Dans une interview aux Echos de ce jour, Xavier Bertrand revient sur la proposition de Laurence Parisot consistant à relever l'âge légal de la retraite à 62 ou 63 ans pour, soi-disant, régler le problème de l'emploi des seniors. Bien évidemment, dans son entretien à La Tribune de vendredi dernier, elle s'était aussi opposée à l'idée d'instaurer un système de "bonus-malus" pour les entreprises qui ne respecteraient pas les règles en matière d'emploi des plus de 50 ans.
Xavier Bertrand campe sur ses positions et exclut de relever l'âge légal de la retraite : «Cela ne sert à rien de débattre de manière idéologique de l'âge légal, dit-il. Aujourd'hui, les salariés partent en moyenne avant 59 ans. Le véritable enjeu, c'est que l'âge réel de départ des salariés atteigne 60 ans.» Pour développer efficacement l'emploi des seniors, «il faut que les entreprises se mobilisent davantage», affirme-t-il. Et en cela il a raison, même s'il persiste à employer des termes douteux : ce ne sont pas «les salariés [qui] partent» mais leurs employeurs qui les poussent dehors... D'ailleurs, ce sont ces mêmes employeurs qui refusent de recruter des candidats "séniorisés" et exclus du monde du travail dès l'âge de 40 ans.
Mais Xavier Bertrand se focalise sur les plus de 50 ans. Il met en garde le patronat et promet de sévir envers ceux qui se débarrassent de ces salariés avant l'heure, afin de les obliger à changer de comportement : «Il y aura des sanctions pour les entreprises qui ne jouent pas le jeu car je veux des résultats rapides. (...) Le doublement de la taxation des préretraites maison des entreprises et des indemnités de mise en retraite d'office par l'employeur, décidé à l'automne, produit déjà des résultats : de nombreuses entreprises nous font savoir qu'elles modifient leurs plans de départs.» En revanche, il promet d'encourager celles qui adopteront des attitudes «vertueuses et innovantes».
Vœu pieu, ou engagement sincère ? S'il juge par ailleurs «intéressant et éclairant» l'avis rendu par le Conseil d'orientation pour l'emploi sur la mise sous conditions des allègements de charges des entreprises en fonction de leur politique salariale, le «second scénario» du COE demeure totalement insuffisant puisqu'en cas de défaillance, seulement 10% des allègements consentis seraient amputés : pas de quoi remettre les mauvais employeurs sur le droit chemin. Si les «sanctions» envisagées par M. Bertrand pour maintenir les seniors dans l'emploi jusqu'à leur retraite sont du même acabit, on n'ira pas loin !
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