«Nombre de nos collègues ou de patrons de TPE sont incités à se séparer de leurs collaborateurs et leur proposent de passer sous statut auto-entrepreneur. Et ils leur promettent ensuite de faire appel à eux en sous-traitance une fois que la reprise sera là et qu'ils auront à nouveau des commandes à satisfaire», avançait Pierre Martin, le président de l'UPA, dans Le Figaro du 4 février. «Une affirmation que l'UPA n'a toutefois pas étayée par des exemples précis», précisait le journal... Maintenant, on en a au moins un !
Après une longue période de chômage, Marie a retrouvé il y a trois ans un emploi d'assistante de direction à domicile. Son patron, dont elle est l'unique salariée, entretient avec elle une relation décontractée, vaguement amicale. «La crise» aidant, prétextant qu'il est acculé financièrement et ne peut plus payer ses «charges» (alors que Marie a eu maintes fois l'occasion de le voir piocher dans la caisse et détecté de sa part quelques abus de biens sociaux…) mais n'envisageant aucun dépôt de bilan, il lui annonce son intention de la licencier à la fin du mois dans le cadre de la fameuse «rupture conventionnelle», autre source de détournements, dans ces termes :
« Je souhaite procéder à ton licenciement avec signature d’un accord conventionnel comme c’est prévu par la loi; je t’encourage ensuite à t’installer en auto-entreprise, ce qui te permettra de garder tes droits au chômage et d’en bénéficier tout en démarrant ton activité.
Cette formule te permettra aussi de développer d’autres clients pour des tâches de secrétariat de société et très rapidement, te permettra de gagner plus qu’aujourd'hui.
Je m’engagerai pour ma part à te fournir du travail comme client de ton auto-entreprise pendant au moins deux ans de telle sorte que tu puisses avoir un revenu, Assedic compris, supérieur à ton revenu actuel, plus ce que tu pourras gagner éventuellement avec d’autres clients.
Cette formule, qui utilise les dispositions des lois récentes, me parait particulièrement honnête et intéressante pour toi, même si elle t’offre moins de sécurité. Mais à part fonctionnaire des postes, qui a aujourd’hui une sécurité de revenus ? Par ailleurs, mon comptable s’engage à assurer avec et pour toi les démarches administratives et autres nécessaires.
L’autre solution restante est le pur et simple licenciement économique, sans suite entre nous, ce qui serait dommage. Je suis persuadé que si tu dépasses des peurs et tes insécurités, tu seras beaucoup plus contente dans quelques mois de cette nouvelle façon de travailler. C’est à toi de choisir.
Je suis à ta disposition pour te fournir toutes les explications utiles dont tu pourrais avoir besoin. »
Voilà qui est limpide ! Ce petit patron est visiblement un adepte de Laurence Parisot, qui déclarait il y a quatre ans : «La précarité est une loi de la condition humaine. La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ?» Depuis, entre divers dispositifs de «modernisation du marché du travail» institués par un gouvernement à la solde du Medef et cette bonne vache-à-lait Unedic, on n'a pas fini de "dépasser nos peurs et nos insécurités".
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