A l'unisson pour ne donner aucune consigne de vote, les confédérations ont dans l'ensemble fait preuve d'une prudente réserve face aux propositions des candidats, afin de ne pas laisser accroire un quelconque soutien à l'un ou l'autre prétendant à l'Elysée.
Salaires, emploi, protection sociale : les leaders syndicaux se sont certes félicité de la prise en compte des thèmes sociaux dans cette campagne, contrairement à leur éclipse en 2002. Mais ils restent critiques : absence "de vision pour la France" chez les candidats déplorée par François Chérèque (CFDT), "campagne marketing et zapping" jugée "décevante" par Jean-Claude Mailly (FO).
Questionnaires aux candidats, débats publics avec leurs représentants, les syndicats ont tenté d'éclairer les programmes et la plupart ont rencontré, au moins, François Bayrou (UDF), Ségolène Royal (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP) - sauf Bernard Thibault (CGT) qui n'a vu que Mme Royal (PS) et Marie-George Buffet (PCF).
Plat de résistance de ces discussions : l'accent donné au dialogue social, un sujet crucial pour des syndicats échaudés par deux ans "d'autisme" du gouvernement sortant à leur égard. Si, sur le papier, l'ensemble des candidats insiste sur l'importance de la négociation avec les partenaires sociaux, les syndicats ont pointé des déclarations laissant craindre une attitude différente de l'élu(e) une fois aux manettes. De ce point de vue, M. Sarkozy s'est attiré les plus vives critiques en proposant - sans concertation - une loi service minimum dans les transports et un vote à bulletin secret dans les entreprises après huit jours de grève. "Nous sommes contre une loi directe, sans espace de négociation, qui remettrait en cause le droit de grève", a prévenu M. Chérèque, à qui le candidat UMP s'est contenté d'assurer qu'il respecterait la loi de modernisation du dialogue social, qui impose une concertation des partenaires sociaux avant toute réforme du droit du travail. M. Thibault est allé plus loin, affirmant que la "remise en cause du droit de grève" prônée par M. Sarkozy rapprocherait la France "d'un système dictatorial".
M. Chérèque a aussi critiqué la proposition de M. Bayrou d'organiser un referendum sur les retraites. Cette réforme doit "être négociée avec les partenaires sociaux puis votée par les députés", a-t-il prévenu.
Le Contrat première chance, proposé par Mme Royal pour favoriser l'emploi des jeunes sans qualification dans les petites entreprises, a surpris les syndicats. Une responsable de la CFDT, Laurence Laigo, s'est dite "perplexe sur la méthode" employée, soulignant que cette mesure déjà "ficelée" ne laissait "plus de place pour le dialogue social". Les métiers de l'artisanat auxquels pensent Mme Royal "exigent justement de bonnes qualifications", a-t-elle fait remarquer.
Chez M. Sarkozy, les syndicats réfutent le slogan "travailler plus pour gagner plus" que M. Mailly juge "impossible à mettre en oeuvre", et contestent l'idée de TVA sociale, "inégalitaire" selon M. Thibault. Ce dernier a aussi accusé M. Sarkozy d'avoir repris "mot pour mot" la proposition du Medef d'instaurer une rupture du contrat de travail "par consentement mutuel".
(Source : Le Nouvel Obs)
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