Le nouveau "groupe de suivi du plan" réuni mardi par le ministre délégué au Travail Gérard Larcher devra avant tout "réfléchir" à une réforme du dispositif de dispense de recherche d'emploi des chômeurs de plus de 55 ans. "Cette question est un vrai sujet", a affirmé Gérard Larcher, sans pour autant évoquer sa suppression totale. "On aurait tort de penser que tous les DRE sont en situation comparable", a-t-il dit, rappelant la diversité des situations des 415.600 chômeurs concernés par cette dispense. "Un tiers d'entre eux sont des bénéficiaires de l'ASS" (allocation spécifique de solidarité) et "près de la moitié sont au chômage depuis au moins un an".
M. Larcher a avancé des "pistes" de réforme de la DRE comme la modification du critère d'âge, ou l'ajout au critère de l'âge d’"un ou plusieurs autres critères", par exemple l'ancienneté d'inscription à l'ANPE... "Il faut que le groupe de suivi y réfléchisse", a-t-il demandé. De son côté, tandis qu'ils réfléchissent, le directeur général de l'ANPE Christian Charpy reconnaît qu'il y a "un travail à faire auprès des antennes ANPE pour faire changer le regard sur les seniors" et cesser de proposer la DRE comme une solution aux difficultés de retrouver un travail après cet âge.
La DRE est pourtant vécue comme un soulagement quand, après des années de recherche infructueuse, le chômeur - trop âgé pour les recruteurs - est enfin libéré de la pression qu'exerce sur lui le service public de l'emploi. Même si une grande partie des "dispensés" continue à chercher, ils savent bien que le marché du travail ne veut pas d'eux : la DRE, simplement, atténue l'aspect schizophrénique de leur situation.
Toucher à la DRE, c'est le degré zéro de la politique de l'emploi : car ce n'est pas en l'altérant que tous ces chômeurs seront davantage "incités" à retravailler, puisque que ce sont les employeurs qui, d'office, les discriminent et sont les principaux responsables de cet ignoble gâchis.
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Commentaires
Le Premier ministre estime que les salariés devront "travailler plus longtemps" pour assurer la "pérennité des retraites" et plaide pour un examen "au cas par cas" des régimes spéciaux, selon les conclusions du dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites.
Une fois de plus, Dominique de Villepin est-il l'homme qui n'a rien compris ? Car le problème de l’emploi des seniors reste récurrent malgré le plan d'action concerté du gouvernement de juin 2006, qui a lui-même succédé à l'accord interprofessionnel entre syndicats et patronat signé au mois de mars.
Structurel selon Annie Thomas, présidente CFDT de l'Unedic, qui dénonce "le double langage d'un patronat qui négocie un accord (en faveur de l'emploi des seniors) d'un côté, mais agit différemment dans les entreprises. […] Les chefs d'entreprise se séparent en premier lieu des seniors (1). Les salariés, bien souvent, s'en accommodent et parfois, les syndicats utilisent ce dispositif pour régler des situations difficiles, lors de plans sociaux par exemple". Et d'ajouter qu'à ses yeux "la politique de maintien dans l'emploi des seniors reste très virtuelle"…
Pour preuve : à la fin du mois de novembre 2006, ils étaient très exactement 415.593 laissés sur le carreau et dispensés de recherche d'emploi (2), représentant 20% des inscrits à l'ANPE sans faire partie d'aucune de ses 8 catégories. Leur population croît de plusieurs milliers chaque mois : en 2006, le nombre des "DRE" a augmenté de 2% auquel il conviendrait d'ajouter quelque 100.000 seniors supplémentaires qui ne perçoivent aucune indemnisation, tous exclus des statistiques officielles du chômage ! Des chiffres accablants qui contredisent les discours volontaristes du gouvernement, des partenaires sociaux et autres préconisations ineptes du COR ou de l'OCDE, qui répètent à l'envi qu'il convient de travailler plus longtemps (alors qu'il manque au minimum 2 millions d'emplois en France) et d'accroître l'emploi des seniors (alors qu'ils sont les plus discriminés sur le marché du travail et de la formation professionnelle ).
(1) Rappelons que les employeurs estiment qu'un salarié devient trop vieux, trop cher et pas assez malléable dès qu'il dépasse l'âge de 35 ou 40 ans.
(2) La DRE concerne : • les allocataires de l'assurance-chômage âgés de plus de 57 ans et demi • ceux de plus de 55 ans qui ont cotisé les 160 trimestres nécessaires pour prétendre à l'assurance-vieillesse à taux plein • les titulaires de l'allocation spécifique de solidarité (ASS) de plus de 55 ans • les bénéficiaires de l'allocation équivalent retraite (AER).
Cette dispense est un choix personnel, aucunement obligatoire. Répondre | Répondre avec citation |
Dans la droite ligne des engagements successifs pris par tous les partis au pouvoir depuis 15 ans envers ces instances européennes fanatiquement libérales et dans celle des préconisations de l'OCDE, on peut parier sur la suppression pure et simple de la dispense de recherche d'emploi à court/moyen terme. Le délai n'est pas un facteur innocent pour les actuels "dispensés" mais je crains que même un nouveau gouvernement de gauche n'assume pas de se démarquer du mouvement général.
Le discours actuel sur le travail des seniors n'est qu'une suite de mots sans réalité, nous le savons bien. L'échec du CDD Seniors est la vraie réponse des entreprises. Même un gouvernement de menteurs hypermédiatisés se fait rattraper par la réalité… Répondre | Répondre avec citation |
“fanatiquement libérales”
Ce que vous dénoncez n’est pas dû au libéralisme ; d’ailleurs notre pays n’est absolument pas libéral. Le traitement du chômage en France n’est pas libéral mais étatique, ne serait-ce que l’existence de l’ANPE. L’éventuelle suppression de la DRE entre dans une logique étatique et administrative : des contraintes ineptes sur des chômeurs qu’on forcerait à nouveau à chercher des emplois qui n’existent pas. Répondre | Répondre avec citation |
Mais il sera + percutant
de réintégrer tous ces exclus dans les statistiques du chomage,( pas sur que cela arrange tout le monde …)
et de secouer les mentalités qui considèrent la DRE comme une forme de préretraite.
Bien des salariés sont dans cet état d'esprit,
- ceux qui sont persuadés d'etre bien à l'abri dans leur poste et ne veulent pas voir recruter " un vieux" comme collègue ou collaborateur.
-ceux qui souffrent dans leur job et se disent : pourquoi pas moi, en DRE je pourrai tranquillement "attendre" la retraite.
Accuser simplement les employeurs, le système, le libéralisme, le gouvernement ou le fameux " ILS" anonyme est trop simple.
C'est le regard de chacun qui doit changer, y compris sur sois-meme, et s'il faut faire l'effort d'aller affronter ANPE et Cie, c'est peut-etre le prix à payer.
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Ils n'ont pas d'autre choix que celui de subir : seuls les recruteurs et les employeurs ont le choix de les garder ou de les embaucher, ce qu'ils ne font justement pas. Et je rappelle qu'on est maintenant senior dès 40 ans sur ce marché : la route est donc très longue.
Mais les DRE ne sont pas si invisibles que ça puisqu'on sait aujourd'hui qu'ils sont 415.000 à ne pas figurer dans les statistiques officielles, ce qui est une énormité !!!
L'important c'est de le dire, de le faire savoir, d'en faire parler, et justement la polémique actuelle autour des chiffres du chômage permet de lever le voile sur ce scandale : on sait que les chiffres sont truqués, que ce soit pour les seniors ou pour toutes les autres catégories particulières de chômage.
S'il faut supprimer la DRE parce qu'elle redonne un statut de "chômeur officiel" (catégorie 1) "reconnu", c'est un avantage bien mince puisque la pression du service de l'emploi est forte voire dissuasive. Le rôle de l'ANPE est nul dans cette affaire, sinon d'obéir à un gouvernement hypocrite qui laisse s'installer le chômage mais fait semblant de lutter contre en réduisant toujours plus le choix des chômeurs et leur dignité, tout en offrant toujours plus de liberté et d'exonérations aux entreprises. Si la seule dignité que peut éprouver un senior est celle de rester en catégorie 1, mais être en contrepartie l'objet des manipulations hypocrites du système, c'est mettre bien bas le niveau de dignité. Avoir la paix est aussi une dignité qui s'envisage.
Je rappelle, pour conclure, que la DRE est un choix personnel, et non imposé par l'ANPE. Retirer cette option aux chômeurs âgés est aussi hypocrite qu'inopérant. Répondre | Répondre avec citation |
“Le seul avantage qu'elle apporte au chômeur âgé c'est de se voir officialisé dans son statut d 'exclu”,
Qu’en savez-vous ? Connaissez-vous des gens qui sont dans ce cas-là et leur avez-vous demandé leur avis avant d’énoncer cela péremptoirement ?
Je connais quelques dispensés de recherche d’emploi : ils se fichent pas mal de ne plus être comptés parmi les “demandeurs d’emploi”. Ils sont bien contents de ne plus avoir sur le dos ces obligations imbéciles imposées par l’administratio n - surtout depuis le suivi mensuel - de devoir faire des “actions” et apporter des “preuves de recherche d’emplois”, emplois qui n’existent pas !
“Mais il sera + percutant de réintégrer tous ces exclus dans les statistiques du chômage,”
Et surtout de les emmerder, les stresser et les inquiéter pour rien : le but n’est pas de leur faire retrouver un emploi mais de les radier et de leur sucrer leurs (maigres) allocations pour faire économies de bouts de chandelle.
Vous nous sortez de belles théories sur le chômage et sur des gens que vous ne connaissez pas.
C’est déjà assez dur pour eux d’avoir été licenciés, de perdre leur niveau de vie, leurs relations, de n’avoir pour vivre que de maigres allocations, en général insuffisantes, ce qui fait qu’en réalité, bien qu’étant dispensés, la plupart cherchent quand même une activité rémunérée, mais sans avoir à perdre du temps et de l’argent avec les obligations inutiles de l’ANPE. Alors comme l’a déjà très bien dit Superuser, foutez la paix aux chômeurs. Répondre | Répondre avec citation |
En effet, les chiffres fournis par l'Assedic sont ceux indemnisés d'une façon ou d'une autre : AUD (allocation unique dégressive), ARE (allocation de retour à l'emploi), ASS (allocation de solidarité spécifique) ou AER (allocation équivalent retraite).
En 2004 (dernière étude connue), pour 150.100 nouveaux chômeurs en DRE, 121.300 étaient indemnisés (80,8 %) et 28.800 ne l'étaient pas (19,2 %). Les nouveaux chômeurs en DRE constituent un flux, ceux présents en DRE à un moment donné constituent un stock. Cependant, la proportion de DRE indemnisés ou non dans le stock est identique à celle dans le flux d'entrée car il n'y a aucune raison qu'il en soit autrement.
Autrement dit, pour 1000 DRE indemnisés et comptabilisés par les Assedic, 238 supplémentaires ne sont pas comptabilisés (192/808). N'étant plus tenus de justifier de leur recherche d'emploi, ceux-ci disparaissent du fichier historique statistique (FHS) de l'Anpe. N'étant pas indemnisés, il n'existent pas davantage dans les fichiers des Assedic.
En conséquence, pour 415.600 DRE indemnisés, nous avons un nombre total de 514.500 DRE (415.600 x 1,238), indemnisés ou non. La proportion de 2004 a été conservée, à défaut d'information plus récente. Cela n'enlève rien à la qualité de l'estimation.
C'est l'information recherchée depuis quelques temps, trouvée et démontrée.
Source : Dares - Pips n° 24.1 de juin 2006 (Fin 2004, la dispense de recherche d'emploi concerne près de 6 % des 55-64 ans)
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Travailleurs âgés - handicapés : même combat
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Certes ce sont les entreprises qui virent les "seniors" (qui sont de plus en plus jeunes, et les raisons citées ci-dessus sont les bonnes: trop chers et pas assez malléables) et qui par ailleurs et manifestement n'embauchent quasiment pas, même en CDD séniors. Pourtant la stratégie (constamment réaffirmée dans les préconisations de l'OCDE ou des institutions européennes) consiste à augmenter le taux d'activité de ces populations.
D'un autre côté, repousser l'âge de la retraite ou remettre en cause les DRE vise un objectif simple: diminuer les pensions de retraites versées, car qui pourra avoir tous les trimestres nécessaires? D'où des pensions partielles… Par ailleurs si les DRE sont réformées, là encore les seniors seront PRESSURISES car trop jeunes pour une retraite vivable et plus de filet lié aux dispenses (qui de fait sont une forme de préretraite déguisée).
Et un citoyen PRESSURISE est un citoyen plus docile (enfin tant qu'il accepte de l'être) et à même de revoir ses prétentions à la baisse!
Un senior à -40 ou -50%, en solde donc (une nouvelle forme de "promotion"), parce que n'ayant comme option que le chômage pour une durée finie sans possibilité de dispense, ou bien la retraite à taux très incomplet avec un montant ne permettant pas de vivre, c'est un senior qui peut redevenir une bonne affaire pour les boites…
Encore une fois, le principe derrière le NAIRU est la PEUR et la PRESSION pour exercer un contrôle social et obtenir une docilité comportementale et salariale, le chômage strict est un moyen qui a été utilisé depuis 25 ans (NAIRU au sens strict), mais le U de NAIRU (Unemployement) peut être aisément remplacé par toute autre pression: précarité ou insécurité économique organisée.
Cette double réforme des retraites et des dispenses constitue les deux faces d'un même scénario très cohérent dans le fond. Même si au jour d'aujourd'hui la lisibilité de la chose peut paraître paradoxale.
Je remets ici la phrase récemment employée dans un rapport de l'OCDE, et qui est à garder dans un coin de sa tête et à méditer:
« Les réformes structurelles, qui commencent par générer des coûts avant de produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition politique moindre si le poids du changement politique est supporté dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme, dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins organisés »
Perspectives de l'emploi de l'OCDE (2006). Stimuler l'emploi et les revenus.
La réforme des DRE sera la tête de pont de ce qui concernera d'ici peu l'ensemble des salariés…
GdB
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