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Accueil Social, économie et politique Qui regarde le gâteau, qui tient le couteau ?

Qui regarde le gâteau, qui tient le couteau ?

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Je ne peux m'empêcher de retranscrire ici le savoureux courrier du lecteur Claude Baudel, de Luzech, publié dans le Télérama de cette semaine :

« On te l'a expliqué : "Le travail n'est pas un gâteau qu'on se partage". C'est plutôt, comme diraient les saintes écritures, le genre multiplication des pains : plus on en prend, plus il y en a. Un truc magique, quoi… Qui, selon l'adage libéral : "Plus tu bosses, plus tu crées de la richesse". Sauf qu'on ne t'a pas expliqué que la richesse, elle, n'est pas un gâteau magique. Car plus ils en prennent, moins il y en a pour les autres. Bon, il reste les miettes... »

Et je ne peux m'empêcher de penser à «L'Antimanuel d'économie» de Bernard MARIS où il explique que le rôle de l’économie consiste à gérer le partage de la richesse : Qui regarde le gâteau, qui tient le couteau ? Comme la question du partage est liée à celle de la rareté - qu'elle soit bien réelle, ou volontairement provoquée puis entretenue -, là où il n'y a pas de rareté, il n’y a pas de problème économique ! Pour ceux qui connaissent bien ce principe et tiennent aujourd'hui le couteau d'une «main invisible» et experte, le partage de la richesse se destine toujours aux mêmes, comme l'argent attire l'argent ou les arbres attirent la pluie...

Qui tient la truelle, qui regarde les profits qu'il va en tirer (et s'en frotte les mains) ? Dans l'Hexagone, entre 1998 et 2005, les revenus des 1% les plus riches - soit 350.000 foyers - ont augmenté de 19%, voire de 32% pour les 0,1% les plus riches - 35.000 foyers - et carrément de 42,6% pour le petit club des 0,01% les plus fortunés soit 3.500 foyers. Sur la même période, le revenu moyen par foyer a connu, lui, une hausse modeste de 5,9% soit une croissance moyenne annuelle de 0,82%. Soit moins que la croissance du PIB ou même du PIB par habitant.
Et plus on est riche, plus la part du patrimoine placé en valeurs mobilières (actions et autres produits financiers) devient importante : pour le petit club des 3.500, elle peut représenter jusqu’à 40% du revenu total. On peut donc s'enrichir de manière exponentielle et ce… sans travailler.

Ainsi, l'économie mondialisée a fait exploser les revenus du capital tandis que ceux du travail ne cessent de décliner. Mais ne nous plaignons pas : aux Etats-Unis, temple du libéralisme économique où le «travailler plus pour gagner (à peine) plus (sinon moins, penser moins et mourir plus vite)» est en vigueur, 1% de la population détient le tiers de la richesse nationale et le salaire moyen d’un Pdg équivaut à 326 fois le salaire moyen d’un travailleur qui, pourtant, bosse dur ! Pour lui, pas de gâteau magique, effectivement : juste des miettes. S.H.

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Mis à jour ( Jeudi, 06 Décembre 2007 23:54 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2007-12-07 02:33 Depuis 2004, des patrons ont joué sur la menace du chômage pour revenir sur le temps de travail. Sans contreparties.

Certaines entreprises n'ont pas attendu les nouvelles mesures de Nicolas Sarkozy pour revenir sur les 35 heures. A chaque fois, cela s'est fait sous la menace de licenciements.

Le mouvement a été lancé par SEB à Vecoux (Vosges). En échange d'une grande flexibilité horaire, les salariés n'y travaillaient que 32 heures par semaine. A l'été 2004, la direction a obtenu le passage aux 35 heures sans contreparties.

L'affaire Bosch est intervenue quasiment en même temps. Face à la menace d'une délocalisation, les 820 salariés de Vénissieux (Rhône) ont accepté, à la quasi-unanimité, de ne travailler non plus 35 mais 36 heures par semaine, sans compensation salariale.

Dans la foulée, le volailler Doux a dénoncé son accord 35 heures, et près de deux heures et demie de pauses hebdomadaires et 23 jours de RTT ont été supprimés, sans contreparties. Les salariés de Cattinair (dépoussiérage industriel) ont perdu, eux, leurs 22 jours de RTT.

(Source : Les Echos)
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0 # superuser 2007-12-07 15:37 Il faut donc travailler plus pour travailler tous : plus les fourmis s'activent, mieux les cigales vivent. En France, on a cru l'inverse en subventionnant les cigales, estime Michel Godet, professeur au CNAM et membre du Conseil d'analyse économique.

Le gouvernement rêve de pouvoir ramener le chômage autour de 5%, comme y sont parvenus nos voisins britanniques, danois ou hollandais, et d'y parvenir sans remettre en cause notre modèle social. Donnons-lui une bonne nouvelle : ce miracle est déjà une réalité en France aussi, puisque le taux de chômage de la Mayenne, du Pays de Vitré ou du Choletais vendéen est deux fois plus faible que la moyenne nationale. A défaut d'essayer ce qui marche à l'étranger et qui n'est transposable que lentement chez nous, on pourrait reproduire à grande échelle ce qui a fait ses preuves chez nous. Comment font ces bassins de vie pour réussir localement une telle performance qui paraît inaccessible au niveau national ?

Le chômage a quadruplé en France depuis 1975 alors que le PIB a plus que doublé. Cette mauvaise gestion de l'abondance est une autre bonne nouvelle, car si les causes de nos difficultés sont en nous, les solutions aussi. Cessons donc de chercher des boucs émissaires dans la mondialisation. Cette dernière n'est pas coupable, tout dépend de la capacité des hommes et des organisations à se battre ensemble, autour de projets communs pour développer l'activité. Pour réduire drastiquement le chômage, il faut agir en même temps sur les trois leviers de l'emploi (libérer l'activité source de croissance, baisser le coût du travail sans diminuer l'incitation à travailler, réveiller les projets dormants dans la tête des entrepreneurs et des territoires).

Le premier levier porte sur l'activité qu'il faut libérer de ses chaînes réglementaires, et du travail, qu'il faut stimuler. Le gisement potentiel d'emplois marchands qui manquent est considérable. Si la France avait créé autant d'emplois dans le commerce, la restauration et l'hôtellerie que l'Allemagne industrielle, elle aurait, comme l'ont montré les économistes Pierre Cahuc et Michèle Debonneuil, 1,2 million d'emplois en plus. Dans cette perspective, il faudrait certainement encourager le temps partiel (de 2 points inférieur à la moyenne communautaire) pour augmenter le taux d'emploi des seniors et même développer le cumul emploi-retraite.

C'est l'activité qui crée l'emploi. Il faut donc travailler plus pour travailler tous : plus les fourmis s'activent, mieux les cigales vivent. En France, on a cru l'inverse en subventionnant les cigales. [Qui sont les cigales ? Qui sont les fourmis ? se demande Actuchomage]

Avec les heures supplémentaires non taxées, on va bien sortir par le haut des 35 heures. Mais je reste inquiet. A l'origine de l'idée du "black officiel" pour encourager les fourmis, j'ai tout fait, mais en vain, pour éviter l'usine à gaz (et à fraude) des ruineuses réductions de charges.

Deuxième levier : pour une croissance donnée, on peut créer plus d'emplois en baissant le coût du travail (par réduction de charges), ce qui permet d'embaucher des travailleurs moins performants tout en restant compétitif. Mais, sauf à aggraver le déficit et donc la dette, il est impossible de baisser les charges sans réduire la dépense publique et donc sans moderniser l'Etat et les collectivités territoriales. A quoi bon réduire de 20.000 personnes par an les effectifs de la Fonction publique nationale si on laisse filer de 40.000 de plus par an ceux des collectivités territoriales ?

La baisse du coût du travail ne doit pas se faire au détriment de l'incitation à travailler, qui constitue le meilleur remède à l'insertion des plus démunis. Sauf pour les blessés de la route sociale qu'il faut mieux soigner, les valides ne devraient pas recevoir de rémunération sans contrepartie d'activité. C'est une question de dignité pour eux et d'efficacité pour la société.

Troisième levier : réveiller les projets dormants pour créer des centaines de milliers d'emplois marchands. Les entrepreneurs sont bien les magiciens de la croissance. Et les chômeurs y sont surreprésentés, avec 35% du total, soit quatre fois plus que leur part dans la population active.

C'est d'abord dans les petites entreprises de moins de vingt personnes, qui représentent 96% des 2,4 millions d'entreprises (dont 900.000 artisans) et 40% de l'emploi marchand, que l'emploi a augmenté de 20% depuis 1998. Un changement décisif serait de réveiller les projets dormants dans ces PME et TPE. C'est ce que fait le Centre national de l'entrepreneuriat du CNAM avec le dispositif Ardan (Action régionale pour le développement d'activités nouvelles). Plus de 7.000 entreprises ont été ainsi accompagnées depuis quinze ans dans cinq régions, et le coût par emploi ainsi créé par réveil des projets dormants est de 6.000 à 8.000 €, soit deux à trois fois moins que n'importe quel dispositif public. Il suffirait d'organiser la contagion de cette initiative dans les territoires et les entreprises pour réveiller des centaines de milliers de projets dormants.

(Source : La Tribune)
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0 # 2007-12-07 17:45 Ce sont donc les pme qui vont nous sauver de la mondialisation : n'importe quoi !
Dans certains secteurs, elles ne sont pas directement soumises à la mondialisation, mais les cordonniers ont disparu avec l'importation de chaussures chinoises (irréparables!) à bas prix…

Les grandes entreprises industrielles sont indispensables pour garantir un équilibre dans les échanges économiques. L'idée qu' Airbus puisse délocaliser ses usines en zone dollar est monstrueuse.

L'Europe a protégé ses agriculteurs ( avec des dérives certes…) mais c'était indispensable pour garantir une indépendance alimentaire. Dans notre monde technologique l'industrie est tout aussi "stratégique" et cela ne concerne pas seulement la défense ou l'énergie.

L'idée que l'on puisse vivre uniquement du commerce, des services financiers ou du tourisme est acceptable pour de toutes petites zones comme le Luxembourg, ou les Pays-Bas, mais elle est inconcevable pour de grands pays comme la France, l'Allemagne ou l'Europe en entier.
Les pme sont des acteurs locaux, essentiellement dans les services et ne participent que peu aux équilibres globaux; et quand elles le font - avec succès parfois - elles sont souvent "à la remorque" des grands groupes.

Que Michel Godet soit professeur au CNAM et membre du conseil d'analyse économique ne fait qu'aggraver son cas: sa démonstration est économiquement fausse. Ce n'est pas du libéralisme, c'est de la sottise!

Il ose dire qu'avoir une politique industrielle ( ou agricole) est inutile et néfaste pour les grands pays.Les US, la Chine, l'Inde, et même la Russie de Poutine pensent exactement le contraire. Pauvres de nous!

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0 # superuser 2007-12-11 04:13
Bouclier fiscal : 129 millions d'euros restitués en neuf mois !
Il n'y a pas que les Etats-Unis qui redistribuent la richesse à ceux qui en ont le moins besoin. Chez nous, depuis l'entrée en vigueur du fameux "bouclier" censé protéger les plus riches de l'impôt national afin qu'ils renoncent à quitter notre beau pays, 3.487 contribuables se sont fait rembourser quelque 129 millions d'euros, soit une moyenne de 37.000 € chacun.
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