Les conditions d'attribution de salaires mirobolants, de bonus et autres parachutes dorés aux dirigeants d'entreprise ont fait l'objet, mardi à l'Eurogroupe, d'une attaque en règle de la part des quinze ministres des Finances de la zone euro. «Les dérapages excessifs de rémunération des dirigeants d'entreprise que nous constatons sont proprement scandaleux», a déclaré le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker.
Selon une note rédigée par le Comité de politique économique débattue mardi à Bruxelles, les rémunérations des patrons s'effectuent trop souvent dans la plus parfaite opacité, estiment les Quinze. Le lien entre le salaire qu'ils perçoivent et leur propre niveau de «performance» dans l'entreprise est «faible», voire inexistant. Le fait pour les patrons de détenir des stock-options de leur société alors que cette dernière fait l'objet d'une fusion, donne trop souvent lieu à des «conflits d'intérêts». De même, la transparence dans l'attribution des parachutes dorés est jugée insuffisante, tout comme le contrôle externe des actionnaires. Ce «laxisme» se développerait en même temps que la «perception d'un fossé de plus en plus grand entre les salaires des dirigeants et ceux des employés», souligne la note.
C'est le ministre néerlandais des Finances, Wouter Bos, qui, en novembre 2007, avait demandé à ses collègues de l'Eurogroupe d'ouvrir un tel débat, en lien avec l'inflation. Aux Pays-Bas, l'an dernier, le patron d'ABN Amro, Rijkman Groenink, était parti avec un chèque de 28,2 millions d'euros à l'issue du rachat de sa banque par un consortium notamment composé de Fortis et Santander, nourrissant un scandale politique dans le pays. Son homologue de la firme agroalimentaire Numico, Jan Bennink, avait encaissé pour sa part près de 70 millions d'euros.
Implication des actionnaires
Aujourd'hui, dix États membres de la zone euro - dont la France - disposent de règles législatives censées encadrer la gestion des hauts salaires. Mais celles-ci restent disparates. En Allemagne, seules les sociétés cotées se voient contraintes de dévoiler la rémunération de leurs dirigeants exécutifs. La publication de la structure des salaires, entre variable et fixe, n'est obligatoire que dans neuf pays. En Irlande, aucune règle de transparence ne régit l'attribution d'actions ou de stock-options aux dirigeants impliqués dans des fusions-acquisitions. Aux Pays-Bas, le régime est devenu sévère : à partir du 1er janvier 2009, les dirigeants néerlandais gagnant plus de 500.000 € annuels verront leurs primes taxées à 30% si celles-ci dépassent leur salaire annuel net.
Les Quinze sont favorables à l'instauration d'instruments fiscaux particuliers. Ils demandent à ce que les parachutes dorés ne soient pas exemptés d'impôts et souhaitent une plus grande implication des actionnaires. Enfin ils appellent, en particulier dans la finance, à l'instauration de rémunérations axées sur la profitabilité à plus «long terme». Jean-Claude Juncker a demandé à chacun des États membres de communiquer des «plans nationaux destinés à lutter contre ce fléau social et ces comportements extravagants».
(Source : Le Figaro)
Articles les plus récents :
- 20/05/2008 06:48 - Les réformes du gouvernement sont cohérentes… et inégalitaires
- 19/05/2008 10:49 - Les salariés n’ont plus les moyens de se payer la mobilité
- 18/05/2008 03:09 - Recrutement : pauvre France !
- 16/05/2008 09:01 - L'UMP veut-elle en finir avec les représentants du personnel ?
- 16/05/2008 00:42 - Services à la personne : c'est raté !
Articles les plus anciens :
- 10/05/2008 16:37 - L'Allemagne se paupérise aussi
- 10/05/2008 00:58 - Hécatombe silencieuse chez les prestataires de l’ANPE
- 09/05/2008 22:27 - Licenciés pour avoir eu recours à un avocat
- 08/05/2008 00:56 - Niches fiscales : Lagarde recule
- 06/05/2008 16:45 - La DRE définitivement supprimée d'ici 2012