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Salaires des PDG : surenchère à droite

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La droite, qui n'a pas bougé pendant cinq ans, propose une loi sur les abus.

Sus à la «prime à l'incompétence». Les indemnités de départ versées à Noël Forgeard après son éviction d'EADS s'invitent dans la présidentielle. Et, encore une fois serait-on tenté de dire, la droite essaie de prendre Ségolène Royal, la candidate PS, par sa gauche. Avec une bonne dose de mauvaise foi et de culot politique, l'UDF et l'UMP proposent de sévir par voie législative une fois les élections passées contre les abus patronaux. Là où pendant cinq ans la droite s'est abstenue de bouger le petit doigt. Mais en campagne, tous les coups sont permis. Y compris les plus gros.

Assaut. A tel point qu'hier on a assisté à une remarquable course à l'échalote de l'indignation. Première à dégainer, Royal, sur France 2. Hier matin, elle dénonce le «scandale». «C'est une provocation, surtout dans cette entreprise où l'Etat est actionnaire, l'Etat aurait très bien pu s'opposer à cette façon de faire.» Elle promet, si elle est élue, de «rendre publique la rémunération des hauts dirigeants des entreprises dont l'Etat est actionnaire». Bien, mais peut mieux faire. La disposition existe déjà. Et ne règle pas grand-chose. Un peu plus tard dans la matinée, son porte-parole Arnaud Montebourg durcit le ton. «Il serait avisé que M. Forgeard rembourse ses émoluments», lance-t-il. Montebourg est d'autant plus qualifié pour aller au front qu'il est l'auteur, avec le député de Paris Christophe Caresche, d'une proposition de loi déposée en 2004 qui visait notamment à «réglementer les salaires des dirigeants». Et «obliger les assemblées générales d'actionnaires à fixer la fourchette entre le plus petit salaire et le plus élevé, de manière à construire un rapport de confiance entre la totalité des salariés et les dirigeants». A l'époque, le texte avait enthousiasmé mollement le PS. Mais surtout, l'UMP avait voté contre alors que l'UDF s'était abstenu. Alors, hier soir, à Metz, en meeting, Royal corrige le tir de sa première déclaration et somme cette fois M. Forgeard de «rendre l'argent».

Il faut dire qu'entre temps les deux partis de droite sont montés à l'assaut des salaires exorbitants des patrons comme si de rien n'était. Du côté de Bayrou, on propose une «loi de moralisation de la vie économique» pour éviter les «parachutes dorés et les énormes» primes accordées à certains grands patrons. Le candidat prône la «transparence» pour en finir avec le capitalisme de «connivence». Une attitude assez raccord avec l'abstention sur le projet socialiste.

«Chaos». L'UMP, par la voix du nouveau président de l'Assemblée, Patrick Ollier, toute honte bue, y est allée aussi de son couplet sur la moralisation des affaires. «Ce qui se passe n'est pas acceptable, a expliqué Ollier hier. En cas d'échec industriel, on doit pouvoir empêcher un patron de lever ses stock-options». Ollier rappelle qu'en tant que président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée il avait fait convoquer en juin dernier Noël Forgeard et l'avait averti qu'exercer ses options au moment de son départ risquait «de provoquer le chaos».
Mais la droite se refait une morale financière à peu de frais. Ressortant à l'occasion une liste de propositions pour «réconcilier les Français avec l'entreprise». Et oubliant que, entre novembre 2003 et avril 2004, une commission parlementaire menée par Pascal Clément, pas encore ministre de la Justice, avait déjà planché sur la rémunération des patrons. Sans aboutir à rien. Mais c'est vrai qu'à l'époque on n'était pas à dix jours du premier tour de la présidentielle.

(Source : Libération)

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Mis à jour ( Vendredi, 13 Avril 2007 11:55 )  

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