Outre le développement de l'arsenal de contrôle et le projet de durcissement des sanctions à l'encontre des demandeurs d'emploi, outre les projets de suppression de la DRE pour les chômeurs âgés ainsi que le rétablissement de la dégressivité des allocations, outre le projet de baisser les cotisations chômage pour augmenter celles des retraites, le gouvernement n'exclut pas de procéder à un transfert financier de l'assurance chômage vers la branche retraite de la Sécurité sociale, qui a accusé un déficit de 4,6 milliards d'euros en 2007 (contre 1,9 milliard en 2006).
Après avoir cumulé un déficit de 15 milliards d'euros en 2005, les caisses de l'Unedic redeviennent excédentaires : + 344 millions en 2006, + 3,5 milliards en 2007, avec une prévision de 5 milliards pour 2008. Ce redressement spectaculaire est la conséquence de la réduction du nombre des allocataires : on rappelle qu’aujourd'hui plus de la moitié (52,5%) des chômeurs ne sont pas indemnisés par l'Assedic. Le but du jeu est de poursuivre le massacre, avec pour double effet de continuer à résorber ce déficit sur le dos des demandeurs d'emploi, tout en annonçant un taux de chômage de plus en plus présentable aux yeux de l'opinion.
Déshabiller Paul… pour habiller Jacques
Cette mise à contribution de l'assurance-chômage est inadmissible. D'abord, le déficit cumulé de l'Unedic s'élève encore à 9,9 milliards d'euros : malgré l'impressionnant serrage de vis instauré par sa dernière convention de décembre 2005, la situation financière de l'Unedic est loin d'être assainie et un rétablissement complet à paramètres constants n'est prévu que pour 2009-2010. Ensuite, l'amélioration des comptes devrait en priorité bénéficier aux privés d'emploi (on rappelle par exemple que l'année dernière, la moitié du budget formation de l'Unedic n'a pas été dépensé : un vrai scandale quand on sait à quel point une formation permet de remettre le pied à l'étrier).
Au lieu d'élargir d'urgence l'assiette de cotisation pour les retraites, au lieu de prendre l'argent où il se trouve - bénéfices non réinvestis, stock-options, revenus du patrimoine et de placement… notamment chez ceux qui prospèrent en licenciant leurs salariés, seniors ou non -, le gouvernement préfère allonger la durée de cotisation de ceux qui peinent au travail en réduisant les chances de ceux qui en sont exclus !
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