«Nombre de nos collègues ou de patrons de TPE sont incités à se séparer de leurs collaborateurs et leur proposent de passer sous statut auto-entrepreneur. Et ils leur promettent ensuite de faire appel à eux en sous-traitance une fois que la reprise sera là et qu'ils auront à nouveau des commandes à satisfaire», avançait Pierre Martin, le président de l'UPA, dans Le Figaro du 4 février. «Une affirmation que l'UPA n'a toutefois pas étayée par des exemples précis», précisait le journal... Maintenant, on en a au moins un !
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« Je souhaite procéder à ton licenciement avec signature d’un accord conventionnel comme c’est prévu par la loi; je t’encourage ensuite à t’installer en auto-entreprise, ce qui te permettra de garder tes droits au chômage et d’en bénéficier tout en démarrant ton activité.
Cette formule te permettra aussi de développer d’autres clients pour des tâches de secrétariat de société et très rapidement, te permettra de gagner plus qu’aujourd'hui.
Je m’engagerai pour ma part à te fournir du travail comme client de ton auto-entreprise pendant au moins deux ans de telle sorte que tu puisses avoir un revenu, Assedic compris, supérieur à ton revenu actuel, plus ce que tu pourras gagner éventuellement avec d’autres clients.
Cette formule, qui utilise les dispositions des lois récentes, me parait particulièrement honnête et intéressante pour toi, même si elle t’offre moins de sécurité. Mais à part fonctionnaire des postes, qui a aujourd’hui une sécurité de revenus ? Par ailleurs, mon comptable s’engage à assurer avec et pour toi les démarches administratives et autres nécessaires.
L’autre solution restante est le pur et simple licenciement économique, sans suite entre nous, ce qui serait dommage. Je suis persuadé que si tu dépasses des peurs et tes insécurités, tu seras beaucoup plus contente dans quelques mois de cette nouvelle façon de travailler. C’est à toi de choisir.
Je suis à ta disposition pour te fournir toutes les explications utiles dont tu pourrais avoir besoin. »
Voilà qui est limpide ! Ce petit patron est visiblement un adepte de Laurence Parisot, qui déclarait il y a quatre ans : «La précarité est une loi de la condition humaine. La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ?» Depuis, entre divers dispositifs de «modernisation du marché du travail» institués par un gouvernement à la solde du Medef et cette bonne vache-à-lait Unedic, on n'a pas fini de "dépasser nos peurs et nos insécurités".
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Commentaires
Pour ceux qui y croient :
• La bombe atomique de l’auto-entrepreneur
Un décryptage très convaincant.
• Sarkozy célèbre le 100.000e auto-entrepreneur
Quelques bonnes questions qui méritent réponse. Répondre | Répondre avec citation |
C'est à peu près la seule «bonne nouvelle» économique depuis le début de l'année et les journalistes, distraits ou dociles, n'ont pas manqué de «tartiner» sur le sujet : la France a enfin attrapé le virus de l'entreprise. Chaque semaine ou presque on célébrait le chiffre magique : 20.000, 50.000, 100.000, 200.000 auto-entrepreneurs, la France qui entreprend s'agrandit chaque jour.
Et puis, aujourd'hui, on se frotte les yeux en découvrant, à la page 9 du Parisien : Les auto-entrepreneurs pourront toucher le RSA.
L'idée est de l'excellent Hervé Novelli, secrétaire d'Etat au commerce. «L'intérêt de ce double statut ? Les futurs allocataires du RSA pourront créer leur activité sans craindre de perdre leur droit à une nouvelle allocation.»
Accessoirement, la mesure nous apprend plusieurs choses :
1) Le double statut devrait permettre sous peu à un balayeur de facturer ses prestations de service, au risque de creuser un peu plus le trou de la Sécu. On comprend mieux pourquoi, un peu partout en France, les artisans protestent contre la concurrence déloyale de cette nouvelle formule.
2) Contrairement à ce que suggèrent tous les communiqués triomphalistes du Secrétariat d'état au commerce, l'explosion du nombre d'auto-entrepreneurs n'a pas grand chose à voir avec le développement de l'esprit d'entreprise. On aimerait d'ailleurs lire davantage d'informations sur les auto-entrepreneurs : combien de chômeurs de plus de 50 ans ? Combien de fonctionnaires qui trouvent là une bonne occasion de blanchir le travail au noir ? Combien de cadres liés à une entreprise qui facturent le travail qu'ils effectuaient hier comme salariés ?
(Source : Marianne) Répondre | Répondre avec citation |