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Retraite à 60 ans : des miettes pour les chômeurs

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Seuls deux trimestres supplémentaires considérés comme cotisés leur seront offerts. Vu l'ampleur du chômage de longue durée, ce «cadeau bonus» est bien dérisoire.

En clair, arrivé à 60 ans, il faut déjà avoir réussi à cotiser 164 trimestres pour les obtenir afin d'en totaliser 166. Autant dire qu'on n'est pas sortis de l'auberge !

Le chômage est une calamité pour tous, mais il touche de façon encore plus aiguë les seniors. Selon les dernières statistiques officielles, en avril 2012, il y avait 427.000 hommes et 464.000 femmes de plus de 50 ans inscrits dans les catégories A, B et C de Pôle Emploi en métropole. Cette population de près de 900.000 actifs reste deux fois plus longtemps au chômage que les moins âgés. Et en ce moment, toutes catégories confondues, on compte à Pôle Emploi quelque 2 millions de chômeurs de longue, voire de très longue durée [1], qui n'ont donc aucune chance d'avoir accès à la retraite à 60 ans telle que définie par le nouveau gouvernement.

Cette situation a de terribles conséquences. En effet, une fois devenu demandeur d'emploi, le salarié ne cotise plus à la retraite de base (car, sans employeur, pas de trimestres cotisés !). Ses trimestres sont simplement "validés" (en revanche, il continue de cotiser aux caisses complémentaires sur la base de son SJR, salaire journalier de référence). Ce qui signifie qu'il continue à accumuler ses trimestres, mais que l'absence de cotisations aura une incidence négative sur le montant de sa future pension.

Le chômage indemnisé et la validation des droits à la retraite qui l'accompagnent prennent fin au plus tard au bout de 23 mois pour les chômeurs de moins de 50 ans et de 36 mois pour les plus de 50 ans. Ensuite, seuls les chômeurs de longue durée qui peuvent bénéficier de l'allocation spécifique de solidarité (ASS, 470 euros par mois) voient leur période de chômage validée pour leur retraite; mais ils cessent dans le même temps de cotiser aux caisses complémentaires. Et pour avoir droit à l'ASS, outre justifier de plus de 5 ans d'activité sur les dix dernières années, les revenus mensuels du foyer du chômeur vivant en couple doivent être inférieurs à 1.719 euros. S'ils sont supérieurs, il n'a droit à rien.

En l'absence d'allocation, cette période n'est plus validée pour l'obtention de sa retraite de base et complémentaire : résultat, la pension se retrouvera diminuée dans de très fortes proportions. Il en est ainsi pour les allocataires du RMI ou du RSA, puisque les périodes sous ce régime ne sont pas du tout validées : autant dire que le montant de leur retraite sera, lui aussi, gravement amputé. Pour ces chômeurs aux minima sociaux, l'horizon, c'est le minimum vieillesse à 67 ans.

Mais revenons aux cas les moins critiques. Pour pallier partiellement cette situation connue de tous, les syndicats ont demandé au nouveau gouvernement de rétablir l'allocation équivalent retraite (AER), supprimée en 2009 par l'UMP et remplacée provisoirement par l'allocation transitoire de solidarité (ATS), un dispositif volontairement très restrictif. Car l'AER assurait à tous les chômeurs ayant atteint le nombre de trimestres nécessaires pour liquider leur retraite, mais pas l'âge légal, le versement d'une allocation de 1.000 euros par mois qui leur permettait d'attendre l'heure du départ en bénéficiant d'un revenu nettement plus conséquent que la misérable ASS. Or, le gouvernement Hollande-Ayrault l'a, lui aussi, sèchement refusé.

Conséquence du chômage de masse et de la crise, nous assisterons au retour en force des retraités pauvres — ils sont aujourd'hui 1 million à vivre sous le seuil de pauvreté —, phénomène déjà identifié depuis 2000 et qui prendra des proportions dramatiques dans les années à venir, au même niveau qu'après guerre.

Le décret sur ce retour partiel de la retraite à 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler à 18 ans a été présenté en Conseil des ministres. Il doit être examiné par le Conseil d'Etat avant publication au Journal Officiel pour une entrée en vigueur au 1er novembre.
Le changement, le vrai, ce n'est pas pour maintenant.

SH


[1] Pour parfaire le tableau, il faut notamment rajouter les 860.000 allocataires du RSA "socle" qui ne sont pas inscrits à Pôle Emploi car suivis par les services sociaux, ainsi que les trois-quarts des 900.000 bénéficiaires de l'allocation adulte handicapé (AHH) qui ne travaillent pas, soit parce qu'ils ne le peuvent pas, soit parce qu'ils sont discriminés. Ni les uns, ni les autres ne valident de trimestres pour leur retraite.



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Mis à jour ( Vendredi, 15 Juin 2012 00:17 )  

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