures pour les seuls emplois créés en 2006. En "équivalent temps plein", cela ne fait que 32.000 emplois ajoutés… Mais surtout, 450 heures annuelles, cela correspond à un emploi à moins d'un tiers-temps, soit 11 à 12 heures par semaine.

Et comme ces activités sont rémunérées aux alentours du Smic, les salaires moyens distribués sont de l'ordre de 300 € par mois… La montée en régime du plan Borloo, dont l'un des objectifs affichés est la création de tels emplois, peut faire envisager qu'en 2007 les services à la personne auront ajouté 175.000 à 180.000 emplois, mais sur la base de durées du travail aussi faibles…

Un argument fréquent, opposé à cette triple critique, repose sur l'idée que ce type d'emploi est "toujours mieux que rien" et que les salariés pourraient accroître leur temps de travail en multipliant, par exemple, le nombre de leurs employeurs. A l'aune de nos recherches, cet argument n'est pas recevable. D'abord, parce que cela fait plus de dix ans que cette rhétorique accompagne la création des emplois de "gré à gré" (appelés à l'époque les emplois familiaux, puis les emplois de proximité) sans signe clair d'amélioration en termes de durée du travail. Ensuite, parce que les statistiques sont têtues : elles indiquent clairement que, dans l'aide à domicile, les salariés à temps partiel ayant plusieurs employeurs pâtissent d'un temps de travail hebdomadaire plus réduit que les salariés n'en ayant qu'un…

Nos gouvernants actuels ont critiqué avec vigueur le "scandale" de la mise en place des 35 heures. Aujourd'hui, nous pouvons interroger le sens donné à la croissance de l'emploi. Celle-ci repose, pour une grande part, sur la création de tiers-temps, autour de 11 ou 12 heures hebdomadaires en moyenne. A force de multiplier les petits boulots ("des miettes d'emploi", dirait la sociologue Margaret Maruani), la France sera peut-être bientôt championne du monde de ces créations.

Mais peut-on encore parler d’"emplois" ?… Et faut-il s'enorgueillir d'une telle expansion ?

(Source : Le Monde)
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