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Il semblerait bien que cette période pré-électorale révèle - en réalité - une profonde dépersonnalisation de la candidature PS qui émergera ; faute d'être en mesure de s'appuyer sur une personnalité forte, le PS se centrerait sur le projet et ferait du choix de son porteur une question secondaire (ce qui, au passage, minimiserait la question du couple Royal-Hollande que chacun semble éluder, comme s'il était impudique d'envisager lucidement ce qu'elle peut représenter de périlleux…). Cette nouvelle approche de l'investiture conduirait, en cas de victoire du PS, à un recul de facto du poids du Président dans la conduite des affaires. On peut le regretter ; on peut s'en réjouir...
On ne peut par contre, me semble-t-il, que déplorer que cette évolution ne soit que le résultat d'une dérive, une conséquence de facto, justement, et non l'aboutissement d'une réflexion concertée, en un mot d'une volonté.
Que la future politique de la France soit conduite par un homme, une femme ou un parti, la question est essentielle. Mais que l'évolution de la politique française, en un mot son Histoire, ne soit que le produit des errances d'hommes, de femmes et de partis sans inspiration, c'est gravissime !
A ce jeu, Ségolène Royale manœuvre plutôt bien, et cela ne l'honore pas. On la voit en effet (faute d'une réelle vision ?) se livrer à une série d'"essais/erreurs", comme si elle testait la réaction publique ("médiatique" serait un mot plus approprié, en fait) à une succession de "formules". Elle a ainsi testé la réaction au blairisme, à la flexisécurité scandinave, au mariage homosexuel. Et hier, Ségolène faisait un test de populisme.
Imagine-t-on un instant un grand cuisinier qui nous ferait goûter cinquante plats avant de servir ce qu'il présenterait comme sa cuisine, personnelle et authentique ? Imagine-t-on Picasso commandant un sondage pour savoir s'il vendra mieux sa période rose ou sa période bleue ? La formule de concertation initiée par Mme Royal sur son site www.desirsdavenir.org est prometteuse (encore qu'on aurait préféré une démarche plus active par laquelle elle aurait - aussi - été chercher les avis là où ils s'expriment) : pourquoi aller la gâcher (la démentir, presque !) par une sotte démarche de "marketing d'études" ? Les deux méthodes procèderaient-elles en fait de la même logique mercatique ?
Gérard Plumier
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Commentaires
Une fois de plus nous sommes ici contraints de rappeler que Nicolas Sarkozy, «l’homme de la rupture» avec un système qu’il sert pourtant depuis des décennies, est en fait «l’homme de la défaite». Il serait même plus juste d’écrire : «l’homme des défaites» tant son parcours en est jalonné, ce que les médias traditionnels, dans leur «grand souci d’objectivité», se gardent bien d'évoquer.
C’est en effet, un dénommé Nicolas Sarkozy qui soutint, en 1995, la candidature d’Édouard Balladur avec le succès que l’on connaît. En 1999, c’est le même qui présidait aux destinées du RPR (par intérim, après le retrait de Philippe Seguin) quand ce parti fit un piteux 12% aux élections européennes (contre 13% pour la liste des souverainistes Pasqua et de Villiers). Au Budget, puis à l’Économie (par alternance), le bilan du ministre Sarkozy est tout aussi insignifiant. Il n’a ni réussi à désendetter la France ni réussi à faire baisser les prix à la consommation de façon significative, un engagement qu’il avait solennellement pris à grand renfort de déclarations tonitruantes et de shows politico médiatiques réunissant les patrons de la grande distribution.
«L’homme de la rupture» est en fait «l’homme de la défaite» !
Ségolène est-elle une rénovatrice ? Rien n’est moins sûr !
Au dernier congrès du PS, en novembre 2005, son mari (Premier secrétaire du parti) a minimisé les dégâts (et les débats) qu’avaient engendré au sein de son parti le Référendum 2005. Dans une «synthèse» consensuelle, François Hollande a mis tout le monde plus ou moins d’accord : les éléphants (comme Strauss-Kahn et Lang partisans du OUI), les fabusiens (partisans du NON) et les animateurs du courant NPS (Nouveau Parti Socialiste), Vincent Peillon et Henri Emmanuelli (également favorables au NON). Hollande a mis tout le monde d’accord, sauf un irréductible empêcheur de tourner en rond, le représentant de l’aile véritablement réformiste du PS : Arnaud Montebourg, co-fondateur du NPS, aujourd’hui en dissidence de ce courant, et initiateur de «Rénover Maintenant».
La VIe République, c’est l’affaire de Montebourg… et de l’UDF ?
Est-il utile de rappeler que le député Montebourg (dont l’interview est consultable sur le site) place au cœur de son engagement politique l’instauration d’une VIe République ? Paradoxalement, il semble plus suivi sur ce thème par Hervé Morin et François Bayrou de l’UDF que par les cadres dirigeants de son propre parti, et sans doute par Ségolène Royal elle-même. Selon Arnaud Montebourg, l’éventuelle candidate du PS «estime qu’en changeant les hommes à la tête de l’État (grâce à l’alternance), on changera les pratiques. Il n’est donc pas nécessaire de rénover nos institutions (1).»
Lui est évidemment convaincu du contraire et rappelle à ses partisans les dérives (et autres affaires) qui ont jalonné les quatorze années de la présidence de François Mitterrand. Sur ce sujet, il renvoie dos-à-dos PS et UMP.
Le PS favorable à la «révolution du statu quo»
Et en effet, il est à craindre que si un candidat socialiste est élu à la tête de l’État en 2007, rien ne change sur le fond. Alors, Arnaud Montebourg met en garde le PS contre ce qu’il appelle la «révolution du statu quo» (1), c’est-à-dire l’absence de vraies réformes concernant des aspects essentiels de la vie démocratique, à savoir : la représentativit é équitable des Français à l’Assemblée nationale et au Sénat, l’indépendance de la justice, le contrôle de l’exécutif par les élus du peuple, le non cumul des mandats…
Mais voilà, le Parti Socialiste est-il prêt à accepter ces réformes, notamment celle visant une meilleure représentativit é des Français à l’Assemblée nationale et au Sénat ? Rien n’est moins sûr, pour la bonne et simple raison qu’il y laisserait des plumes (entendez par-là qu’il y perdrait certainement des sièges). De même, les élus socialistes sont-ils prêts à accepter l’interdiction du cumul des mandats, eux qui en sont tout aussi friands que leurs collègues de droite ? Pas certain.
Pour 76% des Français, l’Assemblée nationale ne les présente pas
Pourtant, Arnaud Montebourg touche ici le cœur du sujet qui nous mobilise. La France est malade d’un système qui exclut un nombre croissant de Français. Et, cette exclusion – ce déni de démocratie avéré – se traduit en premier lieu sur le terrain de la représentativit é politique, à l’Assemblée et au Sénat (les derniers sondages publiés dans Le Figaro et Le Parisien attestent en effet que 76% de nos concitoyens estiment que l’Assemblée nationale ne les représente pas).
Si, en mai 2005, Jacques Chirac n’avait pas soumis le projet de Constitution européenne au suffrage universel, en se contentant de le faire adopter par le seul Parlement, il aurait été entériné par 92% des députés, alors que 55% des Français l’ont rejeté.
Et ce déni de représentativit é trouve son prolongement dans l’exclusion économique et sociale, car l’establishment politique de droite et de gauche a depuis des décennies tissé à son profit des réseaux de soutiens financiers, industriels et médiatiques. Tout est donc réuni pour que ceux qui sont en bas, dans «les sous-sols de la République» (2), y restent encore longtemps, quand ceux d’en haut conserveront leurs acquis et leurs privilèges. Et cette perspective ne peut que radicaliser des millions de Français comme nous avons pu l’observer ces derniers mois avec la crise des banlieues et la mobilisation anti-CPE.
Pour ou contre le statu quo ? C’est la question de 2007 !
En avril 2007, nous ne voterons pas pour ou contre une candidate ou un candidat, mais pour ou contre le statu quo qui, aujourd’hui, sert les intérêts d’un establishment de droite et de gauche, et relègue la majorité des Français dans une minorité sans porte-parole, sans élus et donc sans pouvoir. C’est inacceptable !
Il n’est pas acceptable de revivre des situations comparables à celles que nous connaissons depuis plus de 10 ans et qui se traduisent par : une augmentation constante de l’abstention, une montée en puissance des populismes et des communautarisme s, une confiscation du débat politique, et pour finir, une élection «plébiscitaire» comme nous en avons connue au second tour des présidentielles de 2002.
Malheureusement , c’est exactement ce à quoi on nous prépare : un duel qui se résume à un affrontement entre une femme (dont la candidature inédite pour un grand parti justifierait à elle seule sa présence au second tour) et un candidat, Sarkozy, qui veut concentrer plus encore les pouvoirs entre les mains d’un seul homme. Car, si Nicolas Sarkozy envisage bien lui aussi une réforme des institutions, c’est dans le seul but de renforcer le régime présidentiel et de réduire à peau de chagrin les prérogatives du Parlement.
Un objectif : Soumettre tous les contrepouvoirs !
Comme l’affirme Arnaud Montebourg : «Avec Sarkozy, on s’oriente vers une dictature douce» (1), une dictature qui n’a qu’un objectif : conforter la puissance de ceux qui ont déjà tous les pouvoirs financiers, économiques, médiatiques et politiques entre les mains, et soumettre au silence tous les contrepouvoirs militants, syndicaux et associatifs.
Et quand on analyse les grandes évolutions de la société française depuis 1995, on constate que l’instauration de cette «dictature» est en bonne voie :
• Une minorité impose ses choix à une majorité (même si cette dernière réussit à les contrecarrer parfois, à l’occasion du Référendum et de la mobilisation anti-CPE).
• L’indépendance de la justice est gravement menacée (tout comme le droit de la défense).
• Le pouvoir de la police est considérablemen t renforcé et le fichage génétique et biométrique de la population va être généralisé (comme le dénonce la Ligue des Droits de l’Homme).
• Le pluralisme de l’information, donc des opinions, se réduit à mesure que les médias se concentrent entre quelques mains «amies».
• Le nombre des affaires de corruption, de malversations et de mensonges d’État liés à des intérêts partisans ne fait qu’augmenter. Comme les faits délictueux perpétrés par des lobbies et complexes militaro-industriels et financiers (dans l’affaire des frégates vendues à Taïwan, on évoque 900 millions d’euros de commissions occultes !).
Les réseaux dissidents doivent se mobiliser avant qu’il ne soit trop tard
Nous appelons donc nos lectrices et lecteurs à la plus grande vigilance pour les mois à venir qui seront décisifs pour la France. Ne nous laissons surtout pas abuser par les discours dominants qui ne manqueront pas de bénéficier de toute la force de frappe médiatique. Comme en février, mars et avril 2005, les réseaux dissidents doivent se mobiliser pour aborder en ordre de bataille la campagne des élections présidentielles de 2007. Car, ne nous y trompons pas, celles et ceux qui veulent que rien ne change sur le fond feront tout pour détourner les débats de leurs objectifs prioritaires. Ils se focaliseront (c’est déjà le cas) sur les thèmes de l’insécurité et de l’immigration qu’ils agitent comme une muleta devant un taureau. Et nous savons comment se terminent toutes les corridas… par la mise à mort de l’animal.
Il est grand temps de nous mobiliser pour déjouer leurs plans !
Yves Barraud – APNÉE/Actuchomage
PS : Il est toujours temps de signer notre Appel pour une RÉNOVATION DÉMOCRATIQUE (lire l’édito de la page d’accueil du site).
(1) Mots et phrases extraits du discours d’Arnaud Montebourg prononcé lors de la réunion nationale de «Rénover Maintenant» le 13 mai à Paris, sur le thème «Menaces sur les libertés publiques : Le danger Sarkozy».
(2) «Les sous-sols de la République», comme les qualifiait fort justement François Desanti, porte-parole de la CGT-Chômeurs. Répondre | Répondre avec citation |
Dans les tuyaux du Sénat et de l'Assemblée nationale depuis 2003, ce projet de service civique obligatoire (SCO) est revenu sur l'avant-scène nationale en novembre 2005, comme en écho à la crise des banlieues. Quand la révolte atteint son paroxysme, l'exaltation patriotique et la menace d'un redressement citoyen ne sont pas loin derrière…
Largement soutenus par une certaine presse chrétienne au travers du magazine "La Vie", 443 parlementaires, près de 52% des députés, plus de 10.000 citoyens avaient signé l'appel pour le SCO (1) deux mois et demi après son lancement. Ainsi le journal télévisé de 20 heures sur la 2, ce 18 avril, nous annonçait que 9 jeunes sur 10 seraient favorables à l'instauration d'un service civique obligatoire (2).
Depuis, cette idée, qui relève de l'orthopédagogie à visée normative, poursuit son chemin, les prises de position pour un tel service se multiplient, la presse en fait écho sans qu'aucune controverse publique soit réellement amorcée. Certains pensent qu'il est trop tôt, qu'il ne s'agit là que d'un vague projet, totalement irréalisable de surcroît, qui retournera dans son carton comme il en était sorti…
Vague projet ? Irréalisable ? Rien n'est moins sûr. La volonté de ses partisans (droite et gauche confondues) est farouche si l'on en croit leur ténacité : pas moins de 9 projets de loi (3) ont été déposés entre 2003 et 2006, et ce n'est probablement pas fini.
Pire que le CPE parce que plus sournois, ce projet joue sur la corde délicate du délitement social et du désir d'engagement des jeunes dans des causes qui les sensibilisent. Plus dangereux, car si le CPE était rejeté massivement par l'opposition, le SCO à l'inverse fait plutôt consensus. Le magazine La Vie poursuit sa campagne publicitaire et envisage durant l'été 2006 une large consultation des jeunes : l'objectif est de passer le relais aux politiques le moment venu.
Et si le moment venu était après les élections présidentielles ? Plusieurs candidats de droite et de gauche l'annoncent comme une priorité de leur programme s'ils passent au pouvoir en 2007. Parmi les plus connus de ses partisans, nous trouvons : Ségolène Royal, François Hollande, François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon, Dominique Strauss-Kahn, Michel Rocard, Laurent Fabius, Christine Boutin…
A quoi devons nous ce large consensus autour du SCO, entre partis opposés qui nous ont plutôt habitués à s'entre-déchirer ? Un miracle se serait-il produit sans qu'on s'en aperçoive ? Le magazine La Vie serait-il porteur de la "Bonne Nouvelle" ? Même si ses rédacteurs semblent très «inspirés», la réalité est toute autre. Ce projet fait l'unanimité car il représente l'ultime tentative de la 'France d'en haut' pour reprendre le contrôle sur la 'France d'en bas', qui lui échappe de plus en plus… Cette coalition autour du SCO a pour nom : pouvoir politique. Face au délitement social et à l'abstentionnisme chronique, les politiques ont compris qu'un tel service représente, de par son caractère obligatoire, un possible retour à l'autorité et à l'ordre. En deux mots, à la légitimation de la toute puissance de l'Etat, qui se présente à nous sous l'apparence d'un père de famille qui sait de quoi ses enfants ont besoin pour retrouver le bon sens civique.
Le titre "Et pourquoi pas un S.C.O. pour répondre à la violence des jeunes ?" de l'émission diffusée sur RFI le 2 février 2006 est à ce titre très révélateur de cette volonté de tirer profit de la situation.
Dans la panique générale provoquée par l'embrasement des banlieues, il était facile d'obtenir l'unanimité sur un projet pétri de morale sociale et d'autoritarisme. C'est sur ce point que les partisans d'un tel projet s'allient une bonne partie de l'opinion publique, les nostalgiques du service militaire et ceux qui pensent qu'un bon coup de pied au derrière de cette jeunesse qui ne respecte plus rien ne peut pas lui faire de mal. Raisonnement à l'emporte-pièce, basé sur de fausses évidences, conclusions hâtives et recette miracle…
Encore une fois, les politiques n'ont rien compris à la demande de reconnaissance des jeunes et encore une fois, ils vont répondre à côté de la question. Sauf que cette fois, la réponse va un peu trop loin.
«Faux !», défendent ses partisans, «Nous voulons rendre le service civil obligatoire par souci d'égalité : personne ne doit y échapper !» Ah bon ? Mais qui veut y échapper ? Les sondages le prouvent : 9 jeunes sur 10 sont partants pour effectuer un service civique, il existe la loi sur le volontariat civil de cohésion sociale et de solidarité (V.C.C.S.S.) (4) qui découle de la réforme du service national : il suffirait de lui donner les moyens d'être vraiment mise en place et nous verrions la majorité des jeunes investir un tel service. Aussi, pourquoi cet entêtement à vouloir le rendre obligatoire ?
Que veut-on nous prouver à travers un tel sondage ? Que les jeunes sont plus en demande d'obligation que de citoyenneté ? Bien sûr que non. Un malentendu est entretenu, une confusion intrinsèque au terme même de "service civique obligatoire".
Le succès de ce sondage relève avant tout de la méconnaissance du grand public en France vis-à-vis du volontariat. Méconnaissance perpétrée par les gouvernements successifs qui n'ont rien fait pour que la loi qui devait en favoriser le développement soit reconnue et appliquée.
Pourquoi ? A mon avis, la raison principale est que le développement du volontariat (et encore, pas n'importe lequel) ne peut reposer que sur une politique soucieuse d'émancipation des jeunes. Or, l'objectif poursuivi par les partisans du SCO n'est pas le développement d'une démocratie participative, mais le contrôle et le pouvoir, d'où l'obligation, présentée aux jeunes comme une impérieuse nécessité, en leur disant : «Vous voyez bien, le volontariat en France, ça ne peut pas marcher, il ne fait pas partie de notre culture ! Ça ne prend pas !» (5)…
Bien sûr que ça ne prend pas, rien n'a jamais été fait pour que la loi sur le V.C.C.S.S. soit appliquée ! La vérité comme toujours est à chercher ailleurs. Elle est aussi dans cette volonté de vouloir nous faire croire que le service civique obligatoire n'est pas un travail mais un service rendu à la collectivité, nuance ! Et ce, même quand plusieurs responsables politiques nous disent que ce service permettrait de faire face au manque de main d'œuvre dans les secteurs de l'aide aux personnes.
Mais à quoi bon jouer sur les mots quand on sait que ce sont entre 750.000 et 800.000 jeunes par an qui rendraient ainsi «service» à la collectivité ? Pas un travail, juste un service, même quand Monsieur Jacques Attali nous dit dans un article intitulé "Etre français, cela se mérite" publié dans l'Express du 13 décembre 2004, je cite : «Il serait essentiel de rendre à tous les jeunes en âge de voter une raison concrète d'éprouver un sentiment d'appartenance ; et pour cela, de les amener à payer un tribu en nature à la collectivité. Plus de la moitié des Français ne payant pas l'impôt sur le revenu, il est désormais possible de traverser la vie sans jamais ressentir le prix à payer pour faire partie d'un ensemble aussi bien organisé et protecteur que la nation française. Ne seront scandalisés par cette proposition que ceux qui ne veulent pas admettre qu'être Français est un formidable privilège, qui doit se mériter à chaque génération.»
Ainsi, plus de la moitié du peuple de France, parce qu'il ne gagne pas suffisamment d'argent pour payer l'impôt sur le revenu, ne pourrait pas avoir de sens civique ??? Vous savez, Monsieur Attali, il paraît même que cette catégorie de français se reproduit : 2 millions d'enfants vivent aujourd'hui en France au dessous du seuil de la pauvreté !
Les politiques libéraux s'intéressent eux aussi de très prés aux différentes formes de services civils. Sur un blog pro-SCO dédié aux services civils (7), on peut lire dans un article : «Sans répondre immédiatement à la question relative à la formation professionnelle , constatons ainsi qu'il (le service civil) permettrait tout d'abord de compléter les dotations en moyens humains des associations et de certains domaines essentiels de l'action publique que sont la santé, la justice, la police ou encore l'éducation.Le service civil a en effet, vocation à intervenir, pour une partie dans le champ d'action dévolu à la puissance publique et à ses agents. De ce fait, il permettrait de s'y substituer pour un coût inférieur. Les gains budgétaires entraînés par cette substitution du service civil à certains postes de la Fonction publique pourraient être affectés à des dépenses d'avenir, c'est à dire des dépenses d'investissement. Dans une économie ouverte et mondialisée, dont le moteur est l'innovation, ces économies pourraient être affectées en priorité à l'éducation supérieure.» Et plus loin : «Engagement qui serait une source de disponibilité budgétaire directe pour l'Etat en permettant de se substituer à des tâches assurées à un coût supérieur par la Fonction publique»…
Curieuse logique de solidarité qui consiste à utiliser la générosité des jeunes, à des fins économiques pour l'Etat ! On peut voir à travers l'ensemble de ces réflexions combien les motivations profondes des partisans de ce service sont loin d'être aussi sympathiques et fraternelles qu'on veut bien nous le dire et nous le montrer.
Une nécessaire alternative.
Nous proposons de mauvaises solutions car nous posons mal le problème du délitement social. C'est la représentation de la société qui se délite, pas le lien social, enfin l'ancienne représentation car une nouvelle est en train de voir le jour…
Les mentalités ont évolué vite peut être trop vite, cette évolution fait peur car étant mieux informé et plus autonome, le peuple devient plus critique et moins facilement gouvernable.
Les Français ne sont pas individualistes , sinon notre pays ne connaîtrait pas un tel essor de sa composante associative, faisant de lui le premier de l'Union européenne dans ce domaine. Ce serait même le contraire qui est en train de se produire, le seul problème c'est que cet essor trouve ses racines dans la société civile (du bas), ce qui n'est pas sans questionner et déranger le pouvoir, c'est à dire (le haut) de la pyramide.
Dans un tel contexte, le SCO représente le dernier rempart que nos gouvernants ont trouvé, à la fois pour canaliser la révolte des jeunes, faire face à la dérive citoyenne voire à une nouvelle canicule ou autre catastrophe naturelle…
Quand bien même, une telle réflexion serait légitime (ce qui est loin d'être le cas), elle n'en demeurerait pas moins légère face à la profondeur de la crise que traverse notre société. Un tel raisonnement n'est pas à la hauteur des réponses attendues sur la question de l'éthique citoyenne, confondue ici (innocemment ?) avec la moralisation sociale.
Les domaines des services civils/civiques et des volontariats doivent rester des lieux d'initiative citoyenne individuelle et collective. Ils représentent des espaces de liberté et de solidarité que de nombreux citoyens s'attachent à promouvoir et valoriser, tant sur le plan de la représentation que du droit.
Le projet de service civique obligatoire, loin de le servir, menace directement l'esprit de la loi 1901, dans ses valeurs et ses principes qui reposent sur la libre association spontanée des citoyens. Cet esprit qui est à l'origine de toutes les luttes pour la défense et le respect des droits de l'Homme est aujourd'hui mis en danger par différentes tentatives de retour à l'ordre,
l'obligation et la discipline, le service civique obligatoire rejoint cette tendance, malgré les bonnes intentions mises en avant par ses partisans.
Affirmer qu'il faut laisser le choix aux jeunes, ce n'est pas faire de la citoyenneté une option, c'est mettre en place des moyens et des méthodes éducatives qui favorisent la réappropriation par les citoyens eux-mêmes d'une certaine capacité de réflexion, d'initiative et d'innovation collective. Encore faut-il une volonté politique de développer ces méthodes.
Les bénévoles et les volontaires du monde et de tous les temps n'ont pas attendu l'obligation pour s'engager auprès des peuples en souffrance. Ce projet d'obligation est une insulte à la démocratie ainsi qu'à la capacité des jeunes à investir l'espace public pour défendre des causes qui les sensibilisent.
Si un tel débat public est mis en place avant les élections, les candidats peuvent reculer face à la montée de l'opposition. S'il a lieu après les élections, nous risquons encore une fois l'affrontement. Les climats de tension ne sont favorables ni à la réflexion, ni à l'anticipation, encore moins à l'élaboration d'alternatives, sans compter qu'ils sont dangereux et qu'ils épuisent tout le monde, à commencer par les forces vives de la société civile.
C'est pourquoi l'Association pour l'étude et le développement du volontariat civil (8) souhaite constituer un collectif et diffuser une pétition "Pour une alternative au SCO" demandant :
• Le retrait de tous les projets de loi visant à une obligation dans les domaines des services civils/civiques ;
• La mise en œuvre effective à l'échelon national de la loi sur le volontariat de cohésion sociale et de solidarité (V.C.C.S.S) ; enrichi par la mise en place d'un programme ambitieux de formation citoyenne en matière de droits de l'Homme, pour chaque jeune désireux d'effectuer un volontariat.
Nous invitons toutes les personnes désireuses de soutenir cette initiative, à nous contacter (8).
Myriam Alderton, présidente de l'A.E.D.V.C.
(1) Appel et liste des signataires, en ligne sur le site www.les-amis-de-lavie.org
(2) Sondage en ligne sur www.politique-jeunesse.net
(3) Projets de loi : n°1138 (du 15.10.03), n°1199 (du 5.11.03), n°1803 (du 22.09.04), n°2316 (du 11.05.05), n°2693 (du 23.11.05), n°2817 du 25.01.06, n°2818 (du 25.01.06), n°2912 (du 28.02.06).
(4) Lois du 28 octobre 1997 et du 14 mars 2000.
(5) Extrait de la soirée débat organisée par "La Vie" le 15.03.2006 à Marseille.
(7) reflets.typepad.com
(8) Contacts : email : myriam.alderton@wanado o.fr
Adresse postale : A.E.D.V.C Route du Thoronet- d17- 83340 - Le Cannet des Maures (Var) Répondre | Répondre avec citation |
La critique de la réforme mise en oeuvre par Martine Aubry intervient à la veille de la finalisation par la direction du PS de son projet pour 2007, qui doit être ensuite soumis aux militants pour adoption le 1er juillet. L'avant-projet prévoyait la relance des négociations pour "généraliser les 35 heures".
La présidente de la région Poitou-Charentes, candidate à l'investiture PS à la présidentielle, écrit dans la deuxième partie de son livre disponible sur son blog "Désirs d'avenir", que les 35 heures ont eu pour "résultat non voulu" une "dégradation de la situation des plus fragiles". Leur bilan est "mitigé en termes de qualité de vie", écrit-elle.
La réduction du temps de travail a "été conçue davantage comme un outil de création d’emplois" que comme "l’aboutissement d’une réflexion sur les conditions de travail", et "leur contre-partie fut un spectaculaire assouplissement du droit du travail" et "une flexibilité accrue", selon Mme Royal. "D’où ce résultat non voulu : une dégradation de la situation des plus fragiles, notamment les femmes ayant des emplois peu qualifiés, pour lesquelles la flexibilité s’est traduite par un empiètement accru sur leur vie personnelle et familiale alors que les femmes cadres y ont trouvé, elles, des jours de respiration bienvenus", relève dans son ouvrage la députée PS des Deux-Sèvres.
Déjà mercredi, elle avait créé l'événement en avançant des propositions musclées sur la sécurité qui ont eu de vives critiques à gauche. Le Premier secrétaire François Hollande a pris ses distances en soulignant que sa proposition d'encadrement militaire des primo-délinquants ne sera "sans doute" pas repris dans le projet socialiste.
Or, ces mesures sont massivement approuvées par les Français, selon un sondage IPSOS pour Le Monde et la Chaîne Parlementaire publié lundi. 69% des personnes interrogées "approuvent" sa proposition visant à placer dans des établissements à encadrement militaire les primo-délinquants de plus de 16 ans. Chez les sympathisants socialistes, le taux est presque identique (67%). Pour un Français sur deux, la présidente de Poitou-Charentes "s'éloigne des valeurs de la gauche" en faisant ces propositions.
Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn, a accusé Ségolène Royal "d'assassiner" les 35 heures, et s'est demandé si elle voulait être "candidate des socialistes ou contre les socialistes". "Après l'ouverture au centre, la militarisation de la sécurité, aujourd'hui c'est l'assassinat des 35 heures", a affirmé le député PS de Paris. "Cela commence à faire beaucoup." Répondre | Répondre avec citation |
"Il faut que tous les salariés puissent profiter de leurs bienfaits : dire cela, c'est revendiquer le progrès social pour tous", a déclaré la présidente de Poitou-Charentes et candidate à l'investiture PS pour 2007.
Cette mise au point fait suite à des critiques qu'elle avait exprimées sur son blog contre cette mesure-phare du gouvernement Jospin. Mme Royal a ajouté qu'elle était favorable à la généralisation des 35H, comme le prévoit le projet du PS qui doit être finalisé mardi. "Le projet dit qu'il faut étendre les bienfaits des 35 heures à tous", a souligné la députée des Deux-Sèvres. Répondre | Répondre avec citation |
Nicolas Sarkozy va régulariser des élèves scolarisés en France et leurs parents sans papiers en privilégiant une procédure au cas par cas, selon le ministère de l'Intérieur.
Cette décision, dont le Figaro de mardi fait état, ne "s'apparente pas pour autant à une régularisation massive", indique le ministère, mais chaque cas fera l'objet "d'un examen particulier".
Ces nouvelles mesures ne devraient concerner que les familles dont les enfants scolarisés sont nés en France et qui ne parlent pas la langue du pays dont leurs parents sont originaires. Elles seront détaillées lors de l'intervention "encore en cours de rédaction" de M. Sarkozy mardi à 16H au Sénat, en préambule à la discussion sur son projet de loi sur l'immigration. Une circulaire aux préfets, "pas encore écrite" selon le ministère, en précisera les modalités.
Richard Moyon, porte-parole du Réseau éducation sans frontières (RESF), estime que "ce n'est qu'un effet d'annonce. Dans la réalité la régularisation va concerner 1 ou 2% des élèves sans-papiers, d'après les chiffres du ministère qui recense 50.000 familles sans-papiers dont au moins 50.000 enfants". Selon lui, "on est plus prêt de 100.000 enfants scolarisés sans-papiers en France, donc cette démarche prétendue humanitaire touche à peine 2% des enfants".
Des régularisations partielles qui "ne sauraient suffire" et "acte de diversion politique" pour l'UNEF et le MRAP, un "recul tactique" qui "ne doit pas faire illusion" pour le PCF.
"Mme Royal ferait un candidat de droite acceptable", a ironisé M. Sarkozy sous les rires et les applaudissement s des sénateurs UMP. "Mme Royal peut nous rejoindre. Bienvenue au club ! Surtout qu'elle vient sur nos idées"… Répondre | Répondre avec citation |
Le président du Front national, Jean-Marie le Pen, a affirmé mercredi que les électeurs en 2007 ne voteront pas pour "des gens qui changent d'idées comme de chemise", en allusion à Ségolène Royal qui se prend, selon lui, pour un "sergent des Marines américains", et à Nicolas Sarkozy qui marche aussi sur ses plates-bandes.
"Comment pourriez-vous faire confiance en 2007 à des gens qui changent d'idées comme de chemise", a déclaré M. Le Pen, en inaugurant ses locaux de campagne présidentielle au siège du Front National à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). "Sarkozy est un faux homme de droite qui veut toujours faire plaisir à la gauche, et Mme Royal est une fausse femme de gauche qui se prend pour un sergent des Marines américains", a-t-il ajouté.
"Sarkozy court après Le Pen, Royal court après Sarkozy, peut-être que ça nous donne l'ordre d'arrivée à l'élection présidentielle", a déclaré M. Le Pen, qui a évoqué "l'exaspération de la société française à propos du laxisme migratoire, judiciaire, éducatif et civique".
Interrogé sur les sondages montrant que les Français, et plus spécialement les électeurs du FN approuvaient en général les propos de Mme Royal sur la délinquance, M. Le Pen a contesté que cette approbation puisse se traduire en bulletins de vote le jour de l'élection présidentielle. "Les électeurs peuvent trouver les idées" de Mme Royal ou de M. Sarkozy "sympathiques", mais "cela ne les fait pas voter pour eux". "Ils se disent que c'est Le Pen qui avait raison, et ils votent pour celui qui incarne la rectitude" dans ses idées, "celui qui n'a jamais menti", a-t-il déclaré.
Le siège de la campagne présidentielle est situé dans le bâtiment du siège du Front national à Saint-Cloud, mais ses locaux en sont séparés, et les visiteurs y accèdent par une entrée indépendante de celle du parti. Ces dispositions pratiques sont destinées à démontrer que la campagne ne sera pas celle du Front national, mais celle de M. Le Pen lui-même, "sous le sceau du rassemblement plus large", au delà de l'audience traditionnelle du parti. Répondre | Répondre avec citation |