«Nous ne pouvons pas dire aux Français qu'il va falloir certainement cotiser plus longtemps, passer de 40 à 41 ans alors que d'autres Français seraient restés à 37,5 ans. [...] Parler des régimes spéciaux d'abord, c'est mettre les Français sur un pied d'égalité par rapport à la durée de cotisation.» Donc, selon Xavier Bertrand, le "pied d'égalité" ne se situe que du côté des entreprises de service public RATP, SNCF, EDF et GDF, tandis les marins et les mineurs sont épargnés pour des motifs indiscutables mais qu'une éventuelle réforme des autres régimes spéciaux (clercs de notaire, ministres des cultes…) est passée sous silence, et que celle du régime spécial des parlementaires n'est abordée que du bout des lèvres...
Pour lui, «la logique de la prolongation de la durée d'activité est la meilleure pour pérenniser le financement de ces régimes». Notre système de retraite par répartition, dit-il, «nous sommes déterminés à en assurer la pérennité et pour cela, nous le savons tous, il n'existe que 3 solutions : soit réduire le montant des pensions - ce que les Français ne veulent pas -, soit augmenter les cotisations - ce qui pénaliserait le pouvoir d'achat - soit, enfin, allonger la durée de cotisation. C'est cette dernière solution que nous avons retenue, comme d'ailleurs l'ensemble des pays européens, car c'est la réponse la plus cohérente à l'allongement de l'espérance de vie : si nous vivons plus longtemps, nous devons aussi travailler plus longtemps pour voir nos pensions garanties.» Et c'est là que s'arrête sa démonstration.
Pourtant, il existe une quatrième solution
Comme disait Confucius, «lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt». Il est donc d'usage que, dans leurs discours, nos dirigeants mettent en avant des "excès de dépenses" (pour culpabiliser les assurés/salariés) ainsi que d'éventuels "privilèges" (pour nous dresser les uns contre les autres) : pendant ce temps, cela leur évite d'aborder l'épineux problème du déficit de cotisations dont souffre toute notre protection sociale depuis plus de vingt ans et dont ils sont les complices. Ses causes sont largement connues : il s'agit du CHÔMAGE structurel et de la PRÉCARITÉ galopante, dont les évolutions vont de pair avec les déficits.
Cette quatrième solution, naturellement éludée par le ministre du Travail, serait de mener une politique volontariste qui limite/contrôle les destructions d'emplois et favorise la création d'emplois qui ne soient pas du sous-emploi car, dans les deux cas, le manque à gagner pour les caisses de retraite et de Sécu est considérable. Mais ce n'est pas ce que souhaite le gouvernement qui, par exemple, supprime massivement des postes dans la Fonction publique et permet qu'on les remplace par des contrats aidés qui coûtent cher à la collectivité et ne remplissent pas les caisses...
Si - hélas - les 53% de Français qui déclarent ne pas soutenir la grève du 18 octobre cessaient de ne regarder que le doigt des menteurs qu'ils ont élus, alors peut-être qu'ils ne l'estimeraient plus aussi "injustifiée" ?
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