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Le refus de soin aux patients bénéficiaires de la CMU ainsi que les comportements illégaux de certains spécialistes à leur encontre persistent, malgré les diverses alertes qui en font cas depuis longtemps (testings de Médecins du Monde ou du CoMéGAS, rapport de l'Inspection générale des affaires sanitaires & sociales, recommandations de la HALDE…) et les "tables rondes" organisées par des institutionnels finalement peu désireux d'en venir à bout.
Voici un cas d'école : une chronique de la lâcheté ordinaire relatée par le Docteur Dupagne sur Atoute.org, un site spécialisé dans l'information et l'éthique médicale. Edifiant !
Et voici le détail d'un rapport accablant de l’IGAS relevé par le site indépendant Bakchich.Info : afin de compenser le «préjudice financier» engendré par la perte d’activité (consultations) des élus de l’Ordre des médecins de Paris, certains d'entre eux perçoivent de copieuses indemnités annuelles... 85.000 € pour le président de l’Ordre, 80.000 pour son secrétaire général, 46.000 pour le trésorier. Des rémunérations qui ne reposent sur aucune base légale. «Six conseillers, soit 20% de l’effectif total (salariés + conseillers rémunérés), perçoivent donc 43% du total des rémunérations, détaille le rapport, pour, dans la plupart des cas, équivalent au plus à un mi-temps». Et effectué à l’unisson de préférence «le matin», ironise Bakchich qui ajoute que ces bons et désintéressés conseillers ont aussi droit à une indemnité de fin de mandat… une sort de golden parachute, en quelque sorte.
Quand on relit les mésaventures de ce titulaire de la CMU qui voulait faire refaire des lunettes, s'est fait extorquer 45 € (soit 10% de son revenu mensuel) par son ophtalmologiste et à qui la CPAM et le conseil de l’Ordre de son département refusent toute justice par une attitude scandaleusement indifférente, outre le mot mépris, c'est le mot CORRUPTION qui vient à l'esprit. Car, voyez-vous, nous vivons dans un pays où il faut contrôler le fabuleux «train de vie» des RMIstes et sanctionner ces fainéants de chômeurs qui refusent «deux offres d'emploi», mais où les gros bonnets en poste qui sont grassement payés à ne rien faire ne sont, eux, nullement inquiétés !
=> Le ministre Eric Woerth voudrait que la CMU soit délivrée pour 3 mois au lieu d'un an : lire en commentaire…
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Commentaires
Le Fonds a réalisé un "testing" téléphonique auprès d'un échantillon de professionnels de santé installés dans six villes du Val-de-Marne. Pour réaliser cette enquête, une personne se faisait passer auprès des médecins, au téléphone, pour un bénéficiaire de la CMU. Lorsque le praticien motivait le refus de rendez-vous par un manque de place, par exemple, une seconde personne, se présentant comme un assuré ordinaire, téléphonait à son tour, obtenant généralement sans difficulté un rendez-vous.
Le résultat montre que 41% des médecins spécialistes sollicités ont refusé de prendre en charge des patients inscrits en CMU. A l'inverse, les généralistes ne refusent que dans 4,8% des cas ces patients (1,6% pour les généralistes de secteur 1, appliquant des tarifs de la "Sécu").
Parmi les spécialistes, les gynécologues (44%) et les psychiatres (50%) sont les praticiens qui présentent les taux de refus les plus élevés. Un tiers des ophtalmologues (33%) et 40,9% des pédiatres ont eux aussi refusé. S'agissant des dentistes, 39% ont refusé une prise en charge.
Le Fonds remarque en outre que les patients non bénéficiaires de la CMU ont souvent droit de la part des praticiens à une "attitude plus aimable, avec une recherche de plus d'informations sur la situation du patient".
Le Fonds donne plusieurs explications à cette attitude : certains praticiens privilégient des "logiques économiques" avec des dépassements d'honoraires, supposant que les patients ne seront pas en situation de les acquitter, d'autres voient la CMU "comme un dispositif pour les pauvres dont la place est dans les structures publiques".
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
Eric Woerth, ministre du Budget, chargé par Nicolas Sarkozy de faire la chasse aux fraudes aux prestations sociales, s’en prend aux bénéficiaires d’un droit social : la Couverture Maladie Universelle complémentaire. Celle-ci permet aux assurés sociaux dont les revenus sont en dessous d’un seuil (606 € pour une personne seule) d’avoir droit à une complémentaire santé gratuite. Elle est actuellement délivrée pour un an, après examen par les Caisses d’Assurance maladie, des justificatifs de ressources des demandeurs.
D’après M. Woerth, elle ne serait plus délivrée que pour 3 mois, afin d’"effectuer un contrôle plus poussé de la réalité des ressources" des demandeurs, parce que celui qui vit dans la pauvreté est toujours suspect d’être un fraudeur. Outre le fait que cette nouvelle attaque contre la CMU stigmatise davantage les personnes vivant dans la pauvreté, elle est en contradiction avec la loi, puisqu’un grand nombre de personnes sont bénéficiaires de droit à la CMU par la perception du RMI.
Par ailleurs, sur les 6 millions de personnes qui rentreraient dans les critères exigés pour bénéficier de la CMU complémentaire, moins de 5 millions seulement profitent de ce droit : il y a donc environ 1 million de personnes qui y auraient droit mais qui, de fait, n’en bénéficient pas. «Contrôler», en choisissant de ne contrôler que ceux qui abuseraient du droit, sans contrôler que tous ceux qui ont un droit l’exercent réellement, c’est évidemment un choix.
On sait que les fraudes à la CMU sont minimes et que cette nouvelle mesure, après la photo obligatoire sur la carte vitale, va augmenter les coûts de gestion et coûter bien plus cher que les bénéfices attendus. Mais, au delà de cette sinistre comptabilité, la vraie question reste celle du comment vivre quand on a des ressources en deçà du seuil de pauvreté ?
Mettre en œuvre cette nouvelle vexation aura des conséquences sur la santé de ces personnes. Tout le monde sait que le retard dans l’accès aux soins aggrave les maladies. Cette mesure transforme l’accès aux droits sociaux en une confrontation avec les services instructeurs de cette prestation. Un grand nombre de bénéficiaires (surtout les jeunes) abandonnent cette quête des droits sociaux et s’enfonce dans l’exclusion.
Nous qui soignons ces personnes ne pouvons que nous opposer à cette nouvelle agression, nous ne pouvons nous taire, faire silence c’est accompagner l’injustice.
Communiqué de presse commun du 4 février 2008 : Association des Médecins Référents (AmedRef) - Comité des Médecins Généralistes pour l’accès aux soins (CoMéGAS) - Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) - Syndicat National des Médecins de Centre de santé - Syndicat de la Médecine Générale (SMG) - Union Syndicale de la Psychiatrie (USP). Répondre | Répondre avec citation |
Il y a deux à trois ans, quand on voulait faire un renouvellement de la CMU complémentaire, la Sécurité Sociale préconisait de s'y prendre 2 mois à l'avance, si on voulait éviter une période sans couverture après l'expiration de l'ancienne période couverte. Cette année on préconise de faire sa demande 10 semaines à 3 mois avant l'expiration. Cela signifierait que si la CMU ne sera accordée que pour trois mois, on devrait rajouter au dossier de la première demande la demande de renouvellement pour une CMU qui n'a pas encore été accordée. Je doute fort que cela soit possible.
Est-ce que le délai d'attente sera plus court qu'il ne l'est aujourd'hui ? Je ne le crois pas non plus, vu les contrôles supplémentaires que l'on voudrait rajouter.
On devra donc attendre la première acceptation qui arrivera trois mois plus tard. Si la CMU est valable depuis la date de la demande, elle sera périmée quand elle arrive. Le précieux document dans la main, on peut enfin faire une demande de renouvellement pour lequel on devra attendre - on réfléchit quelques secondes - trois mois !
Ne serait-ce pas plus franc de la supprimer tout de suite ? Répondre | Répondre avec citation |