A cette occasion, la présidente du MEDEF Laurence Parisot avance que "la fusion opérationnelle ANPE-Unedic" fait partie des réformes dans lesquelles les partenaires sociaux se sont "engagés". Elle estime qu'il faut "penser les modalités d'un rapprochement des deux entités pour qu'elles soient plus efficaces encore à l'égard de leurs clients", à savoir "les chômeurs et les entreprises". Or, si selon elle les chômeurs sont des «clients», alors jamais on n'en a vu d'aussi mal considérés... (sauf, peut-être, chez certains opérateurs téléphoniques ?)
Et de poursuivre en supposant que si le "service" envers les chômeurs et les entreprises "peut être délivré par une seule entité, peut-être qu'il sera du coup plus performant". Mais dans un contexte de chômage de masse et de précarité institutionnalisée, on se demande quel «service» plus efficace pourrait être rendu si la formation professionnelle reste au rebut et si la création d'emplois dignes de ce nom - imputable aux entreprises, et non au service public de l'emploi - ne suit pas ! Aussi, quelle amélioration apporterait une ANPE-Assedic fusionnée et moderne qui persisterait à mettre à distance ses interlocuteurs «clients» ?
Cependant, souhaitant qu’"organisations syndicales, gouvernement et organisations patronales" réfléchissent ensemble pour "trouver un bon business model", la très branchée Mme Parisot reconnait que "la fixation des paramètres de l'assurance chômage doit rester de la seule responsabilité des partenaires sociaux".
Invité de l'université du MEDEF, le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly a rappelé que les "deux structures étaient différentes". "L'ANPE, c'est le placement et cela relève de l'Etat. L'Unedic, c'est un régime paritaire chargé de l'indemnisation des chômeurs. Donc ce sont deux rôles différents, et mélanger les rôles c'est permettre au régime d'assurance-chômage, pour dépenser moins, de mettre des conditions plus strictes pour que les chômeurs trouvent un travail" : en clair, la lutte contre le chômage passe toujours par la lutte contre ses victimes. François Chérèque (CFDT) a rappelé pour sa part que l'important était que "la gestion des fonds et des moyens" de l'Unedic "reste aux partenaire sociaux", gage d'une "reconnaissance du paritarisme"... On sait que pour lui, la reconnaissance du statut de victimes (c'est à la mode) pour des millions de chômeurs et précaires n'est pas primordiale.
A propos de la future réforme du marché du travail, destinée selon elle à "favoriser la compétitivité des entreprises françaises et à stimuler leur production" alors qu'il s'agit de spolier davantage ceux qui travaillent de leurs droits, Laurence Parisot en appelle au "sens des responsabilités" des syndicats - autrement dit, il faut que les salariés continuent de se sacrifier sur l'autel de la mondialisation économique - et précise que "c'est l'occasion ou jamais que plus personne ne fasse le choix du chômage". Mais de qui parle-t-elle ? Des chômeurs - tous des fainéants qui ont fait le choix de perdre leur travail - ou des entreprises qui n'ont de cesse de rogner sur leur masse salariale et font le choix de licencier, laissant à l'Unedic et à la collectivité l'unique "responsabilité" d'en payer le prix ?
Chaque réforme a vu les droits des chômeurs se réduire et les pressions à leur encontre s'intensifier. Celle-ci ne devrait pas déroger à la règle. Sans compter que les premiers concernés - les privés d'emploi eux-mêmes - n'ont toujours aucun droit de cité dans les négociations et que leur sort se fixe sur leur dos, orchestré par des "partenaires sociaux" qui décident du haut de leur bulle - syndicale ou patronale - et ne savent même pas ce que c'est que d'être au chômage. Une fois de plus, attendons-nous au pire !
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