Après le mot PRÉCARITÉ cher à Laurence Parisot (Medef), qui l'a mis à la mode afin de mieux banaliser la souffrance de ceux qui chaque jour la subissent au bénéfice sémantique de ceux qui prétendent la connaître, puis le pauvre Guy Môquet dont la lettre d'adieu - de Nicolas Sarkozy à Bernard Laporte - a subi le même sort, voici qu'on nous annonce des «Grenelle» et des «fusions», au nom des chômeurs et de notre planète...
Grenelle ?
Environnement, suivi des demandeurs d'emploi, insertion des minima sociaux... Comble du cynisme : le très libéral Nicolas Sarkozy, de la même façon qu'il s'approprie la dernière lettre d'un jeune communiste (!) sur le point d'être exécuté par les nazis, récupère des sujets qui le répugnent pour mieux faire croire qu'il y est «ouvert», alors que sa ligne politique n'a que faire du dérèglement climatique et des bouleversements économiques & humains qu'il suppose puisque le profit pour un tout petit nombre est sa feuille de route, à petite ou à grande échelle, que sa haine de l'immigré prend des allures scientifiques et que son mépris des privés d'emploi et des pauvres - tous responsables de leur situation - est largement connu.
Pourtant, lors de sa campagne électorale le 29 avril dernier à son grand raout du Palais Omnisport de Paris-Bercy, entre autres allusions discriminatoires et résolument anti-sociales, il prônait haut et fort qu'il fallait liquider l'héritage de Mai 68. Or, excepté que grâce à Mai 68 un divorcé comme lui peut être aujourd'hui élu président de la République, l'utilisation systématique du mot GRENELLE en devient ridicule ! Car la grandiloquente expression «Grenelle» vient des accords de Grenelle qui ont eu lieu entre syndicats et patronat en plein Mai 68 alors que les grèves, remises en question actuellement par un bon peuple qui les souhaiterait virtuelles, ont permis des avancées sociales considérables. La contradiction entre une liquidation de cet «héritage» et ses propos alors électoralistes, désormais racoleurs, s'avère particulièrement scandaleuse. Et l'aveuglement des Français sur cette MANIPULATION est d'autant plus affligeant à l'heure où des réformes du "marché du travail" menées au pas de charge ne laissent présager rien de bon pour les salariés.
Fusion ?
Pour les chômeurs que nous sommes, pionniers de la décroissance malgré nous, le mot FUSION interpelle. C'est lors de «fusions-restructurations» que la plupart d'entre nous a perdu son emploi, son gagne-pain, son statut social. Beaucoup d'entre nous ont connu et expérimentent encore ce qu'est être un paria, un assisté à cause d'un employeur "moderne" qui "anticipe" sur les évolutions de son entreprise, quand il n'éprouve aucun état d'âme sur les dégâts créés par son incompétence, endossés - bien sûr - par la collectivité... Dans notre mémoire vive et à vif, toute «fusion» est synonyme d'ambiance exécrable, de pressions, de réduction d'effectifs, de déclassement, de nivellement par le bas et d'exclusion.
Or, on nous propose la fusion de l'ANPE et de l'Assedic "pour notre bien" (alors que c'est la création d'emplois dignes de ce nom qui fait défaut et non la clarification d’un maquis de contrats aidés ou l'instauration d'un "RSA" qui n'ont pour but que de précariser les chômeurs en déresponsabilisant les employeurs. Encore moins un problème de "structure" du service public de l'emploi…) ainsi que la fusion des minima sociaux (qui sont huit à ce jour, correspondent à des situations spécifiques et permettent à 6 millions de personnes de survivre). Tout ça pour être "modernes", pour "simplifier" alors que rien n'est moins simple. Tout ça pour faire croire que l'on fait quelque chose alors que ce qui nous attend est un nouveau nivellement par le bas, une nouvelle réduction des droits, toujours plus de pressions et d'exclusion, au nom de la lutte contre le chômage ou l'«assistanat» et pour une très virtuelle «valeur travail»...
Dans ce vaste tour de passe-passe sémantique et législatif qui se profile à l'horizon, plus que jamais la vigilance s'impose.
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