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Licenciements, chômage, la dégradation s’amplifie

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Chaque jour apporte son lot de licenciements de plus en plus massifs. Ainsi, en moins d’une semaine, plus de 5.000 suppressions d’emploi ont été annoncées chez Alcatel-Lucent, Faurecia et Plastic Omnium (équipementiers automobiles), Pfizer (labo pharmaceutique), Arcelor Mittal, Novelis et Alcan (ex-Pechiney)… L’année 2009 va être noire, très noire !

Comme nous l’annonçons depuis plusieurs mois, la vague des licenciements massifs devrait enfler dans les prochaines semaines, avant de déferler au début du printemps. Car les mesures de chômage partiel prises en cette fin d’année 2008 dans les gros bastions de l’industrie (automobile, sidérurgie, BTP…) vont se transformer en chômage réel, en chômage total pour des dizaines, des centaines de milliers de salariés. La seule industrie automobile (constructeurs et sous-traitants) pourrait perdre en 2009 entre 7 et 15% de ses effectifs ; ce qui nous donnerait alors, sur un total de 2,7 millions de salariés, 200.000 à 300.000 suppressions d’emplois. Nous estimons qu’il s’agit-là d’une hypothèse basse.

Si, dans ses dernières prévisions, l’Unedic envisage une augmentation du nombre de chômeurs de catégorie 1 (taux officiel) de 219.000 en 2009, nous, sur Actuchomage, tablons sur une augmentation deux à trois fois supérieure (entre 400.000 et 600.000 chômeurs de plus en 2009). Et nous estimons qu’il s’agit, là aussi, d’une hypothèse basse. Sur les seuls mois d’août, septembre et octobre 2008, 100.000 nouveaux chômeurs se sont inscrits à l’ANPE. Au début de l’année 2009, le nombre d’inscriptions mensuelles pourrait s’établir entre 30.000 et 60.000 (il était de 46.900 en octobre, dernier chiffre connu).

Déficit commercial, déficit budgétaire, confiance des ménages en berne (en perdition, devrions-nous écrire), production industrielle en chute libre (- 2,7% en octobre)… tous les indices virent au rouge. Vendredi 12 décembre, la Banque de France nous délivrait sa mauvaise nouvelle : Elle prévoit un PIB en baisse de 0,7% au 4e trimestre. Une récession de grande ampleur s’enracine donc malgré tous les appels au sursaut économique. Conséquence logique, jeudi 11 décembre, La Croix nous apprenait que trois Français sur quatre (73%) se déclarent préoccupés par le chômage et l'emploi, une proportion qui a augmenté de sept points en un mois, selon le baromètre TNS Sofres publié par le quotidien. Quelle surprise !

Face à l’effondrement de l’économie, notre Président s’agite comme à l’accoutumée en nommant Patrick Devedjian ministre de la Relance («de sa carrière», persifle Le Canard enchaîné). Et quand on décortique ses plans, ses fonds souverains, on constate qu’il ne s’agit que de savants tours de passe-passe financiers. Ainsi, on habille Pierre après avoir déshabillé Jacques, on transfert des fonds d’un poste à l’autre, on met en avant des dépenses et investissements prévus de longue date… pour masquer l’absence totale de marges de manœuvres financières. Mais comment peut-il en être autrement dans un pays où les «caisses sont vides» ?

Les choses ne vont pas en rester-là, évidemment. Aux krachs financier et boursier, va succéder un krach social qui pourrait éclater quand nous serons au creux de la vague (que nous situons au printemps). Cette agitation prévisible, inéluctable – que redoute d’ailleurs l’Élysée –, devrait trouver un large écho dans toutes les «classes» de la société : les jeunes tout d’abord, dont l’entrée dans la vie active est lourdement impactée par cette récession, tant en termes d’opportunités d’embauche que de niveaux de salaire. Les ouvriers ensuite, notamment ceux du secteur automobile plutôt épargnés ces dernières années, qui après 10, 15, 20 ans de bons et loyaux services - les «seniors» en première ligne - vont se retrouver sur le carreau par dizaines de milliers, sans perspective de reconversion professionnelle dans des bassins industriels sinistrés. Et enfin, les cadres qui commencent à souffrir sérieusement de cette crise. De plus en plus de plans de licenciements massifs (chez Arcelor Mittal, chez Alcatel-Lucent…) concernent directement les «cols blancs» qui, eux aussi en 2009, devraient se retrouver par milliers à la rue.

Dans ce contexte qui se dégrade à vitesse grand V, reste à nos dirigeants la seule méthode Coué pour entretenir l'espoir, ruminée depuis mai 2007 par Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde, grands hortators (1) de la débâcle économique. Et pour ne pas susciter un vent de panique supplémentaire sur les marchés, ils nous cachent une vérité que les Français découvrent peu à peu, et qui va profondément les affecter.

Yves Barraud

(1) L’hortator est le chef des rameurs… dans une galère.

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Mis à jour ( Vendredi, 12 Décembre 2008 14:26 )  

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