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Accueil Social, économie et politique La fracture entre les Français et leurs grandes entreprises n'a jamais été si profonde

La fracture entre les Français et leurs grandes entreprises n'a jamais été si profonde

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Profits record du CAC 40 dégagés sur le dos de l'emploi et grands patrons archi-milliardaires : rien ne va plus !

Les entreprises du CAC 40 ont publié leurs résultats 2010 : leurs bénéfices ont quasiment doublé pour atteindre 83 milliards d'euros (dont la moitié va partir en dividendes aux actionnaires…), avec un taux de marge quasiment au plus haut depuis 30 ans. Cet argent, aux trois-quarts gagné à l'étranger et peu imposé grâce à leur implantation dans des paradis fiscaux, ne profite ni aux salariés, ni aux sous-traitants, ni aux clients, ni à l'emploi et aux investissements en France.

Total arrive largement en tête avec 10,5 milliards d'euros de résultat net (+25%) : pour le groupe pétrolier, la nouvelle flambée des cours du brut est une excellente nouvelle, ce qui n'est pas le cas pour les consommateurs...

France Télécom se place au quatrième rang avec près de 5 milliards (+62%) : les familles de ses ex salariés poussés au suicide apprécieront. Petite parenthèse : son ex-filiale La Poste, qui ne fait pas encore partie du "cercle" et se distingue pour ses nombreuses condamnations pour CDD à répétition, vient elle aussi d'annoncer un bénéfice net en hausse de 3,5%, à 550 millions d'euros; dans le même temps, elle a supprimé près de 12.000 postes en 2010.

GDF-Suez arrive à la cinquième place du classement avec 4,6 milliards alors que le prix du gaz, qui a augmenté de 20% sur un an et de 60% depuis sa privatisation en 2008, va encore étrangler des millions de foyers modestes.

On vous fait grâce de Carrefour, qui figure au bas de la liste, champion de l'emploi en miettes et régulièrement condamné pour non-respect du Smic. Et on comprend que ces brillants résultats, obtenus sur le dos des salariés, des contribuables et des consommateurs français, sont le symptôme d'un pays engouffré dans la mondialisation et qui, de plus en plus, avance à deux vitesses.

La crise ? Quelle crise ?

Insolente aussi est la richesse personnelle de certains grands patrons : de Bernard Arnault à Serge Dassault — l'homme qui encense la Chine et veut en finir avec les "aides sociales" alors qu'il est grassement subventionné par l'Etat — en passant par François Pinault ou Liliane "Mamie Zinzin" Bettencourt — qu'on ne vous présente plus… —, c'est la valse des milliards. Ces dirigeants divers et variés (et, pour certains, avariés) se gavent de salaires mirobolants, stocks options et autres "retraites chapeau" tandis que leurs collaborateurs, eux, voient leur rémunération stagner, leurs emplois disparaître et leur droit à la retraite s'éloigner. Inquiète pour son avenir et impatiente, la France qui travaille a peur du chômage et les Français ordinaires considèrent que le gros de la crise est devant eux.

Le fossé s'est aussi creusé avec les petits patrons. La CGPME, réagissant à ces impressionnants profits, estime que «les PME, dont bon nombre n'ont pas définitivement arrêté leur bilan 2010, seront vraisemblablement loin d'enregistrer de tels résultats. On peut d'ores et déjà souligner que le taux de marge des entreprises est en recul constant depuis plusieurs années». L'organisation, qui a souvent dénoncé les mauvaises pratiques des grands groupes vis-à-vis de leurs sous-traitants, «insiste sur les responsabilités que confèrent de tels résultats aux géants du CAC 40 par rapport aux PME. La clarification des relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants, la politique d'achat, la transparence de l'accès aux marchés publics, le portage des PME à l'export sont quelques-uns des domaines dans lesquels il est indispensable de réaliser des progrès». Enfin, selon le dernier rapport du Conseil des prélèvement obligatoires, les PME paieraient 22% de leurs bénéfices à l'Etat quand les impôts du CAC 40 ne dépasseraient pas les 8%.

Grands sourires pour une poignée et soupe à la grimace pour la majorité : force est de dire que la théorie du ruissellement n'a jamais aussi peu convaincu et que le divorce entre "la France d'en bas" et celle d'en haut est largement consommé. 

SH


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