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Accueil Social, économie et politique De «l’image négative» du RMI

De «l’image négative» du RMI

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Le "revenu de solidarité active" (RSA) de Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté du gouvernement Fillon, entre officiellement dans sa phase d'expérimentation et devrait coûter selon lui entre 3 et 4 milliards d'euros par an.

Le feu vert a été donné mercredi en Conseil des ministres. Le dispositif sera d'abord testé sur les RMIstes et les bénéficiaires de l'API (allocation de parent isolé), le projet de loi écartant pour des raisons juridiques et techniques l'ASS (allocation spécifique de solidarité) et l'AAH (allocation aux adultes handicapés) du champ de l'expérimentation. "Pour l'instant, 15 départements tentent l'aventure", explique Martin Hirsch qui espère son élargissement rapide : "50.000 personnes seront impliquées si 25 départements se portent volontaires d'ici à fin septembre. (...) La rédaction d'un projet de loi prendra un an. Nous souhaitons être prêts fin 2008."

Un raisonnement à l'envers. Pour Martin Hirsch, qu'il a déjà qualifié de "totalement dépassé", "le but est de remplacer le RMI qui souffre d'une image négative depuis sa création"... Etrange déduction : car ce sont les pauvres qui souffrent d'une mauvaise image liée à leur condition, étant le reflet honteux de ce que personne d'entre nous ne voudrait subir dans notre riche contrée. Les chômeurs souffrent aussi d'une image négative liée à leur situation : doit-on pour cela "remplacer" l'ARE ? Ce ne sont pas les allocations chômage qui créent du chômage mais bien la pénurie d'emplois décents, première étape vers la pauvreté et le RMI. Ce n'est pas le RMI qui est responsable de la pauvreté, et c'est bien cette dernière qu'il faut éradiquer.

Or Martin Hirsch décrit son RSA comme un dispositif permettant d'éviter qu'un bénéficiaire de minima sociaux perde de l'argent en reprenant une activité. Mais il n'accuse ni l'insuffisance des créations d'emplois décents ni la prolifération des contrats précaires ou "aidés", ni les bas salaires qui se généralisent (il est même opposé à l'augmentation du Smic), rien sur les suppressions de postes massives dans le public comme dans le privé, rien sur les licenciements boursiers et les délocalisations (il était pour le "oui" au TCE). Pourtant, alors que son idée de RSA repose sur le principe de pouvoir vivre dignement de son travail, comment ose-t-il éluder ces phénomènes ô combien originels ?

6 à 8 milliards ? Certaines estimations évaluent le coût annuel du RSA à cette fourchette tandis que Martin Hirsch estime que "ce sera sans doute deux fois moins" (entre 3 et 4 milliards). "Les premières expériences dans les départements montrent que le RSA coûte en moyenne 1.200 € par personne sur une année", dit-il. A l'heure actuelle, le RMI coûte 6 milliards d'euros par an à la collectivité : minimum du minimum pour survivre dans une société où le Smic ne suffit même pas à s'en sortir, le RSA doit-il se rajouter à ce minimum ou le remplacer à moindre frais ?
N'oublions pas que la suppression du RMI donnée comme une promesse de campagne contre la France des "assistés" a permis à Nicolas Sarkozy d'être élu. En cela, la "profonde réforme des minima sociaux" que Martin Hirsch doit aussi bientôt engager n'augure rien de bon si son auteur persiste à se poster à l'embouchure des problèmes au lieu d'oser remonter à leur source.

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Mis à jour ( Dimanche, 24 Juin 2007 12:40 )  

Commentaires 

 
0 # YVES780 2007-06-26 13:24 Qui sont les titulaires du RMI ? A ma connaissance, il n'y a pas de statistiques officielles relatant les tranches d'âge et conditions sociales d'origines des personnes qui le perçoivent.
Concernant le RSA, je crains qu'il n'ait plus de succès que le RMA.
Si on voulait éviter qu'il n'y ait que des travailleurs de plus en plus pauvres, il ne fallait pas créer cette galaxie de contrats aidés, supprimer tous les contrats précaires - un contrat de travail normal et un contrat pour l'intérim pouvaient suffire - et baisser les charges des entreprises qui embauchent et seulement à celles-là, et à tous les niveaux de salaire et de qualification.
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0 # superuser 2007-06-26 14:08
Lire à ce sujet un résumé de la dernière étude qualitative de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques des ministères de la Santé et de l'Emploi) dans notre article du 20/04/07 : une majorité de jeunes, d'hommes seuls et de familles monoparentales.

A Paris, 26% ont un niveau Bac+3 et 18% sont issus du secteur artistique (une spécificité de la capitale), victimes de la réforme du système d'indemnisation des intermittents du spectacle.
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0 # superuser 2007-06-26 17:32 Lire (ou relire) notre article du 22 mai dernier : Martin Hirsch et la Sarko-franchise (et ses commentaires…)

Le Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch, compte proposer de ne pas indemniser la première journée d'arrêt-maladie afin de combler une partie du déficit de la Sécurité sociale, affirme RTL le lundi 25 juin.

Selon la radio, Martin Hirsch, qui n'avait pas caché fin mai son hostilité aux franchises médicales proposées par Nicolas Sarkozy, préfèrerait instaurer le non-remboursement de la première journée d'arrêt-maladie au lieu de créer une franchise sur les soins et consultations. Ce non-remboursement serait obligatoire et concernerait tous les salariés.
Toutefois, toujours d'après RTL, le Haut commissaire compte proposer aux employeurs d'octroyer des RTT aux salariés pour ne pas les pénaliser le premier jour de leur arrêt-maladie. Le ministère de la Santé, joint par l'Associated Press, n'avait pas réagi dans l'immédiat à cette information, alors que l'économie annuelle envisagée serait de 180 millions d'euros.

On prend à Pierre pour redonner à Paul. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, a jugé lundi qu'il s'agit d'une "mauvaise idée". "C'est une mauvaise idée, parce que ça veut dire qu'on prend à Pierre pour redonner à Paul", a-t-il réagi sur RTL. "J'ajoute d'ailleurs que depuis maintenant trois ou quatre ans, il y a une pression assez forte, il y a des contrôles qui sont faits sur les indemnités journalières. Et quand un salarié est absent, ce n'est pas lui qui décide d'être absent : il y a bien un médecin qui prescrit l'arrêt de travail", a-t-il souligné.

(Source : Le Nouvel Obs)

Décidément, l'énarque de gauche Martin Hirsch n'est-il qu'un vulgaire spécialiste du pansement sur une jambe de bois ?
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0 # superuser 2007-07-01 18:15 Le projet du Haut-commissaire aux solidarités actives risque de laisser de côté de nombreux précaires. Il conforte surtout le discours sarkozyste sur l’assistanat.

Cela fait maintenant plus de deux ans que Martin Hirsch avance l’idée d’un revenu de solidarité active (RSA). Alors président d’Emmaüs France, il pilote en 2005 la commission Familles, vulnérabilité et pauvreté qui remet son rapport, en avril de la même année, au ministre de la Santé et des Solidarités Philippe Douste-Blazy. L’objectif : éradiquer la pauvreté d’ici à 2020 par la combinaison des revenus du travail avec ceux de la solidarité.

Une élection présidentielle plus tard, Martin Hirsch est nommé Haut-commissaire par Nicolas Sarkozy, au titre de «l’ouverture». Assis à la table du Conseil des ministres, le père du RSA espère voir concrétiser son projet. Mais il devra se contenter de quatre articles insérés dans le projet de loi «en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat», à l’orientation parfois contradictoire avec l’ambition initiale, immanquablement revue à la baisse.

Coût évalué : de 4 à 8 milliards d’euros

Seules sont concernées par le RSA les personnes percevant le revenu minimum d’insertion (RMI) ou l’allocation de parent isolé (API), et non l’ensemble des populations en situation de précarité. Le montant de la nouvelle mesure variera selon le nombre d’enfants à charge, les revenus issus du travail ou d’une formation et de la durée de cette reprise d’activité. Le droit au RSA pourra être maintenu pendant un an au-delà de l’expiration des droits aux prestations sociales précédemment citées.
La problématique à laquelle le texte entend répondre fait consensus. Il s’agit en effet «d’assurer l’augmentation des ressources d’une personne bénéficiaire d’un minimum social qui prend ou reprend un travail, exerce ou accroît son activité afin d’atteindre un revenu garanti qui tient compte des revenus d’activité professionnelle et des charges de famille». Autrement dit corriger l’état de fait réel qui voit la reprise d’emploi d’un bénéficiaire de minima sociaux va bien souvent s’accompagner d’une baisse de revenus.

Une question demeure : que vient faire un tel dispositif, à première vue progressiste et relativement coûteux puisqu’il est évalué entre 4 et 8 milliards d’euros, dans une action gouvernementale obsédée par la réduction des déficits publics et en guerre contre les systèmes de solidarité ? À y regarder de plus près, la réforme élaborée par Martin Hirsch rentre assez bien dans les clous de la pensée sarkozyste. Tout au long de sa campagne, le candidat de l’UMP n’a cessé de montrer du doigt les «assistés» en les opposant à «la France qui se lève tôt». Sans oublier ses attaques contre le RMI et toute aide sociale distribuée sans contrepartie qu’il proposait de soumettre à un travail qui devieint, de fait, - - gratuit.

La question centrale de l’emploi occultée

La philosophie portée par le RSA dans sa mouture 2007 sous-entend que les millions de bénéficiaires de minima sociaux rechignent à reprendre le chemin de l’usine pour de simples raisons financières et occultent les questions centrales de l’emploi, de la formation et du contrat de travail. «À aucun moment, Martin Hirsch ne se pose la question de quels postes sont proposés aux allocataires du RMI. Son optique est purement utilitaire : il y a des emplois non pourvus, la situation idéale c’est que les allocataires des minima les prennent. Et en priorité ceux dont personne ne veut, les plus contraignants, les plus pénibles, les plus précaires. Il ne s’agira pas d’imposer aux employeurs de mieux payer le travail mais de compenser des salaires de plus en plus bas par une augmentation des prestations assurées par les collectivités publiques», analyse l’association de chômeurs AC!

Dans la même logique que celle qui veut contraindre le chômeur à accepter n’importe quel travail sous peine d’être privé de ses allocations, le RSA va conduire le privé d’emploi à occuper un poste contre sa volonté. Faire en sorte que toute heure travaillée signifie un gain de revenu ne garantit en rien la stabilité. Autre danger évident : le choix de l’expérimentati on départementale. C’est en effet aux Conseils généraux de se porter volontaire avant le 30 septembre pour tester le futur dispositif. Une quinzaine d’entre eux avaient déjà signé, dès juin 2006, une convention avec l’Agence nouvelle des solidarités actives, fondée et présidée par… Martin Hirsch. Pour AC!, «le RSA n’est pas une rupture mais l’aboutissement d’expériences diverses et simultanées de destructions des droits existants sous prétexte de remise à plat».

Vers des inégalités de traitement

Et le risque de voir une inégalité de traitement selon les départements n’est pas illusoire. «Le problème de l’État, c’est qu’il est coincé dans les règles qu’il s’est lui-même fixées. Par exemple, il a confié aux départements la gestion du million d’allocataires du RMI, mais en maintenant des règles uniformes sur les barèmes, les règles juridiques, les conditions de cumul entre le RMI et les salaires quand les gens travaillent un peu.» Dixit le Haut-commissaire le 29 mars 2007.

(Source : L'Humanité)
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