Bien que 70% de ses citoyens y soient favorables, l'Allemagne fait partie des six pays de l'UE27 qui n'ont toujours pas de Smic généralisé.
S'exprimant sur le processus d'intégration économique et financière en Europe, M. Trichet a déclaré : «Fixer des salaires minimums à des niveaux qui ne sont pas en ligne avec la productivité réduit les chances de trouver un emploi pour les travailleurs les moins qualifiés et les chômeurs. (...) L'excès de réglementation en matière salariale affecte la création d'emplois, notamment pour les travailleurs jeunes et peu qualifiés, ainsi que pour tous ceux qui peinent à entrer sur le marché du travail».
Trichet, tricheur ? Pourtant, certains des 21 pays de l'Union européenne ayant adopté un Smic peuvent se vanter de leur faible taux de chômage : le Royaume-Uni, l'Irlande, les Pays Bas ou le Luxembourg prouvent qu'il n'y a pas de corrélation entre l'application d'un salaire minimum et un recul de l'emploi. Les Etats-Unis, qui ont aussi leur salaire minimum, démentent ce postulat inventé de toutes pièces par M. Trichet.
Par contre, dans un contexte où le quantitatif se substitue sans cesse au qualitatif, on peut toujours affiner la réflexion sur les liens entre taux de chômage, création d'emplois et généralisation de la précarité. Sur ce dernier point le Smic se contente - hélas - de limiter les dégâts en matière salariale alors qu'en Allemagne les jobs à 1 €, obligatoires pour les chômeurs de longue durée, n'ont contribué qu'à faire baisser les chiffres officiels (chez nous, on a les contrats aidés…). On connaît aussi l'ampleur du sous-emploi en Grande Bretagne ou de l'autre côté de l'Atlantique, dont le lien avec le taux de pauvreté est, lui, avéré. Mais de cela M. Trichet se moque : plus il y aura de travailleurs pauvres, en Europe ou ailleurs, plus sa caste s'enrichira !
En France, le Smic est devenu une trappe à bas salaires : avec 15% de Smicards, nous sommes en tête de l'UE des salariés qui y sont, malgré eux, abonnés (lire ici les analyses d'Alternatives Economiques et de Bernard Maris…). En cause : les allègements de "charges" qui, au lieu de favoriser l'emploi, le dévaluent inexorablement. Pour M. Trichet, le Smic et les règlementations ont bon dos quand il s'agit d'occulter l'avidité humaine, véritable plaie qu'encourage le libéralisme dont il est l'un des fervents défenseurs.
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