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Cette grande enquête montre qu'en Europe près d'une personne sur 2 (46%) estime que son employeur «a recours à des pratiques discriminatoires, principalement à l'encontre des seniors».
Selon Patrick Pedersen, directeur des opérations Monster France et Europe du Sud : «De la simple annonce d'offre d'emploi jusqu'à la bible du recrutement, les entreprises doivent veiller à éviter toute forme de discrimination par l'âge en phase de recrutement. La diversité des âges au sein d'une entreprise constitue un indicateur de bonne pratique de gestion des ressources humaines. Il est en outre intéressant pour une entreprise de prendre en compte la notion ‘d'économie de la connaissance', selon laquelle un employé expérimenté apporte un niveau supérieur de compréhension et un ensemble de compétences plus riches qui bénéficient in fine à l'ensemble de l'entreprise.»
QUAND LES DISCRIMINATEURS DONNENT DES LEÇONS
Les dirigeants de Monster font décidément très fort : après avoir créé un site dédié à la diversité (en partenariat avec le Ministère délégué à la Promotion de l'Egalité des Chances, l'ANPE et le Medef), ces gens conduisent des enquêtes et dispensent à qui veut l'entendre des conseils de "bonne pratique"...
Or Monster est de longue date - et demeure - un discriminateur compulsif. Il suffit pour s'en convaincre de rechercher une offre en saisissant comme mot-clé "35 ans" => En moins d'une minute ce site, qui se permet de donner des leçons de bonne conduite, vous connecte à l'offre suivante (datée du 3 octobre, mais il y en a d'autres) :
Commercial exclusif (f/m)
Poste basé en France
Votre profil : A 25-35 ans environ, de formation bac + 2, vous possédez une première expérience commerciale réussie, idéale dans le secteur du meuble ou des composant de meuble. Vous recherchez aujourd’hui plus d’autonomie et de responsabilité au sein d’une équipe jeune et dynamique. Votre personnalité fera la différence, goût du challenge, sens commercial , rigueur et organisation. La connaissance de l’allemand est indispensable.
On remercie bien Monster pour sa sollicitude, mais, comme on dit : Avec des amis comme ça, on n'a pas besoin d'ennemis !
La ficelle est grosse : constatant qu'il n'existe chez les recruteurs aucune réelle volonté de cesser ces discriminations (qu'ils nient d'ailleurs systématiquement), rien n'est plus simple que de se drapper dans les habits de la vertu en répandant la bonne parole !
Au passage, sous couvert de lutte contre toutes les discriminations, on crée des offres spéciales estampillées "diversité" ; si ce n'est pas de la ghettoïsation, ça y ressemble fort !
Gérard Plumier
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Commentaires
Un an après les émeutes de banlieue, un accord national syndicats-patronat incitant les entreprises - sans les contraindre - à lutter contre les discriminations est pratiquement assuré d'entrer en vigueur après la décision jeudi de la CFDT et de l'artisanat (UPA) de le ratifier.
L'accord prévoit notamment la création d'un "comité élargi de la diversité" obligatoire pour les entreprises dotées d'un comité d'entreprise. Lorsque la taille de l'entreprise et son organisation le permettent, un correspondant "égalité des chances" sera désigné par le chef d'entreprise, qui suivra l'application de l'accord.
Aucune obligation ne s'impose en revanche aux entreprises de moins de 50 salariés, qui constituent la majeure partie des entreprises de l'Hexagone.
L'accord ne préconise pas la généralisation obligatoire du CV anonyme, qui figure dans la loi Egalité des chances d'avril 2006. Il salue néammoins son expérimentation et prévoit un bilan fin 2007.
La CFDT a souligné qu'elle n'était pas dupe des limites du texte, dont l'application dans les petites et très petites entreprises reposera sur la bonne volonté des employeurs et la vigilance des salariés. Son bureau national a cependant accepté à l'unanimité jeudi de le ratifier.
Huit jours auparavant, le syndicat chrétien CFTC avait fait de même.
L'accord devrait donc logiquement entrer en vigueur, la partie patronale (Medef, CGPME et UPA) ayant manifesté l'intention de signer et la CGT ayant exprimé la semaine dernière "un avis plutôt favorable" sous réserve de "petites modifications". La commission exécutive confédérale de la CGT se décidera le 23 novembre, après consultation des fédérations et unions départementales .
FO n'a pas fait connaître sa position mais fait montre d'une certaine satisfaction.
A ce jour, seul le syndicat des cadres CFE-CGC a décidé de ne pas cautionner l'accord, reprochant au texte d'être une "charte de bonne intentions" et jugeant pour le moins déplacé le triomphalisme exprimé par le patronat. La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) s'est, par exemple, félicitée mardi que le texte "incite plutôt qu'il ne contraint", faisant bondir la CFE-CGC. L'Union professionnelle artisanale (UPA), dont le conseil national a décidé jeudi de signer l'accord, s'est quant à elle vanté que les artisans pratiquent déjà la diversité dans leurs entreprises "de manière naturelle et permanente, à l'instar de monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir".
Au vu des sondages auprès des salariés, il y a loin avant que le "poison" de la discrimination, pour reprendre le terme du chef de l'Etat Jacques Chirac, cesse d'empoisonner le monde du travail. Un peu plus de la moitié des Français (51%) pensent que leur entreprise pratique la discrimination à l'embauche et/ou dans la carrière, selon une étude INit Satisfaction pour le site en ligne Monster. Environ 70% des jeunes diplômés issus de l'immigration affirment être ou avoir été victimes de discriminations dans le monde du travail, selon une enquête de l'agence de marketing ethnique Sopi.
Pour faire avancer les choses, outre des mesures pour les PME et les TPE, la CFDT "aurait aussi aimé avoir des espaces territoriaux dans les régions" pour la promotion de la diversité, a souligné son représentant. "Mais nous nous faisons fort de l'obtenir par la suite dans le cadre de l'action syndicale classique. L'accord est un premier pas et un point d'appui", a-t-il assuré. Répondre | Répondre avec citation |