« On te l'a expliqué : "Le travail n'est pas un gâteau qu'on se partage". C'est plutôt, comme diraient les saintes écritures, le genre multiplication des pains : plus on en prend, plus il y en a. Un truc magique, quoi… Qui, selon l'adage libéral : "Plus tu bosses, plus tu crées de la richesse". Sauf qu'on ne t'a pas expliqué que la richesse, elle, n'est pas un gâteau magique. Car plus ils en prennent, moins il y en a pour les autres. Bon, il reste les miettes... »
Et je ne peux m'empêcher de penser à «L'Antimanuel d'économie» de Bernard MARIS où il explique que le rôle de l’économie consiste à gérer le partage de la richesse : Qui regarde le gâteau, qui tient le couteau ? Comme la question du partage est liée à celle de la rareté - qu'elle soit bien réelle, ou volontairement provoquée puis entretenue -, là où il n'y a pas de rareté, il n’y a pas de problème économique ! Pour ceux qui connaissent bien ce principe et tiennent aujourd'hui le couteau d'une «main invisible» et experte, le partage de la richesse se destine toujours aux mêmes, comme l'argent attire l'argent ou les arbres attirent la pluie...
Qui tient la truelle, qui regarde les profits qu'il va en tirer (et s'en frotte les mains) ? Dans l'Hexagone, entre 1998 et 2005, les revenus des 1% les plus riches - soit 350.000 foyers - ont augmenté de 19%, voire de 32% pour les 0,1% les plus riches - 35.000 foyers - et carrément de 42,6% pour le petit club des 0,01% les plus fortunés soit 3.500 foyers. Sur la même période, le revenu moyen par foyer a connu, lui, une hausse modeste de 5,9% soit une croissance moyenne annuelle de 0,82%. Soit moins que la croissance du PIB ou même du PIB par habitant.
Et plus on est riche, plus la part du patrimoine placé en valeurs mobilières (actions et autres produits financiers) devient importante : pour le petit club des 3.500, elle peut représenter jusqu’à 40% du revenu total. On peut donc s'enrichir de manière exponentielle et ce… sans travailler.
Ainsi, l'économie mondialisée a fait exploser les revenus du capital tandis que ceux du travail ne cessent de décliner. Mais ne nous plaignons pas : aux Etats-Unis, temple du libéralisme économique où le «travailler plus pour gagner (à peine) plus (sinon moins, penser moins et mourir plus vite)» est en vigueur, 1% de la population détient le tiers de la richesse nationale et le salaire moyen d’un Pdg équivaut à 326 fois le salaire moyen d’un travailleur qui, pourtant, bosse dur ! Pour lui, pas de gâteau magique, effectivement : juste des miettes. S.H.
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