Actu Chômage

samedi
22 février
Taille du texte
  • Agrandir la taille du texte
  • Taille du texte par defaut
  • Diminuer la taille du texte
Accueil Social, économie et politique Plan «Seniors» : troubles de l’audition chez les médias ?

Plan «Seniors» : troubles de l’audition chez les médias ?

Envoyer Imprimer
C’est à un bien curieux diapason que se sont accordés les principaux médias français avant de commenter la Conférence nationale sur l’emploi des «seniors» qui s’est déroulée mardi 6 juin dans l’hémicycle du Conseil économique et social.

Avec un bel ensemble, ils présentent le «CDD seniors» comme «la mesure-phare du plan Villepin pour les seniors». Pourtant, comme moi, ils étaient présents durant cette longue matinée, mais il semble que nous n’ayons pas entendu les mêmes discours…

Outre que plusieurs mesures autrement plus importantes ont été annoncées par Gérard Larcher, ministre délégué à l’Emploi, c’est avant tout dans l’esprit des commentaires de Dominique de Villepin qu’il faut rechercher le véritable sens du plan qui a été présenté hier.
Ce plan répond, selon le premier ministre, à 2 défis :
• «Un défi démographique, d’abord. Nous le savons tous, avec l’amélioration de l’espérance de vie et le départ à la retraite des enfants du baby-boom, la proportion de Français actifs va diminuer fortement à partir de 2007. (…) Nous devons à présent apporter d’autres réponses pour permettre à ceux qui le souhaitent de travailler plus longtemps.»
• «Le deuxième défi, c’est l’égalité des chances. (…) Les seniors ont une expérience à transmettre aux plus jeunes. Ils ont des compétences précieuses à faire valoir. (…) Nous devons leur permettre de trouver (?!? – ndlr) leur place sur le marché du travail.»

L’enjeu est donc bien l’allongement de la durée du travail, pour des raisons macro-économiques (comme l’ont souligné tant d’intervenants lors de cette conférence). Et curieusement, il est apparu secondaire (mais nécessaire, quand même !) de faire en sorte que les parcours professionnels allongés ne soient pas trop interrompus – dans la mesure du possible.
Un doute ? Observons les propos de M. de Villepin lorsqu’il décline ces défis en 3 objectifs :
• «Le premier objectif, c’est d’offrir à chacun la possibilité de continuer à travailler au-delà de l’âge de la retraite ou de mieux gérer la transition entre la vie professionnelle et la retraite.»
• «Le deuxième objectif, c’est de faciliter le retour à l’emploi de ceux qui connaissent des périodes de chômage (les personnes et les familles concernées apprécieront l’euphémisme – ndlr), notamment par la mise en œuvre du CDD senior voulu par les partenaires sociaux.»
• «Le troisième objectif, c’est d’encourager les entreprises qui favorisent l’emploi des seniors. (…)»

Comme elle devient simple alors, l’analyse des 31 mesures du «Plan d’action concerté pour l’emploi des seniors» * ! Comme on comprend mieux qu’au moins 7 mesures concernent la retraite, alors que depuis 3 ans les discours récurrents sur le «cumul emploi-retraite» faisaient figure de curieux hors-sujet ! Ainsi :
• la mesure n°11 prévoit de «supprimer la possibilité donnée aux branches de conclure des accords abaissant en-dessous de 65 ans l’âge à partir duquel les employeurs peuvent recourir à la mise en retraite de leurs salariés.»
• la mesure n°29 veut «promouvoir la retraite progressive [qui] permet au salarié de plus de 60 ans de poursuivre à temps partiel une activité…»
C’est très clair : si le gouvernement – ainsi que les partenaires sociaux, ne les oublions pas – considèrent que «cette conférence nationale pour l’emploi des seniors marque un tournant essentiel», c’est moins pour «donner à chacun sa place dans notre société» que pour amplifier le mouvement engagé lorsque «dès 2003, notre majorité a pris avec Jean-Pierre Raffarin des mesures indispensables pour pérenniser notre système de retraites». En cela, la France – du moins ses dirigeants – se rangent à l’avis de l’OCDE et à ses lancinantes injonctions à augmenter la proportion des Français en activité.
Le but : sauvegarder les régimes de prévention, mais surtout (peu chaut à l’OCDE le sort de nos retraites) relancer la consommation par l’amplification du volume de ceux qui peuvent consommer (et donc doivent travailler). Evident et simplissime, à un détail près dont il ne fut hier qu’à peine question : notre économie est en situation de sous-emploi et donc de chômage généralisé !

Ce plan comporte des éléments critiquables. En premier lieu, le «CDD senior» (disons franchement le «Contrat Dernière Embauche», ainsi nous l’appelions depuis longtemps sur Actuchomage, avant d’être repris hier par plusieurs médias) : il est une aumône insultante faite aux «pauvres vieux» pour boucler leur cotisations de retraite, et surtout il ne s’adresse qu’aux plus de 57 ans et ne permettra de reprendre un emploi que jusqu’à 60 ans !
Critiquables aussi les mesures de cumul emploi-retraite ; on comprend bien que le gouvernement se saisit par avance des drames que causera la prolifération de retraites limitées à la portion congrue, mais on ne peut que craindre la concurrence – involontaire – qui s’instaurera entre les «vieux pauvres» et les «pauvres pas encore assez vieux» !

Il y a également, fort heureusement, des éléments encourageants. Le plan de communication - en direction du grand public et des entreprises - qui doit être lancé en septembre pour 2 ans devrait aider à la nécessaire révolution des représentations ; il est pitoyable de devoir en passer par là, mais enfin… Relevons toutefois que le coût de cette campagne (5 millions d'euros par ailleurs annoncés, la moitié du budget 2006 du «Plan Senior») pourrait être minoré si l’Etat montrait l’exemple en tant qu’employeur. Mais de l’Etat-patron il n’en fut pas question hier, pas plus qu’au long des négociations entre les partenaires sociaux (pour cause !).
La suppression de la contribution Delalande est également porteuse d’espoir, d’autant qu’elle concernera (dès qu’elle aura été votée par le Parlement) toutes les personnes recrutées à partir du 6 juin 2006, quel que soit leur âge.

A partir de ces constats, beaucoup d’interrogations restent entières. On voudrait croire, avec Jean-Louis Borloo, que «ça y est, la page est tournée». Mais, quelque que soit l’émouvant consensus manifesté hier par tous les orateurs, comment oublier que pour travailler plus longtemps, il faut avant tout des emplois ; comment renoncer à mesurer la part d’angélisme, pour ne pas dire de démagogie pré-électorale qui sous-tend l’ensemble de ces déclarations ?

Gérard PLUMIER

* La présentation et l’analyse du «Plan concerté 2006-2010 pour l’emploi des seniors» seront à lire prochainement dans notre dossier «le cas des seniors».

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Jeudi, 08 Juin 2006 13:43 )  

Commentaires 

 
0 # Yves 2006-06-08 13:12 Et ce plan aurait du prévoir… une LUTTE ACTIVE, RÉELLE ET EFFICACE contre toutes les discriminations à l’embauche sur des critères d'âge… dans la fonction publique, dans les entreprises publiques et apparentées (style EDF, SNCF…), dans le privé.

Nos plaintes répétées, légitimes, argumentées et indiscutables en ce sens sont toujours en souffrance dans les arcanes du Palais de Justice de Paris et dans les locaux de la HALDE !
Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # superuser 2006-06-08 13:35 Six syndicats appellent les retraités à défiler jeudi dans les grandes villes de France pour protester contre le plan gouvernemental pour l'emploi des seniors.

Le plan seniors "ne répond ni aux besoins de la société en matière d'emploi (notamment des jeunes), ni aux besoins des retraités à vivre décemment leur retraite", dénonce la CGT dans un communiqué en rappelant que "60% des retraités, dont une majorité de femmes, vivent aujourd'hui avec des pensions inférieures à 900 euros".

"Le 8 juin, à l'appel de leurs six unions confédérales, CGT-CFDT-FO-CGC-CFTC-FGR, les retraités seront présents" dans 58 rassemblements organisés sur toute la France, promet le communiqué.
A Paris, rendez-vous est donné aux retraités d'Ile-de-France à 14h30 à la station de métro Ecole militaire. D'autres rassemblements importants sont prévus à Toulouse, Bordeaux, Marseille et Dunkerque. Dans ces deux dernières villes, la manifestation sera suivie d'un repas convivial.

Dans son communiqué, la CGT réclame une nouvelle fois une revalorisation du pouvoir d'achat des retraites "pour relancer la consommation, et donc développer l'emploi, et permettre aux retraités de vivre dignement leur retraite".

Le gouvernement a présenté mardi son plan national d'action concerté pour l'emploi des 55-64 ans. Il prévoit la suppression de la contribution Delalande car cette taxe sanctionnant les entreprises qui licencient des plus de 50 ans est considérée comme un frein à l'embauche des seniors. Il crée un CDD senior pour les plus de 57 ans au chômage : ce contrat de 18 mois est renouvelable une fois. Il autorise le cumul d'un salaire et d'une retraite jusqu'à 1,6 SMIC. Et il luttera contre les préjugés à travers une campagne de communication lancée en septembre.
Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # superuser 2006-06-08 14:28 Dominique de Villepin a eu droit jeudi à un accueil houleux sur le site de l'usine Peugeot SA à Poissy (Yvelines), où il a été interpellé par une vingtaine de militants CGT dénonçant son plan pour l'emploi des seniors.

Brandissant des banderoles "A bas la précarité" ou "Départ à 55 ans pour les anciens, embauche des jeunes en CDI", les manifestants ont suivi le Premier ministre pendant qu'il visitait la chaîne de montage en scandant au mégaphone : "Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, le plan seniors, on n'en veut pas !".

Face au brouhaha, le chef du gouvernement s'est rendu à la rencontre des militants en lançant : "Est-ce qu'il y a quelqu'un qui peut parler ici ?" L'échange a été houleux.

"Nous voulons un développement des ressources humaines qui permette d'accompagner et de prendre en compte la pénibilité. Cela veut dire l'adaptation des postes de travail, cela veut dire prendre en compte les problèmes de santé", leur a dit Dominique de Villepin.

"Vous ne nous apprenez rien ! lui a rétorqué un salarié, arguant qu'à Peugeot-Poissy, "500 jeunes ont été mis à la porte alors que des anciens, usés par les conditions de travail, ne demandent qu'à partir dans la dignité".

"Ne mélangeons pas tout. Certains veulent partir, mais il y a une grande partie des seniors qui souhaitent pouvoir continuer à travailler", leur a répondu M. de Villepin avant de lancer aux militants CGT : "Vous représentez 20% ici".

"Si on suit bien votre logique, M. Chirac, il ne représente que 19%", lui a rétorqué du tac au tac un syndicaliste, en allusion au score du président au premier tour de 2002. "On voit que, dans les sondages, vous ne représentez que 20% aussi !", a lancé un autre.

"Ne mélangez pas tout ! Une démocratie, c'est plus compliqué que ça… Permettez à chacun dans cette entreprise de s'exprimer et pas uniquement avec un mégaphone", a répondu M. de Villepin avant de poursuivre sa visite.
Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # nanard 2006-06-08 14:56 C'est vraiment pas marrant de voir les médias s'étaler sur les mesures gouvernementale s concernant l'emploi. Qui pourrait me dire depuis quand la création de nouveaux contrats (quelle qu'en soit la nature) permettra de faire baisser le chômage ? Je crois qu'il serait plus juduicieux de se donner les moyens de créer tout simplement… des emplois.
Nos illusionistes font dans la com et préparent les futures échéances éléctorales, l'essentiel étant de faire croire que le chômage baisse. Après avoir villipendé le gouvernement précédant sur les emplois précaires (CES, CEC, emplois jeunes) ils n'ont réussi qu' a changer les mots puisqu'ils se nomment aujourd'hui CA, CAE etc… Tiens au fait, ils ont dit que ces derniers contrats étaient d'une durée d'un an renouvelable une fois. Et bien c'est terminé puisque l'ANPE du Doubs nous a informé avoir reçu une directive préfectorale précisant que ces contrats n'avait plus qu'une durée de six mois renouvelable une fois soit un an au total. Après ils s'en foutent les élections seront passées. Mais chut, il ne faut rien dire.
Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # superuser 2006-06-08 17:11 Lu dans Libération :

Le «CDD senior», rebaptisé «contrat vieux» par ses détracteurs, ne devrait pas faire descendre dans la rue des centaines de milliers de manifestants, comme il y a deux mois le défunt CPE (contrat première embauche). Il est une des principales mesures du «Plan national d'action sur l'emploi des seniors» présenté hier au Conseil économique et sociale par Dominique de Villepin.

Pas de tollé. Ce contrat est pourtant dérogatoire au code du travail. Il introduit, tout comme le CPE, une discrimination par l'âge. Réservé aux plus de 57 ans, il peut être deux fois plus long qu'un CDD classique, et permet donc aux employeurs de maintenir pendant trois ans des salariés âgés dans une situation précaire. Pour autant, il ne suscite pas de véritable tollé chez les partenaires sociaux.

La CGT et Force ouvrière y sont certes hostiles. «Face à un problème d'emploi structurel, la même mauvaise recette est remise à l'ordre du jour : précariser et flexibiliser le travail pour les jeunes comme pour les plus âgés», dénonce la CGT. Mais à la différence du CPE, le CDD senior n'est pas sorti du chapeau du Premier ministre. Il est l'aboutissement d'une longue négociation entre patronat et syndicats, conclue le 13 octobre 2005 par un accord signé par les trois organisations patronales (Medef, UPA, CGPME), et trois syndicats sur cinq (CFDT, CFTC, CFE-CGC).

Aucune des 31 mesures du plan gouvernemental (Libération d'hier) n'est donc une surprise pour les partenaires sociaux. Le Medef, par la voix de sa présidente Laurence Parisot approuve même «totalement l'ensemble des mesures» et la philosophie générale du plan. Côté syndical, au-delà du clivage entre signataires ou non de l'accord du 13 octobre, les réserves portent essentiellement sur le cumul emploi-retraite et la suppression de la contribution Delalande (qui taxe les entreprises licenciant un salarié de plus de 50 ans).

Cumul. Ainsi Gabrielle Simon (CFTC) voit dans le relèvement à 1,6 fois le Smic du plafond autorisé pour le cumul emploi-retraite «une mesure idéologique dans un environnement de chômage de masse». «Le fait de favoriser ce cumul n'encourage pas l'emploi des seniors», estime-t-elle, car «c'est accepter que les seniors soient obligés de travailler pour compenser le faible niveau de leur retraite».

La suppression progressive d'ici 2010 de la contribution Delalande, concentre aussi les critiques syndicales. «La preuve n'a pas été faite que cette mesure a incité les entreprises à ne pas embaucher des seniors», estime Jean-Pierre Rozet (CGT). Cette contribution rapporte par ailleurs 500 millions d'euros par an, dont la moitié est directement reversée à l'assurance-chômage. Les syndicats, cogestionnaires de l'Unedic, CFDT, CFTC et CFE-CGC, s'inquiètent de la disparition de cette ressource. Mais tous sont conscients de l'enjeu : l'Union européenne s'est fixé l'objectif de 50 % de salariés en activité entre 55 et 64 ans. Ce taux est actuellement de 37,5 % en France.
Répondre | Répondre avec citation |
 

Votre avis ?

La France pourrait s’engager plus intensément contre la Russie. Qu’en pensez-vous ?
 

Zoom sur…

 

L'ASSOCIATION

Présentation de l'association et de sa charte qui encadre nos actions et engagements depuis 2004.

 

ADHÉRER !

Soutenir notre action ==> Si vous souhaitez adhérer à l’association, vous pouvez le faire par mail ou par écrit en copiant-collant le bulletin d’adhésion ci-dessous, en le remplissant et en...

 

LES FONDATEURS

En 2004, une dizaine de personnes contribuèrent au lancement de l'association. Elles furent plusieurs centaines à s'investir parfois au quotidien ces 16 dernières années. L'aventure se pou...