Quand Barack Obama critique la gestion de la crise en Europe, il oublie que celle-ci est la conséquence directe de sa crise des subprimes qui nous a tous contaminés en 2008, que nous subissons depuis quatre ans et que nous subirons encore pour une durée indéterminée.
En France, le gigantesque tsunami de la crise financière née à Wall Street s'est déployé en deux vagues. La première a déjà fait des ravages mais ça aurait pu être pire, car depuis 2009 nos braves entreprises n'auraient pas assez réduit leur masse salariale... Après une fausse accalmie, la deuxième vague est en cours de déploiement : faute de croissance et d'activité, les entreprises sont en train de réajuster leurs effectifs en ne remplaçant pas certains salariés sur le départ et/ou en gelant les embauches (ceci étant toujours synonyme de destructions d'emplois). Puis elle va s'écraser à la rentrée : l'économie se contractant toujours plus, les entreprises vont recommencer à mettre en place des plans sociaux. La barre fatidique des 10% de chômeurs officiels sera largement franchie.
Résultat, le pouvoir d'achat trinque et la récession guette :
Puisque, jusqu'à présent, personne ne s'est résolu à réguler drastiquement la finance et l'économie casino ultralibérales, puisque le renflouement des banques passe avant la survie des citoyens et que l'austérité est partout le grand mot d'ordre, il n'y a aucune raison pour qu'une troisième vague ne nous noie pas. Ce système est moribond, mais personne ne veut le changer : ni nos dirigeants qui y trouvent toujours grand bénéfice, ni les peuples sidérés et pétris de trouille. Nous allons donc au casse-pipe.
Sur ces considérations pessimistes réalistes, voici notre décryptage mensuel de la dernière note de la Dares/Pôle Emploi.
Catégorie A (chômeurs officiels, sans activité aucune) : +33.300
Ils sont 2.922.100 en métropole, 3.163.900 avec les DOM.
Progression annuelle : +8% en métropole, +7,7% en France
Du côté des chômeurs qui restent inscrits tout en exerçant des petits boulots, faute d'emplois véritables, on note une baisse générale de l'activité précaire :
Catégorie B (chômeurs en activité réduite inférieure à 78h/mois) : -3.900
Ils sont 571.600 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +4,2%
Catégorie C (chômeurs en activité réduite supérieure à 78h/mois) : -800
Ils sont 853.400 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +2,9%
Au total, le nombre des inscrits en catégories ABC — c'est-à-dire l'ensemble des demandeurs d'emploi «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» — a crû de 28.600 en métropole.
Ils sont désormais 4.347.100 en France métropolitaine, 4.621.000 avec les DOM (+29.000).
La hausse annuelle s'élève à 6,4%.
Du côté des chômeurs «non disponibles», on note un décollage de la catégorie D avec un boom des entrées en stage (prestations occupationnelles). Par contre, les contrats aidés sont en recul. En conclusion d'une observation sur plusieurs mois, on peut dire que le "Plan chômeurs de très longue durée", annoncé en janvier par le président sorti, est un énième fiasco car, outre le fait qu'il n'a proposé de solution pérenne à quiconque, il a encore moins réussi à embellir les chiffres officiels.
Catégorie D (chômeurs non disponibles car en arrêt maladie ou en maternité, en stage, formation ou convention de reclassement) : +9.800
Fin mai, ils sont 247.900 en France métropolitaine.
Variation annuelle : +7,4%
Catégorie E (chômeurs non disponibles car en contrat aidé) : -4.200
En France métropolitaine, ils sont 365.000 ainsi occupés.
Variation annuelle : +4,2%
Au total, fin mai 2012, toutes catégories confondues (ABCDE), le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en métropole s'élève à 4.960.000 (+34.200 personnes sur un mois et +6,3% sur un an). Avec les DOM, on arrive à 5.257.200, soit 34.700 personnes en plus par rapport à avril.
A ces 5.257.200 inscrits, il convient d'ajouter les 128.900 "seniors" indemnisés de métropole (chiffre non précisé pour les DOM) bénéficiant d'une "dispense de recherche d'emploi" (désormais supprimée), non catégorisés.
Ainsi, on frôle 5,39 millions.
Dans le détail...
L'ancienneté moyenne des inscrits des catégories ABC continue inexorablement de battre des records, atteignant 468 jours (contre 450 il y a un an) soit plus de 15 mois. La moyenne d'inscription des sortants augmente à 258 jours (252 le mois dernier, 245 il y a un an).
Du côté des chômeurs de longue durée, ils sont désormais 1.681.800 rien que dans les catégories ABC de métropole (+19.900 en un mois !), 1.821.100 avec les DOM, auxquels on peut rajouter les 365.000 chômeurs de catégorie E et les 129.000 seniors en DRE. Ainsi le volume des "DELD" — comme on les appelle — dépasse toujours 40% de l'ensemble des inscrits à Pôle Emploi.
Parmi eux, toutes catégories confondues, 733.400 perçoivent le RSA (+7,2% sur un an) et 345.300 perçoivent l'ASS (chiffres Unedic de mars, +4,7% sur un an). Ces personnes survivent donc avec 15 € par jour. Les nouveaux chômeurs se rajoutent aux anciens devenus miséreux.
En glissement annuel, le volume des inscrits depuis plus d'un an a augmenté de 8,5%. Celui des inscrits depuis plus de 3 ans — enkystés dans la crise depuis 2008 — s'élève à +22,4%. Entre les deux (2 à 3 ans d'inscription), la progression est stable à 2,3%.
Du côté des seniors, les inscriptions de chômeurs de plus de 50 ans dans les catégories ABC de métropole se poursuivent : +10.800 par rapport à avril.
Ils sont 902.100 dont plus de la moitié (469.200) sont des femmes.
Progression annuelle : +14,4% (près de 15% pour les femmes)
En comparaison, les moins de 25 ans sont 650.600 (+4,7% sur l'année).
Du côté des sorties, on note un léger recul des «cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation» : -2.800 pour un total de 198.600, stable sur un an. Les radiations administratives ont aussi reculé : -7.900 pour un total de 40.700, en progression de 3% sur un an. Légère recrudescence des «autres cas» : +1.400 pour un total de 52.200, en recul de 4,7% sur un an.
Ces trois motifs représentent 63% du volume des sorties (contre 64,8% le mois précédent). En comparaison, les reprises d'emploi déclarées n'en pèsent que 19,7% (contre 21,1% en avril) et sont en recul constant.
Du côté des offres, que dire ? En mai, Pôle Emploi n'en a collecté que 258.500 (contre 250.400 en avril), DOM compris (-20,9% sur un an !). Quant au compteur d'offres en ligne du site pole-emploi.fr, il en affiche bravement 205.324...
Armons-nous de courage.
SH
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