Après les menaces des ultralibéraux de Bruxelles, voici celles des ultralibéraux de l'intérieur...
En clair, selon ce rapport de 122 pages intitulé “Maîtriser les dépenses de l'Etat”, commandé… par François Fillon et conduit par un membre du Cercle des économistes, les recettes nouvelles prévues dans le programme de François Hollande ne seront pas suffisantes; ce dont nous sommes hélas convaincus. Sachant que de certaines dépenses sont «quasiment incompressibles» — charge de la dette de l'Etat, dotations à l'Europe, etc —, d'ici 2016 il faudra donc couper… dans les dépenses publiques et sociales sans se satisfaire, nous dit-on, de ralentir leur évolution.
Bien évidemment, à auteurs ultralibéraux, des «leviers d'action» identifiés «ultra sensibles» : réduction des dépenses d'intervention de l'Etat (subventions pour l'hébergement d'urgence, l'assistance éducative, les contrats aidés…; dotations aux opérateurs de l'État comme Pôle Emploi, Réseau Ferré de France, Météo France ou encore le CNRS) et désindexation/rognage des prestations sociales (aides au logement, allocation adulte handicapé, anciens combattants, étudiants…), réduction de sa masse salariale (suppression de postes de fonctionnaires + gel des salaires, de l'avancement et du niveau des pensions).
«L'examen attentif» des aides sociales, à l'emploi ou au logement «ne peut plus être différé», soulignent-ils. Tant pis si, pour des millions de Français, la crise, le chômage de masse et la spéculation immobilière leur mettent plus que jamais le couteau sous la gorge. Bref, un florilège de mesures «impopulaires», dans le sens où elles vont à l'encontre des intérêts du petit peuple — majoritaire en nombre mais dénué de pouvoir — qui n'est pourtant responsable ni de cette crise de la finance folle, une fois de plus exportée par les Etats-Unis, ni de l'endettement actuel du pays, résultat direct des politiques néolibérales pratiquées depuis le début des années 80.
Des «dépenses quasiment incompressibles» ?
Faut-il rappeler que «la charge de la dette» est devenu le second poste budgétaire de l'Etat derrière l'Education nationale ? Ces 50 milliards d'euros annuels consacrés au seul remboursement des intérêts de nos riches créanciers — à qui on a accordé des baisses d'impôt depuis 30 ans et qui se font maintenant des couilles en or en nous prêtant l'argent qu'on leur a laissé — est un véritable scandale. Non seulement ils réduisent considérablement les marges de manœuvre de l'Etat en matière d'actions publiques et d'intérêt général, mais ils sont la face cachée de l'iceberg, le système fonctionnant tel un crédit-revolving qui accroît la dette au lieu de la résorber. Au total, le service de la dette publique (remboursement du capital emprunté + intérêts servis) représente près de 40% du budget de l'Etat français : c'est donc son premier poste de dépenses.
Ce système aberrant a été conçu depuis la création de l'UE : comme vous le savez, les banques d'Etat ont été remplacées par la Banque centrale européenne, dont le rôle n'est pas de prêter directement aux gouvernements mais aux banques privées à moins de 1%, ces dernières faisant ensuite leur beurre sur le dos des Etats — et des populations — en fixant des taux d'emprunt plus élevés (moins de 2% pour l'Allemagne, de l'ordre de 3% pour la France, de 5 à 7% pour l'Espagne ou l'Italie, et jusqu'à 17% pour la Grèce…) sous l'égide des agences de notations. Ainsi les plus riches sont-ils toujours favorisés et les plus fragiles mis la tête sous l'eau.
Pour les technocrates de Bruxelles et les dirigeants politiques ultralibéraux de l'UE, il n'est pas question de revenir sur ces mécanismes spéculatifs qui enfoncent un à un tous les pays de la zone euro : la grande solution demeure l'austérité infligée aux peuples. Et pour conclure sur l'incontournable réduction des dépenses publiques, je vous invite à lire les explications de Christian Chavagneux d'Alternatives Economiques, qui dénonce l'inanité et la dangerosité de cette vulgate.
Que fera le gouvernement Ayrault ? Résistera-t-il ? Se couchera-t-il ? A vous d'entourer la mention exacte.
SH
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