"A peu près 80% des individus qui sont dans un emploi une année donnée sont toujours dans le même emploi l'année suivante. Les mouvements se concentrent sur les 20% restants, qui connaissent souvent plusieurs entrées-sorties d'emploi au cours de la même année, accompagnés de passages par le chômage", note l'étude. En 2004, sur 100 salariés du privé, dix avaient changé d'entreprise en 2005, cinq étaient au chômage et trois en inactivité (y compris en retraite).
L'INSEE observe que l'instabilité de l'emploi est notamment liée au développement des contrats temporaires, auxquels "les entreprises ont eu de plus en plus recours". Toujours en 2004, sur 100 personnes en CDD dans le privé, 33 étaient dans une autre entreprise, 21 au chômage et 8 inactifs. Et moins d'un tiers des personnes au chômage en 2004 ont retrouvé un emploi en 2005, temporaire pour la plupart.
Globalement, l'INSEE souligne que les flux de main-d'œuvre annuels sont "considérables, mais concentrés sur une partie de la population". Ainsi, en 2004, les salariés du privé de moins de 30 ans sont plus de 30% à avoir connu une "mobilité" d'une année sur l'autre. Le même phénomène s'observe pour 10% des «seniors». "Les jeunes subissent une mobilité souvent contrainte", ayant souvent des contrats temporaires qui sont "devenus les instruments de flexibilité privilégiés par les entreprises pour assurer l'ajustement des moyens de production aux évolutions inattendues de la demande" et sont aussi "de plus en plus utilisés comme des périodes d'essai prolongé"...
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Commentaires
Au sens du Bureau international du travail (BIT), les individus se trouvant dans des situations d’«emploi inadéquat» sont :
• ceux qui touchent de très bas salaires (3,8 millions de salariés gagnent moins de 818 € par mois en 2005)
• ceux qui ont des contrats précaires (2,7 millions en CDD, intérim…)
• ceux qui, déclassés ou en recherche d’un «vrai» boulot, subissent des formes de sous-emploi de leurs qualifications ou de leurs capacités (3 millions qui sont inscrits à l’ANPE ou qui déclarent rechercher un autre emploi + 2,6 millions de salariés déclassés)
• ceux qui se retrouvent dans des situations de travail insoutenable (4,3 millions qui bossent de nuit ou plus de 44 heures par semaine).
Cette première estimation de l’emploi inadéquat pour la France est proprement accablant : en 2005, au total et en tenant compte du fait que certains peuvent cumuler les conditions de bas salaires et de contrats précaires, 11,4 millions de salariés occupent, d’après les études réalisées par ACDC, des «emplois inadéquats» et, en y ajoutant les 2,6 millions de chômeurs de l'époque, on atteignait les 14 millions de personnes soit 51% de la population active.
"Cette proportion n'a cessé d'augmenter depuis 1990", affirme ACDC. "Au-delà des fluctuations conjoncturelles d'un chômage qui se maintient à un niveau élevé, la qualité des emplois s'est donc continûment dégradée sur la période". Répondre | Répondre avec citation |
A (re)lire :
• L'emploi salarié boosté… par l'intérim (14/06/07)
Sur les 112.400 créations d'emplois du premier trimestre 2007 relevées par l'UNEDIC, 42% sont en intérim. Pire : l'outil statistique trimestriel de l'assurance-chômage ne lui permet pas, en dehors de l'intérim, de connaître le type d'emplois créés (CDD ou CDI) pas plus que la durée du travail (plein ou partiel) proposée aux nouveaux salariés… Une grave lacune !
• Zoom sur les offres 2006 de l'ANPE (25/01/07)
Sur les 3,5 millions d'offres déposées l'an dernier à l'Agence nationale pour l'emploi, 80% sont précaires. Comme pour l'UNEDIC, on constate également de fortes déficiences qualitatives dans les chiffres avancés.
La précarité en quelques chiffres
En 1995, 7,7% des salariés français travaillaient en CDD, intérim, stage ou emploi aidé. En 2002 ils sont 11%, en 2003 ils sont 13,2% et en 2005, ils sont 13,6%.
En 1995, 13,7% des emplois étaient à temps partiel (dont 26,3% pour les femmes). En 2002, ils sont 16,2% (dont 29,7% pour les femmes) et en 2005, ils sont 17,2% (dont 30,8% pour les femmes).
Et aujourd'hui, 53% des pauvres sont des femmes. Répondre | Répondre avec citation |
Ce sont les entreprises qui développent les licenciements et préfèrent la croissance financière à l’emploi (qui leur coûterait trop cher), encouragées par des politiques économiques qui instaurent la précarité et abaissent la part des salaires dans la valeur ajoutée.
Pour 100.000 chômeurs, l’assurance maladie perd plus de 400 millions d’euros de cotisation. Les bas salaires, le travail à temps partiel, les contrats précaires ont aussi des conséquences : 1% de masse salariale en moins représente 1,1 milliard de recettes en moins pour la Sécurité sociale. Même chose pour la croissance : 1 point de moins équivaut à 1 milliard de pertes.
Côté assurance-chômage, les dégâts sont les mêmes. Au quatrième trimestre 2004, les entrées en indemnisation chômage pour fin de CDD ont représenté plus de 50% des entrées totales. L'intérim a représenté, lui, plus de 12% de ces demandes d'indemnisation. Or, pour les syndicats de l'Unedic, le coût d'un chômeur indemnisé à la fin d'un contrat précaire est 2,5 fois plus élevé que pour un CDI ! La précarité pèse lourd dans les finances de l'Unedic : elle représente aujourd'hui près des 2/3 des entrées, et globalement CDD et intérim représentent 8,2 milliards d'euros d'allocations pour seulement 1,71 milliard d'euros de contributions à l'assurance chômage.
Comment dégager de nouvelles ressources pour la protection sociale ?
• Pour la Sécu, il faudrait mettre en place une assiette des cotisations patronales qui module les taux de cotisation. Ainsi, les entreprises qui développent les emplois, les salaires, la qualification et la formation auraient un taux de cotisation relativement abaissé mais, d’un autre côté, il y aurait plus d’entrées de cotisations sociales. Les entreprises qui pratiquent une gestion inverse seraient assujetties à un taux de cotisation beaucoup plus lourd afin de les en dissuader. Autre mesure : la création d’une nouvelle cotisation sur les revenus financiers des entreprises. Il y a 80 milliards d’euros de placements financiers qui ne sont soumis à aucune cotisation sociale. En leur appliquant le même taux que les cotisations patronales à l’assurance maladie, il rentrerait 10 milliards d’euros. Soit largement plus que le déficit actuel.
• Pour l'Unedic, taxer les entreprises qui abusent des contrats précaires en modulant leurs cotisations serait une source de recettes qui comblerait quasiment le déficit. Répondre | Répondre avec citation |