Une vingtaine de dirigeants d’EADS sont soupçonnés de "manquement d’initié" (délit d’initié, selon la terminologie AMF) ainsi que de "défaut d’information". Ils auraient vendu en masse fin 2005 et début 2006 des actions EADS avant que le cours ne s’écroule en juin 2006. L’AMF n’a pas rendu public les noms des personnes incriminées, qui ont été informées hier soir via leur avocat, et recevront leur lettre de grief d’ici une quinzaine de jours. Le dossier est transmis au Parquet.
Selon plusieurs sources, 17 personnes physiques et personnes morales, sont concernées. Le rapport intermédiaire de l’AMF, révélé par Le Figaro en octobre dernier, ciblait 21 personnes. Parmi les personnes physiques, Noël Forgeard, ancien co-président d'EADS, est poursuivi pour "manquement d'initié" et pour "manquement aux obligations de bonne information aux marchés". Il a été prévenu qu'il recevra bientôt sa lettre de griefs.
Au titre des personnes morales, le groupe EADS est mis en cause ainsi que les groupes Lagardère et Daimler, actionnaires d’EADS. Arnaud Lagardère est ainsi exonéré à titre personnel, mais pas son groupe. Selon un porte-parole, l’AMF reproche au groupe Lagardère un manquement d’initié. Il aurait profité d’informations confidentielles concernant le plan d’exploitation à trois ans d’EADS (le groupe aurait été au courant de la parité euro-dollar retenue alors que les ananystes financiers tablaient sur un autre rapport). Il aurait aussi su qu'il y aurait des retards dans l’annonce de la rédéfinition du programme A350, retards qui n’ont été communiqué au marché que plus tard. Rien ne lui serait rapproché en revanche concernant le dossier du retard de l’A380. Rappelons que le groupe Lagardère avait vendu pour 2 milliards d’euros d’actions EADS avant que l’action ne s’écroule, touchant au passage une plus-value d’1 milliard.
Serait aussi exonéré à titre personnel Manfred Bischoff, le président du conseil de surveillance de Daimler. Selon une source, l’AMF aurait fait le même raisonnement qu’avec Arnaud Lagardère et considéré qu’il n’avait pas bénéficié à titre personnel d’informations privilégiées. En revanche, Daimler serait incriminé.
Les principaux dirigeants d’EADS et d’Airbus, qui avaient été mis en cause dans le rapport intermédiaire de l’AMF, devraient, en revanche être personnellement impliqués. Outre Forgeard, il y avait Thomas Enders, ex-coprésident d’EADS, Gustav Humbert, ex-président d’Airbus, Jean-Paul Gut, ex-directeur commercial d’EADS, Hans-Peter Ring, directeur financier d’EADS, François Auque, PDG d’EADS Space… Et la liste n’est pas close. Aucun d’eux n’a encore confirmé avoir reçu de lettres de griefs.
Seuls les groupes Lagardère et EADS ont réagi officiellement. "Le Groupe Lagardère est confiant dans sa capacité à fournir toutes les explications utiles à sa mise hors de cause", a indiqué le premier. Tandis que le deuxième faisait savoir qu’il considérait que "le risque financier associé à la procédure ainsi engagée et ses conséquences éventuelles n’est pas significatif. Cependant, elle indique que cette procédure peut avoir des conséquences dommageables pour son image et sa réputation".
(Source : Les Cordons de la Bourse)
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