On peut du reste comprendre qu'il serait très maladroit pour une "candidate à la candidature" de se prononcer complètement avant que le PS n'ait présenté son projet. Encore que ! Jusqu'à présent, l'investiture PS avait toujours été décidée au vu des orientations proposées par les candidats.
Il semblerait bien que cette période pré-électorale révèle - en réalité - une profonde dépersonnalisation de la candidature PS qui émergera ; faute d'être en mesure de s'appuyer sur une personnalité forte, le PS se centrerait sur le projet et ferait du choix de son porteur une question secondaire (ce qui, au passage, minimiserait la question du couple Royal-Hollande que chacun semble éluder, comme s'il était impudique d'envisager lucidement ce qu'elle peut représenter de périlleux…). Cette nouvelle approche de l'investiture conduirait, en cas de victoire du PS, à un recul de facto du poids du Président dans la conduite des affaires. On peut le regretter ; on peut s'en réjouir...
On ne peut par contre, me semble-t-il, que déplorer que cette évolution ne soit que le résultat d'une dérive, une conséquence de facto, justement, et non l'aboutissement d'une réflexion concertée, en un mot d'une volonté.
Que la future politique de la France soit conduite par un homme, une femme ou un parti, la question est essentielle. Mais que l'évolution de la politique française, en un mot son Histoire, ne soit que le produit des errances d'hommes, de femmes et de partis sans inspiration, c'est gravissime !
A ce jeu, Ségolène Royale manœuvre plutôt bien, et cela ne l'honore pas. On la voit en effet (faute d'une réelle vision ?) se livrer à une série d'"essais/erreurs", comme si elle testait la réaction publique ("médiatique" serait un mot plus approprié, en fait) à une succession de "formules". Elle a ainsi testé la réaction au blairisme, à la flexisécurité scandinave, au mariage homosexuel. Et hier, Ségolène faisait un test de populisme.
Imagine-t-on un instant un grand cuisinier qui nous ferait goûter cinquante plats avant de servir ce qu'il présenterait comme sa cuisine, personnelle et authentique ? Imagine-t-on Picasso commandant un sondage pour savoir s'il vendra mieux sa période rose ou sa période bleue ? La formule de concertation initiée par Mme Royal sur son site www.desirsdavenir.org est prometteuse (encore qu'on aurait préféré une démarche plus active par laquelle elle aurait - aussi - été chercher les avis là où ils s'expriment) : pourquoi aller la gâcher (la démentir, presque !) par une sotte démarche de "marketing d'études" ? Les deux méthodes procèderaient-elles en fait de la même logique mercatique ?
Gérard Plumier
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