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Accueil Social, économie et politique Pas de formation pour les plus de 45 ans

Pas de formation pour les plus de 45 ans

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Le témoignage de Marie D. :

D'après nos candidats, les "seniors" vont aller en formation. Notamment les femmes de plus de 45 ans. Etant depuis dix ans en ASS (allocation de solidarité spécifique - 14,51 € par jour), je décide de changer de secteur, espérant ainsi pouvoir envisager un jour, ô miracle, de retravailler. Subissant bien évidemment le contrôle mensuel des chômeurs, je me rends tous les mois à l'ANPE qui, elle, n'a rien à me proposer. J'envoie, moi, une lettre par jour suite à des offres recueillies sur internet. Sur 30 candidatures, je reçois 4 réponses négatives. Mais, ô surprise, au fil de mes recherches, je découvre une formation en informatique qui débute en septembre et dure un an.

Je me rends donc au centre AFPA de ma ville, à pied, une heure de marche : l'espoir fait vivre (les chômeurs n'ont pas de voiture, du moins ceux qui vivent avec 450 € par mois, n'en déplaise à un certain livre paru). A peine arrivée, je suis reçue par la psychologue du travail qui ne me fait même pas passer les tests car, dit-elle, compte tenu de mon âge, ce n'est même pas la peine, les entreprises licenciant à 45 ans !
De plus cette dame, très étonnée du fait de mes dix ans d'ASS, avait beaucoup de mal à comprendre la précarité. Il faut encore expliquer de nos jours qu'avec 450 € il est impossible de se loger ailleurs pour chercher du travail, et pour peu qu'il y en ait. Que, de plus, de refus en refus, l'exclusion est un peu plus intense chaque jour. Il est juste regrettable que des gens "spécialisés" ne puissent comprendre cette spirale. Donc, pas étonnant par la suite que la campagne électorale se porte sur la culpabilisation des chômeurs.

Mais, au moins pour ce qui me concerne, que penser de ce bel exemple de refus de formation à une chômeuse de très longue durée, sous prétexte de son âge et par un centre AFPA, de surcroît ?

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Mis à jour ( Jeudi, 03 Mai 2007 17:13 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2007-05-03 17:05
C'est Jean-Pierre Revoil, directeur général de l'Unedic jusqu'au 9 mai, qui a dit récemment que "pour faire converger offres et demandes, former les demandeurs d’emploi, l’Unedic a mis 350 millions d’euros sur la table en 2006. Mais seuls 62% de ces crédits ont été consommés. C’est quand même un problème !"

Depuis six ans, grâce à l'Enquête BMO (besoin en main d'œuvre) réalisée annuellement en partenariat avec le Crédoc, l'Assedic et le Garp, l'UNEDIC fixe son budget et ses actions en fonction des "intentions d'embauche" des employeurs (qui ne sont que 30% à répondre…), et ses "prévisions" en matière de formation collent strictement aux besoins exprimés. Plus question de faire ce qu'on aimerait : il faut se plier aux besoins du marché. Aujourd'hui, on ne peut plus se reconvertir par le biais d'une formation longue et qualifiante : celles que l'on vous propose ne durent que 4 mois maximum. Sinon il reste l'hypothétique "validation des acquis de l'expérience" (VAE).

Ainsi, en 2004, seulement 7% des chômeurs ont bénéficié d'une formation, et la DARES a pointé un accès qui reste très limité et très inégalitaire (diplôme, âge, indemnisation…) malgré le "projet d'action personnalisé" (PAP) mis en place depuis juillet 2001 et l’"accompagnement renforcé" pour les plus en difficulté. Les formations sont rarement proposées aux chômeurs non indemnisés ou à ceux qui ont plus de 45 ans.

Laisser les privés d'emploi à l'abandon sur ce terrain est une grave erreur, non seulement en matière de lutte contre le chômage, mais surtout en gâchis de compétences et en perte de compétitivité pour le pays.
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0 # superuser 2007-05-03 17:13 Extrait de Service public de l’emploi : peut mieux faire, un dossier d'ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES que nous vous conseillons de lire en entier…


(…) Par ailleurs, même si les sanctions sont légitimes, à condition de trancher ce débat sur l’emploi «convenable», elles nécessitent des contreparties : une indemnisation correcte des chômeurs et une offre de formation satisfaisante. Or, les chômeurs français sont parmi les moins bien indemnisés d’Europe. En mai 2006, seuls 47,8% d’entre eux touchaient une allocation chômage (voir encadré page 58).

Le tableau n’est pas plus flatteur en matière de formation. Principal grief : la dispersion. «Il y a un éparpillement étonnant d’acteurs en la matière, souligne Carole Tuchszirer, économiste du travail à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Interviennent à la fois les conseils régionaux, qui ont maintenant une compétence générale sur la formation professionnelle , l’Unedic, qui depuis l’instauration du PARE a mis en place ses propres dispositifs de formation, l’Etat, à qui il reste des contrats aidés, et l’AFPA, qui reçoit des crédits de l’Etat qui seront bientôt transférés aux régions. C’est le fait que le chômeur est indemnisé ou non qui définit les formations auxquelles il a droit, alors que ce devrait être la distance qui le sépare de l’emploi. Résultat : les demandeurs d’emploi sont largement évincés de la formation professionnelle

D’après l’Enquête Emploi de l’INSEE, seulement 15% des personnes ayant connu une période de chômage en 2003 auraient suivi une formation au cours de cette année. En outre, ce sont toujours ceux qui ont le meilleur niveau initial qui bénéficient le plus des formations : en 2003, 27% des cadres au chômage ont suivi une formation contre seulement 17,5% des employés et 10% des ouvriers en recherche d’emploi, alors que ces deux catégories sont les plus en difficulté sur le marché de l’emploi (voir graphique page 57) et devraient bénéficier en priorité des actions de formation.

Par ailleurs, les formations d’accès rapide à l’emploi sont financées majoritairement par l’Unedic, en direction de ceux qui relèvent de l’assurance chômage. Quant aux formations qualifiantes de l’AFPA, elles concernent davantage les chômeurs les plus en difficulté, mais elles induisent d’assez longs délais d’attente (jusqu’à neuf mois), suscitant un taux élevé d’abandons. (…)
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0 # superuser 2007-05-03 17:20
Suivre une formation, c'est l'espoir d'un très grand nombre de chômeurs. On comprend pourquoi : sur la plupart des postes ne demandant pas de qualification particulière, le nombre des candidatures est tel que les chances de chacun sont très minces. Un diplôme d'aide soignante, un formation de conducteur poids-lourd est la condition sine qua non pour accéder au métier correspondant. Or accéder à l'un de ces métiers est non seulement la chance de faire quelque chose de plus intéressant, mais aussi d'évoluer sur un marché du travail moins concurrentiel.

Au début des années 90 encore, les possibilités pour les chômeurs d'accéder à de bonnes formations (les stages qualifiants) étaient réelles. Parmi les salariés d'aujourd'hui, du privé comme du public, nombreux sont ceux qui, dans ces années-là, on pu mettre à profit une période de chômage pour se reconvertir. La formation qualifiante était vécue à la fois comme un droit pour les chômeurs et comme un investissement pour la société.

Petit à petit, les choses ont commencé à se gâter. Comme d'habitude, les plus faibles ont été les premiers à essuyer les coupes budgétaires. Les stages d'alphabétisation , dont les femmes des familles immigrées étaient les principales bénéficiaires, ont fondu comme neige au soleil. Pour être remplacés le plus souvent par des actions de formation à temps partiel et de très courte durée. Non rémunérées, bien évidemment il ne fallait plus donner aux femmes immigrées l'occasion de gagner quelques sous sans faire en contre-partie le ménage dans nos bureaux.

Ensuite, ce sont les stages réservés aux chômeurs les plus en difficultés et financés par l'État qui furent atteint du syndrôme de la peau de chagrin. Leur nombre diminua et leur durée aussi. Dans les derniers temps (il faut parler d'eux au passé, puisqu'ils ont complètement disparu) ils avaient du mal à dépasser les 3 mois. Autant dire qu'à part le permis poids lourd, ils ne pouvaient plus servir à grand chose en terme d'accès direct à l'emploi. Malgré tout, à cette époque des stages de moins de 3 mois, à la disposition directe de l'ANPE, permettaient encore de financer une licence cariste, par exemple.

Aujourd'hui le paysage est simple, désolé, pourrions-nous dire. Depuis que l'État s'est complètement dégagé du financement de la formation pour les demandeurs d'emploi, il ne reste plus que l'Unedic, d'une part, et le Conseil Régional, d'autre part comme financeur. L'Assedic ne finance que pour ses allocataires, soit moins de la moitié des chômeurs. Par la force des choses, le Conseil Régional reste la seule possibilité pour les chômeurs non indemnisés.

La politique de ces deux institutions est de plus en plus convergente : financer des formations là où les employeurs se plaignent de manquer de personnel. Exit le droit à la formation, bonjour l'adaptation de la main d'œuvre disponible aux «besoins des entreprises». Exit les qualifications, références des conventions collectives, bonjour les «compétences» reconnues au cas par cas par l'employeur et perpétuellement remises en cause.

Bizarrement, les changements de majorité récents dans la plupart des Conseils Régionaux ne se sont pas traduits par une inflexion significative quant à cette politique. Une conception étriquée, utilitariste de la formation des demandeurs d'emploi prédomine toujours. Et les organisations patronales ont toujours la haute main sur cette question, stratégique pour elles. On remarquera au passage que les anciens marxistes ne manquent pas parmi les spécialistes de la formation, y compris dans les organisations patronales. Tout à fait au courant des enjeux, mais ayant retourné leur veste, ils suivent l'air du temps.

Bien sûr, un demandeur d'emploi qui expose son projet de préparer tel ou tel diplôme pour affronter le marché de l'emploi dans de meilleures conditions, se verra rarement exposer tout ce qui précède. Par contre, il s'entendra répondre que son projet n'est pas réaliste, qu'il n'a pas vraiment cherché à savoir s'il y avait du travail dans ce secteur. Qu'il ne se rend pas compte de la difficulté… Personne n'aura vraiment le courage de lui expliquer que les fonds pour la formation ont diminué et que les employeurs font la pluie et le beau temps, y compris avec son argent.

Au final, il rentrera chez lui déçu, se demandant ce que signifie le droit à la formation. Il comprendra qu'il n'a pas d'autre choix que de rentrer dans le rang et de solliciter avec cinquante autres la mission d'intérim ou le CDD de manutentionnair e qui sera proposé le lendemain.

Quel gâchis !

(Source : Le weblog de Jean Ploi, le blog qui parle d'emploi sans langue de bois)
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0 # superuser 2007-05-03 17:31 Jean-Pierre Revoil l'exprime sans chichi : l'enquête BMO "nous permet de voir vers quels métiers orienter les formations que nous finançons" !!! Autrement dit, les formations qui sortent un peu des sentiers battus sont à proscrire…

Dommage ! dit Fabienne Brutus à partir de la page 135 de son livre Chômage, des secrets bien gardés :

"Définir un plan de formation est devenu une usine à gaz (pour rebuter chômeurs et conseillers ?). On a assisté à une quasi-suppression généralisée. Seules subsistent les formations menant aux métiers en tension et des actions non qualifiantes, purement occupationnelle s.

D'année en année, la possibilité de formation se réduit à vue d'œil. Seuls les métiers considérés comme "en tension" par l'Assedic sont accessibles. Il faut donc qu'ait émergé un besoin non satisfait du côté des employeurs pour que la formation ad hoc soit prise en charge. Dès que le souhait s'éloigne des demandes officielles du marché, les aides éventuelles s'envolent.

(…) S'en tenir aux besoins exprimés par les employeurs, c'est prendre énormément de risques au niveau de la création d'entreprises dans les années à venir. Beaucoup de petits projets sont devenus grands, dans des secteurs où aucun besoin ne se faisait sentir. Réserver la formation à l'élite capable de la financer est plus qu'une injustice, c'est une bêtise incommensurable . L'Etat semble avoir fait une croix sur les forces vives et oublié que la créativité existe dans toutes les catégories socioprofession nelles.

(…) La reconversion professionnelle est désormais impossible. Au plan national comme régional, c'est une catastrophe. Acquérir un diplôme est doublement une épreuve, au premier stade presque insurmontable : le financement. Il semblerait qu'on veille à dresser une masse laborieuse, ouvrière et peu regardante. La qualification vers des emplois "supérieurs" est utopique.

La profession d'infirmier/infirmière est, par exemple, quasiment inaccessible à un chômeur. (…) Ils sont prêts à se mettre au service d'autrui, savent que les hôpitaux font appel à des infirmiers étrangers. (…) Mais un chômeur indemnisé n'est pas assuré de percevoir ses allocations durant les 3 années d'études. Alors qu'à la sortie il est certain, sans l'ombre d'un doute, de trouver un CDI dans la structure de son choix. (…) Aux autres, chômeurs non indemnisés, on dira : "Faites un emprunt, vous êtes sûrs de trouver du boulot en sortant de l'école". Espérons qu'il n'y aura pas de redoublement, car les études d'infirmière ne le tolèrent qu'une fois sur la totalité du cursus. Un second redoublement, c'est le projet qui s'effondre, une somme astronomique à rembourser, et pas l'ombre d'un travail pour le permettre."


Voilà où nous en sommes : que des vues à court terme assorties d'économies de bouts de chandelles… Pathétique !
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0 # philbtz 2007-05-04 10:53 Le système français de protection contre la perte d’emploi découle de la reconnaissance par l’Etat du « risque social » que constitue le chômage et du droit à indemnisation qui en découle .

Ce droit repose sur une base conventionnelle depuis 1958, et le versement des allocations est servi par un service privé, l’UNEDIC, qui assure également, comme organisme payeur, le versement des aides relevant de la solidarité et financées par l’Etat .

Depuis quelques années nous assistons à une véritable « confiscation » par l’UNEDIC des cotisations salariales (au passage signalons que l’intégralité des cotisations perçues par l’UNEDIC sont partie intégrante de la masse salariale et que même la « part patronale », de la même manière que la TVA des commerçants est imputée au client, est déduite du salaire « théorique » du salarié et n’est pas une libéralité de l’employeur !) .

Ces cotisations, outre le fait qu’elles servent à payer, sur une base largement supérieure à celle de la fonction publique d’état, les salariés de cette institution, les locaux et le matériel très performant dont elle se dote, sont aussi utilisées pour financer certaines créations de postes à l ’ANPE (voir les 1000 postes des années passées et les autres soustractions plus récentes) qui reviendraient, en toute logique juridique, au budget de l’Etat, les formations mises en place à la demande du patronat et pour répondre à ses besoins de main d’oeuvre dans les secteurs « en tension » (en français : où les salaires, les conditions de travail et les espoirs d’avancement sont au niveau le plus bas) et non pour satisfaire les attentes des demandeurs d’emploi , le paiement de prestataires privés chargés d’orienter et d’adapter les salariés au chômage vers les emplois choisis pour eux par ce même patronat … etc

Il y a eu, il y a quelques années, un scandale de l’ARC parce qu’un dirigeant de cette association utilisait la manne des donateurs pour ses besoins personnels et non pour financer la recherche à laquelle elle était destinée, il y a aujourd’hui un véritable scandale de l’UNEDIC qui détourne au profit d’un seul des « partenaires sociaux » (sic), le patronat, la majorité des allocations versées par les salariés pour se garantir de la précarité et de l’exploitation .

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0 # superuser 2007-10-16 20:34
A (re)lire nos articles suivants :

Formation pour les chômeurs : la croix et la bannière ! (19/05/07)

Formation des chômeurs, un accès restreint et inégalitaire (17/07/06)
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