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En une heure, un travailleur américain et un travailleur français produisent quasiment la même quantité de richesses : en 2006, la production horaire du Français était de 35,08 $ (25,68 €) contre 35,63 $ (26,07 €) pour l'Américain. En outre, le PNB (produit national brut) par heures travaillées en France a augmenté de 2,2% en moyenne annuelle entre 1980 et 2006, contre 1,7% aux Etats-Unis.
Quant à la production horaire du travailleur norvégien, numéro un mondial, elle s'élève à 37,99 $ soit 27,73 €.
Par contre, en terme de productivité par travailleur, la Norvège ne suit plus mais la France arrive en 5e position derrière la Belgique, le Luxembourg, l'Irlande et les Etats-Unis. Un écart qui s'est visiblement creusé depuis la mise en place de nos 35 heures : "En 2006, la productivité par travailleur en France atteignait 85% du niveau des Etats-Unis alors que, six ans plus tôt, en 2000, la France atteignait 89% du niveau américain". Le Bureau international du travail note toutefois que l'écart a également continué de se creuser au cours des dernières années entre les Etats-Unis et la plupart des pays développés...
Durée du travail : un faux procès
Si le travailleur américain est, depuis des années, champion du monde de la productivité, la différence se joue sur le nombre d'heures au travail. Le rapport note qu’"il y a beaucoup plus d'heures travaillées par an et par personne aux Etats-Unis que dans la majorité des économies européennes. [...] Les Américains ont travaillé en moyenne 1.804 heures au cours de l'année 2006, et les Français 1.564. La tendance est à la baisse du nombre d'heures travaillées dans les deux pays, mais elle est plus nette en France : en 1999, les Américains travaillaient 1.853 heures dans l'année contre 1.630 pour les Français".
Conclusion : le Français travaille moins en terme de durée, mais tout autant en terme de rentabilité. Quand on sait que les salariés américains bénéficient de seulement 15 jours de congés par an et que 20% d'entre eux bullent au boulot, on s'aperçoit que le «travailler plus longtemps» a ses limites. Des journées trop longues, pas assez de temps pour soi et des vacances insuffisantes contribuent à émousser quelque peu l'entrain, voire la motivation...
De plus, accuser les Français de travailler moins que les autres est une imposture car, en réalité, la durée moyenne du travail en France n'est pas inférieure à celle de nos voisins et nos amis Norvégiens, premiers du classement BIT sur la productivité horaire mais absents du "top 5" de la productivité par travailleur, bossent encore moins longtemps que nous !
Le taux d'emploi pèse sur la productivité
Pourtant, des esprits fâcheux estiment qu'il faut que nous augmentions à la fois notre productivité horaire et notre productivité par travailleur pour battre enfin les Etats-Unis... Mais à quoi bon être les champions du monde si c'est pour le faire au détriment de cette qualité de vie que la planète entière nous envie ?
Autre détail qui tue : derrière le «travailler trop peu», il peut aussi s'avérer qu’une trop faible part de la population en âge de travailler occupe un emploi. On appelle cette proportion le taux d’emploi global et en France, il brille par sa faiblesse : 63,1% en 2005... Dans l'UE15, seules la Grèce (60,1%) et l’Italie (57,6%) étaient en dessous ! Ne nous voilons pas la face : en excluant de l'emploi les jeunes, les femmes et les seniors, le chômage français a des incidences notables sur notre productivité. Donc, le «travailler davantage» doit avant tout se traduire par : être plus nombreux en emploi de qualité, afin d'augmenter le volume global de travail réalisé dans notre économie. C'est une question de bon sens. Pointer du doigt les 35 heures ou augmenter l'âge légal du départ à la retraite ne sont que fausses considérations.
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Commentaires
Même avec un taux de chômage de 5,4%, l'emploi reste une priorité. Devant le congrès annuel du Trade Union Congress à Brighton, Gordon Brown a dévoilé hier un plan dont l'ambition est «de donner un emploi à tous les travailleurs britanniques». Ailleurs en Europe, le premier ministre aurait sans doute été raillé pour pareille promesse. Pas en Grande-Bretagne où le père du «miracle anglais» a su réduire le nombre de sans-emploi à un niveau sans précédent.
La méthode reste la même : concentrer les moyens sur une population particulière. Cette fois, il s'agit des parents isolés, chômeurs de longue durée et jeunes sans diplôme. Le credo économique n'a pas davantage changé : c'est l'emploi qui crée la croissance. «Le Royaume-Uni va chercher tous les travailleurs quand la France s'est longtemps contentée de rogner la population active, persuadée que le nombre d'emplois était une valeur finie», résume Pascal Boris, président de la Chambre de commerce française à Londres.
Un crédit formation de 600 €
Ainsi, tout parent isolé se verra garantir au moins un entretien pouvant mener à une embauche. En cas de reprise d'emploi, les allocations continueront d'être versées pendant 42 jours au lieu de 15. Et toujours pour rendre l'activité plus attractive que l'assistance, les crédits d'impôt seront revalorisés.
L'économie compte 654.000 postes vacants. «Notre tâche est de vite mettre en relation les travailleurs qui ont besoin d'un emploi et les emplois qui ont besoin de travailleurs», a indiqué le premier ministre. D'ores et déjà, 64 des 200 plus gros groupes se sont engagés «à embaucher, former et offrir des emplois» en partenariat avec les job centres. Un crédit formation de 600 € sera instauré afin de mettre le pied à l'étrier à des chômeurs sans expérience. L'apprentissage sera renforcé via un service national pour les apprentis. Gordon Brown a enfin proposé de généraliser les tests d'anglais imposés à certains travailleurs qualifiés candidats à l'immigration - une manière de privilégier les chômeurs britanniques. Au total, un demi-million d'emplois pourraient être pourvus.
Le gouvernement veut ainsi répondre à un objectif d'efficacité économique et de justice sociale. Puisque l'État providence n'aura jamais les moyens de verser des allocations assez élevées pour sortir les gens de la pauvreté, la «seule route» possible est le travail. Et puis, la hausse des recettes fiscales - indispensable à la modernisation du secteur public - ne doit pas provenir d'un alourdissement des prélèvements, mais de l'activité. «Porter le taux d'emploi de 71% à 80% permettrait de gagner l'équivalent de 30 milliards par an, en recettes supplémentaires et en moindres dépenses», note Anthony Giddens, gourou de la troisième voie, dans un livre de conseil à Gordon Brown. Apparemment, le premier ministre l'a lu.
(Source : Le Figaro) Répondre | Répondre avec citation |