
Côté industriels, on peut supposer que les marges arrières de la grande distribution y sont pour quelque chose, vu qu'elles n'ont jamais été aussi élevées : selon 60 Millions de consommateurs (qui consacre ce mois-ci un excellent dossier sur la légitimité de l'inéluctable hausse des prix des matières premières alimentaires annoncée pour la rentrée, et sur l'impact des prix de l'immobilier sur le pouvoir d'achat des Français), la rançon des "catalogues, têtes de gondoles et autres mises en scènes plus ou moins avérées" peut atteindre aujourd'hui jusqu'à 37% du prix d'un produit, et au final c'est toujours le consommateur qui trinque.
Alors, "qui ne peut pas payer 5 centimes de plus pour une baguette ?" : telle est la question que va peut-être nous poser Mme Bachelot Narquin cette semaine. Une solution : pour que les prix cessent d'augmenter, cessons de revaloriser les salaires - voire, carrément, de payer les salariés - et faisons fabriquer nos baguettes en Chine ! Qu'en pensez-vous, Roselyne ?
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Commentaires
La farine de blé n'intervient que pour 4% dans le prix de la baguette. Les boulangers ont donc mauvaise grâce à asséner un nouveau coup de bambou à leurs clients. Même si le prix du blé doublait, l'impact sur le prix de la baguette serait de 3,5 à 4%. "Les faibles hausses du cours du blé observées ces dernières années ont déjà servi de prétexte pour laisser le prix de la baguette s'envoler", dénoncent les agriculteurs de la Coordination rurale, qui parlent des hausses annoncées comme "des intoxications qui ne correspondent à aucune réalité".
Ces excès ne sont pas nouveaux. Depuis 1990, le prix du pain a augmenté de 57% tandis que celui du blé à la production diminuait de moitié et reste encore aujourd'hui, malgré les récentes flambées, inférieur de plus de 20% à son taux d'il y a 17 ans. (…)
Seules les hausses sont répercutées. Une hausse de 20% des matières agricoles de base ne se traduit que par 1% de plus sur l'étiquette du produit en magasin, selon un très récent rapport de l'OCDE. De plus, l'INSEE estime qu'il faut compter à peu près 6 mois pour que les évolutions des cours des matières premières soient répercutées sur les prix aux consommateurs. Mais certains professionnels sont pressés d'appliquer les hausses alors qu'ils oubliaient jadis de répercuter les baisses… "Depuis plus de 40 ans, les prix agricoles baissent alors que les prix aux consommateurs stagnent ou augmentent", observe l'association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV). Depuis des semaines, le discours des industriels se fait pourtant insistant : le consommateur n'échappera pas à la valse des étiquettes. (…)
(Source : 60 Millions de consommateurs - septembre 2007) Répondre | Répondre avec citation |
Pour faire une baguette de 250g cuite, il faut 350g de pâte crue qui contient à peu près 200g de farine. A 50 cts le kilo de farine, on arrive à 10 cts de farine par baguette. Pour une baguette vendue en moyenne à 75 cts, cela fait 13%.
Ensuite, les boulangers ne vendent pas de la farine et n'achètent pas de blé.
Le pain est un long travail de fermentation de la farine, dans des conditions souvent difficiles, la nuit et le week-end. Il s'agit d'une transformation nécessitant de l'énergie et de la main-d'oeuvre. Le prix de l'énergie a explosé, les salaires ont aussi augmenté comme cela est reproché. De plus, de plus en plus d'artisans respectent le paiement des heures de nuit, de dimanche, voir les heures supp.
La farine est fournie par des meuniers qui achètent le blé sur un marché mondial. Le prix est fait par le marché. Si les agriculteurs ne gagnent pas leur vie en faisant du blé, qu'il fasse autre chose. Si le blé avait augmenté ces dernières années au lieu de baisser, l'augmentation du pain aurait tout simplement été supérieure. Pendant que le blé baissait, le reste augmentait quand même.
Le prix du pain est libre. Les boulangers sont concurrencés par les grandes surfaces qui sont parfois beaucoup moins chère. On peut penser que les clients de la boulangerie artisanale trouvent un avantage à acheter leur pain ici et pas ailleurs.
En période de hausse des prix, la tentation est grande de se venger, pour plein de raisons, sur les vilains boulangers qui s'en mettraient plein les poches. C'est le même raisonnement primaire aboutissant à qualifier tous les chômeurs de fénéants puisqu'il n'y a qu'à "les envoyer faire les vendanges" ou "débrousailler les fôrets".
Réfléchissez.
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Il n'est pas question de n'accuser que les artisans-boulangers : vous remarquerez que la grande distribution est aussi incriminée dans cet article. Mais il n'y a pas que cela.
Une partie de l'inflation est contenue grâce au chômage de masse (le fameux NAIRU…) et à la modération salariale qui en découle. Pourtant, les prix continuent de flamber (immobilier, énergie, alimentation…) et cela devient difficile pour de plus en plus de Français. Alors dire que c'est la faute du Smic et des salaires - toujours trop chers pour les employeurs -, participe à une propagande aussi pernicieuse que mensongère. Car le jour où les salariés-consommateurs n'auront plus les moyens de faire leurs courses et de rembourser leurs crédits, c'est toute l'économie française qui va se ramasser. Répondre | Répondre avec citation |
Je lui ai expliqué que s'il enlevait tous les retraités, les fonctionnaires, les chômeurs et les rmistes de son magasin, il déposerait rapidement le bilan et que l'argent ainsi redistrinuer profite à tout le monde, y compris lui.
Les artisans boulangers travaillent beaucoup, c'est une branche qui ne connait pas beaucoup le chômage, même en tant que salarié. Ils ont du mal à comprendre que l'on "paie des gens à rien faire" alors qu'il y a des postes non-pourvus. J'ai eu beau lui expliquer qu'il y avait 300.000 postes non-pourvus et plusieurs millions de chômeurs et même en forcant des vilains chômeurs à faire les vendanges ou ramasser les pêches l'été, il y aurait toujours des millions de gens sans travail. Beaucoup de gens ne le comprenne pas.
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Mais le prix du pain est libre, il devient un produit marketing : il se vend au prix que le marché accepte de payer, sans rapport avec le prix de revient, si tout le monde le fait, pourquoi pas les boulangers? Après tout on paye bien 10 fois plus cher pour des baskets de marque que pour les mêmes sans marque…
Pour bien comprendre cela, inutile d' etre économiste, il suffit d'habiter près d'une frontière et d'aller faire ses courses chez le voisin.
On s'aperçoit que les mêmes produits sont à des prix très différents, à 1km de distance, car les habitudes des gens, donc les marchés, font qu'ils sont prêts à dépenser plus ou moins.
En Allemagne, par exemple, le pain de seigle est banal, alors qu'à Strasbourg il est vendu + cher que le pain blanc. Et les produits d'hygiène sont facilement 30% moins chers, certaines grandes marques françaises qui ont une image "luxe" en France avec pub à la TV, sont moins cotées en Allemagne et confrontées à une concurrence locale sévère, alors des produits identiques sont vendus entre 2 et 3 fois moins cher à Kehl qu'à Strasbourg … et il y a juste le Rhin à traverser, à pied en bus ou a vélo par la jolie passerelle du jardin des Deux Rives. Cela devient d'ailleurs un quartier de Strasbourg, l'Europe se fait aussi de cette manière…
L'augmentation des matières premières et des salaires intervient dans le prix de revient, pas dans le prix de marché. Le marketing qui suggère le contraire repose sur des symboles anciens et forts, mais ne profite qu'aux malins qui saisissent l'occasion d'augmenter leur profit.
Qu'on se le dise !
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Les Allemands n'ont pas les même habitudes alimentaires que les Français. Historiquement, le seigle pousse bien mieux en Allemagne que le blé parce qu'il résiste mieux au climat froid de ce pays continental. Les boulangeries allemandes, plus grandes et plus mécanisées que les françaises, utilisent principalement du seigle, souvent peu raffiné, parfois complèté de graines divers, dans des forment compactes et avec du levain pour la conservation.
Les boulangeries allemandes seraient d'ailleurs bien à la peine de faire des baguettes de froment.
A l'inverse, les boulangers français travaillent principalement le blé, ou froment, qui pousse si bien dans nos champs tempérés. Et nous les mangeons principalement sous forme de baguette, ce qui demande plus de main d'oeuvre. La seigle est la céréale du pauvre, il existe même des boulangeries qui ne proposent pas de pain de seigle.
En France, la farine de seigle est plus chère que la farine de blé. Les quantités produites sont bien moindres, c'est pourquoi le pain de seigle est plus cher.
Si vous voulez comparer les prix, essayez d'acheter une baguette de froment en Allemagne.
Enfin, les vendeurs de chaussures ne font que pousser les boites alors qu'un boulanger transforme la farine en pain à l'issu d'un long travail de fermentation. Entre faire X10 en revendant ou transpirant, il y a une différence. Répondre | Répondre avec citation |
nous constatons bien la même chose : ce sont les marchés qui font les prix, et non pas le cout de fabrication. Les céréales sont au même prix partout dans le monde ( avec des prix mini en Europe), les salaires sont probablement un peu + élevés en Allemagne, mais les prix de vente des pains dépendent de ce que les consommateurs sont prêts à payer, de par leur habitudes fortement imprégnées par les ressources historiques.
Le marketing s'empare du pain comme des baskets ou des produits cosmétiques et d'hygiène, produits tous dans la même usine et vendus à des prix allant du simple au triple à 1km de distance, tout simplement parce que la perception du consommateur - le marché - est différent.
Le pain n'est pas une exception, et les justifications de la hausse ( céréales, main d'oeuvre) ne sont qu'un prétexte … Répondre | Répondre avec citation |
C'est ce que vient de rappeler Pierre Méhaignerie, ancien bras droit de Nicolas Sarkozy, alors qu'il s'oppose à la TVA sociale dans une tribune au Monde, s'étonnant «qu'on semble ignorer qu'on a opéré une baisse massive des cotisations sociales patronales il y a quatre ans».
Comme toujours, le Smic a bon dos pour justifier les hausses de prix et autres lamentations patronales. Répondre | Répondre avec citation |