
Dès le 1er octobre 2006, c'est environ un million de minima sociaux qui pourront prétendre à une réduction de 75% du prix de la Carte Orange : 780.000 bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC), 100.000 bénéficiaires de l'aide médicale d'Etat (AME), 30.000 allocataires de l'Allocation de parent isolé (API) et 70.000 allocataires de l'ASS (Allocation de solidarité spécifique). Quand aux 214.000 RMIstes de la région, ils auront la gratuité totale début 2007 par le biais d'un coupon mensuel.
La "gratuité progressive des transports en commun aux chômeurs, sous condition de ressources" annoncée en février par M. Huchon, qui était selon lui "une étape nécessaire vers une tarification attentive envers ceux qui souffrent du chômage et de la précarité" n'est hélas pas encore d'actualité. Ils sont pourtant nombreux à vivre en dessous du seuil de pauvreté sans avoir droit à aucune aide pour se déplacer. Question de coût : le projet initial englobant la gratuité totale pour les bénéficiaires de la CMU, de l’AAH, de l’ASS, de l’API et du RMI exigeait un budget de 100 millions d’euros par an… sur les 50 millions alloués, soit 5% du budget Transports 2006.
La région Ile-de-France financera entièrement cette première ébauche de tarification sociale, qui coûtera finalement 87 millions d'euros par an et sera proposée - et très certainement votée - par les élus au Conseil régional du 30 juin, après que le STIF (syndicat des transports d'IDF) aura débattu dès la semaine prochaine des conditions de sa mise en œuvre.
Articles les plus récents :
- 18/06/2006 16:43 - Le revers des délocalisations
- 18/06/2006 15:26 - Thibault a rencontré Parisot
- 17/06/2006 12:13 - 54.500 élèves en plus, 8.500 enseignants en moins
- 16/06/2006 12:51 - Emploi salarié en faible hausse
- 15/06/2006 21:40 - Toujours plus de contrats courts
Articles les plus anciens :
- 14/06/2006 18:36 - Équipe de France, illustration du malaise français ?
- 12/06/2006 19:58 - CNE : des résultats "incontestables" pour de Villepin
- 11/06/2006 17:47 - Fonctionnaires : 15.000 postes en moins en 2007
- 09/06/2006 13:29 - L'insertion des jeunes dans l'emploi se dégrade
- 08/06/2006 19:33 - RMIstes : une baisse s'amorcerait-elle ?
Commentaires
Haro sur les prix. En 2004, les usagers avaient supporté une hausse de 3,4% du prix de leur carte Orange. Désormais, la hausse sera limitée à 1,8% dès le 1er juillet. "Depuis 4 ans, les tarifs ont augmenté de façon exagérée sous l'impulsion du gouvernement et de l'Etat", a dénoncé M. Huchon. "Mais maintenant que nous prenons les commandes du syndicat, l'augmentation des prix sera conforme au taux de l'inflation et n'ira pas au-delà".
Ticket H. Aujourd'hui, pour passer d'une ligne de bus à une autre, il faut changer de ticket. Désormais, il sera unique pour tous les transports. Un projet doit bientôt proposer un titre unique valable partout (train, RER, bus, métro…) durant une heure trente, avec entrées et sorties du réseau à volonté, baptisé «ticket H».
Des métros et RER plus tard le week-end. Les vendredis et samedis soir ainsi que les veilles de fête, métros et RER devraient rouler une heure de plus, jusqu'à 2h15. Ce service devrait être mis en place très rapidement, même si pour l'instant un bras de fer s'est instauré avec les syndicats qui ont appelé à la grève jeudi dernier, réclamant plus de personnel et une garantie de volontariat pour les conducteurs.
Autre grand chantier : le matériel. "Nous allons engager en août une commande pour renouveler le matériel roulant : 330 rames «nouvelles automatrices franciliennes» (NAT), soit presque 45% du matériel d'Ile-de-France, circuleront à partir de 2009 sur le réseau." La rénovation des rames Z2N (à double étage) est également au programme du STIF. Et les «petits gris» auront totalement disparu d'ici à cinq ou six ans.
Priorité à la grande couronne. Tel est le nouveau credo de Jean-Paul Huchon : "Tout le monde s'est accordé sur ce point. Désormais, 50% des crédits seront accordés aux transports en grande couronne, 25% à la petite couronne, et 25% à Paris". Répondre | Répondre avec citation |
Roger Karoutchi, président du groupe UMP au Conseil régional, a dénoncé "une lourde erreur" de la part de Jean-Paul Huchon : "C'est du faux social. Le vrai social aurait été de dire que tout le monde a droit à une réduction, notamment ceux qui paient la carte orange à 140 euros (zone 8)"…
Mission impossible : s'il a fallu passer de 50 millions d'euros à 87 millions pour mettre en place cette tarification sociale, je vous laisse imaginer ce que le "vrai social" proposé par M. Karoutchi aurait couté ! Répondre | Répondre avec citation |
Jeudi 18 novembre 2004, quelques dizaines de militants d’AC! Agir ensemble contre le chômage, de l’APÉIS et du RATP (Réseau pour l’Abolition des Transports Payants) ont manifesté à quelques centaines de mètres du Conseil régional d’Île-de-France pour réclamer, une fois de plus, la gratuité des transports pour les chômeurs, précaires et personnes en grande difficulté financière. Cette gratuité légitimement revendiquée est une des promesses de campagne (la 25e) du candidat Jean-Paul Huchon, élu à la tête de la région IDF.
Ces quelques courageux ont bravé le temps frisquet pour tenter d’obtenir des avancées concrètes sur un sujet qui concerne des centaines de milliers de Franciliens et des millions de Français.
Sur place était distribué un tract émanant du Groupe communiste, alternative citoyenne, républicain (CACR) du Conseil régional d’Île-de-France. On y apprend que la hausse des transports a atteint 20% sur ces quatre dernières années ! Le tract rappelle aussi que, le 22 juin dernier, le Conseil régional a voté un vœu en faveur de la gratuité des transports pour les bénéficiaires de la CMU, du RMI, de l’ASS, de l’AAH (Allocations adultes handicapés), de l’API (Allocation parent isolé), pour les personnes âgées à faibles niveaux de ressources, les jeunes en insertion et les autres personnes en grande difficulté financière.
Actuellement, une Carte orange mensuelle zones 1 et 2 (la moins chère) est vendue 50,4 euros par la RATP. La plus onéreuse, zones 1 à 8 : 136,9 euros. Pour un bénéficiaire du RMI ou de l’ASS résidant en grande banlieue parisienne, l’achat d’un coupon zones 1 à 8 correspond à 33% de son allocation mensuelle (ce calcul ne prend pas en compte les aides au déplacement dispensées par le STIF, le Syndicat des Transports d’Île-de-France). Et on peut extrapoler ce dilemme insurmontable à toutes les régions de France, à quelques nuances prêt.
Voilà quelques données qui placent bien le coût des transports au cœur du débat sur la Cohésion sociale si «chère» à nos dirigeants. Il faut même parler ici de Justice sociale.
Car la gratuité et le tarif unique solutionnent bien des problèmes :
• Sortir les «démunis» de leur isolement en leur permettant d’honorer d’éventuels entretiens d’embauche, mais également de resserrer les liens sociaux avec leurs proches (famille, amis…), les administrations , les associations d’entraide…
• Réduire les inégalités.
Les Français les plus riches (mais aussi nombre de cadres supérieurs, moyens…) se déplacent en véhicules de fonction dont ils ne paient ni l’achat, ni l’entretien, ni le carburant. D’autres voient tout ou partie de leurs frais de déplacement (en taxi ou avec leur véhicule personnel) pris en charge par leur employeur. Pour leur part, les personnes démunies n’ont plus les moyens de vivre en centre ville ou en proches banlieues. Elles sont contraintes de s’exiler, d’où un accroissement proportionnel de leur facture transports.
• Rendre obsolètes toutes les mesures prises pour sanctionner la fraude (contrôleurs, agents de sécurité, caméras de surveillance, tourniquets «infranchissabl es»…) qui engendrent des dizaines de millions d’euros de dépenses pour les entreprises de transport en commun (sans grande efficacité au final, car on ne pourra jamais assigner à résidence une personne démunie qui a absolument besoin de se déplacer).
• Mettre un terme définitif aux condamnations de chômeurs, précaires et démunis à des peines de prison ferme. L’un d’eux, François Thonier, a récemment écopé de 2 mois de prison ferme pour un délit de «fraude habituelle» institué par la Loi de Sécurité Quotidienne (LSQ). Un vrai scandale ! Une procédure d’autant plus injustifiée (pour ne pas dire stupide) que des dizaines de personnes «insolvables» sont poursuivies chaque mois en France, ce qui a pour fâcheux effet d’engorger un peu plus les tribunaux.
• Réduire les altercations entre les usagers des transports et les services de contrôle et de sécurité. Limiter ainsi les violences verbales, voire physiques…
• Soulager la dépendance énergétique de la France et la facture induite…
• Limiter la pollution atmosphérique, l’émission de gaz à «effet de serre», l’accroissement des maladies respiratoires et cardiaques, et tous les problèmes de santé liés à la dégradation de l’air (notamment chez les enfants et les personnes âgées)…
• Réduire les nuisances sonores (un aspect, certes, relativement anecdotique mais…).
…/…
Et cette liste de «bienfaits» sociaux et écolo n’est pas exhaustive.
Oui, la gratuité des transports pour les personnes démunies et la réduction de leur coût pour l’ensemble des Français sont bien une Grande Cause nationale. Elles seront bénéfiques à tout le monde et contribueront à rendre notre société plus humaine, plus juste, plus solidaire… Répondre | Répondre avec citation |
Un extrait de l'interview :
Actuchomage : Depuis mars dernier, vous êtes vice-présidente du Conseil régional d’Île-de-France. Cette étape dans votre parcours de militante de terrain vous offre-t-elle une «reconnaissance institutionnell e» ?
Claire VILLIERS : Il ne s’agit pas de reconnaissance. Non, ce n’est vraiment pas ce que je recherche ! Quand je me suis engagée dans la campagne électorale aux côtés de Marie-George Buffet pour la Gauche Populaire et Citoyenne, j’ai continué à défendre mes valeurs et à exercer des responsabilités . Aujourd’hui, je poursuis le combat dans les institutions, et j’ai la chance d’être toujours sur le terrain puisque je fais partie d’une nouvelle délégation qui est la Démocratie régionale. Le mandat est différent, mais l’engagement reste le même : la Région est un outil supplémentaire pour exercer la démocratie - la vraie -, celle qui construit des rapports de force et non celle qui s’affiche avec des paillettes. Et la Démocratie régionale est un outil qui permet de résister et de faire surgir les vrais besoins.
Mais ensuite apparaissent des contradictions, car pour mettre en œuvre ce que l’on a dit, on se rend compte qu’il y a de vrais blocages entre ce que l’on veut faire et ce qu’il est possible de réaliser. Un exemple concret : les transports gratuits pour les chômeurs. Comment faire avancer cette cause pour laquelle on se bat depuis des années ? On se rend compte que c’est très long, non seulement d’un point de vue institutionnel, mais aussi parce qu’il faut aussi convaincre tout le monde de l’importance et de l’urgence de cette proposition. Ce n’est qu’à partir de juillet que la Région va être aux manettes du Stif (le Syndicat des Transports d’Ile-de-France) ; nous pourrons alors peser sur ses orientations. Mais le financement de la gratuité représente un budget de l’ordre de 300 millions d’euros, et nous souhaitons la participation de l’Unedic et du Garp, et pourquoi pas, des patrons (pourquoi ces derniers ne paieraient-ils pas la Carte orange de ceux qu’ils licencient pendant un an ?). Il faut organiser des tables rondes sur ce sujet et mener la bataille politique. Il faut des élus régionaux qui soient proches de la vie et manifestent une véritable volonté politique. (…)
Lire toute l'interview de Claire Villiers dans "Nous les avons invité(e)s", "Interviews 2004/2005". Répondre | Répondre avec citation |
Inscriptions au 0810 712 712 (numéro Azur) Répondre | Répondre avec citation |