2) Si doter chaque individu d'un emploi digne de ce nom est économiquement inenvisagé dans la configuration actuelle (puisque l'Etat et les entreprises les suppriment ou les précarisent toujours aussi allègrement…), il faut soit créer une assurance chômage forte, soit instaurer un véritable revenu universel qui permette à chacun d'avoir le minimum pour vivre et contribuer à la bonne marche économique du pays, équivalent à 80% minimum du revenu médian. Il va sans dire que ce dispositif devra être essentiellement assumé par ceux qui s'enrichissent en détruisant ou en précarisant les emplois.
3) Enfin, pas de lutte contre la pauvreté sans lutte contre la corruption, chez nous ou dans le monde, comme le martèle à juste titre la juge Eva Joly.
Tout le reste - journées mondiales, RSA et autres formes de charité - ne sont que beaux discours et pansements sur une jambe de bois !
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N'oublions pas que Nicolas Sarkozy est avant tout l'ami du Medef, et que le patronat n'en a que faire de créer des emplois véritables et pérennes, avec des conditions de travail et une protection sociale acceptables pour ses collaborateurs salariés. La seule chose qui leur importe c'est de se faire du fric le plus rapidement possible, que ce soit sur le dos de l'emploi, du logement, de la nourriture, de l'énergie, de la santé, de l'éducation, bref : toutes ces choses qui répondent aux besoins humains les plus élémentaires mais que le grand marché mondial érige en produits spéculatifs comme les autres, et tant pis si cela doit être au détriment du bien-être de la majorité des individus.
Vu ses accointances, inutile de s'illusionner sur une volonté sarkozyenne de lutter contre la pauvreté en France. La lutte contre le chômage s'avère déjà être une lutte contre ses victimes : celle contre la pauvreté sera du même tonneau. Par contre, pour Nicolas Sarkozy, la lutte des classes existe toujours, mais elle a simplement changé de camp. Sous sa houlette, c'est donc bec et ongles que les puissants et les riches défendent aujourd'hui leurs seuls intérêts.
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Commentaires
Pour AC!, le rapport de la DREES confirme une tendance : celle de la plus grande précarisation et culpabilisation du chômeur. C’est une des conséquences d’une décentralisatio n qui s’est traduite en fait par un désengagement de l’État dans la lutte contre le chômage.
Trois ans après la décentralisatio n imposée de la gestion du RMI aux départements, un rapport de la DREES (1) montre que cette mesure a surtout permis à l’État de transférer aux collectivités la responsabilité de la lutte contre le chômage des allocataires du RMI. Aux départements de se débrouiller avec une dotation de l’État qui ne correspond pas à la réalité des charges, du fait de l’augmentation du nombre d’allocataires due, par exemple, au durcissement des conditions de l’assurance chômage.
Ce décalage permanent entre les fonds engagés par la collectivité locale sur le RMI et une compensation insuffisante de l’État fausse tout d’entrée de jeu.
Cette décentralisatio n n’est pas sans conséquence sur le résultat de l’étude menée par la DREES. À la lecture du rapport de cette dernière, AC! constate que pour les Conseils Généraux, «il s’agit évidemment de dépenser le moins possible, d’où un triple objectif : réduire les dépenses sociales non immédiatement rentables (santé, accès au logement, aides financières, politiques culturelles), considérer la sortie la plus rapide possible du dispositif comme une fin en soi indépendamment du sort de l’allocataire, et tenter de "rentabiliser" les dépenses en imposant des activités pour les collectivités territoriales en échange de l’allocation».
PRIVATISATION. AC! note «un phénomène de privatisation de l’élaboration des plans d’insertion». En France, «ce sont donc en grande partie les associations humanitaires ou intermédiaires, les entreprises d’insertion, qui élaborent les PDI et sont simultanément concernées par leur contenu, puisque ce sont ces plans qui déterminent le montant et les destinataires des subventions accordées au titre de l’insertion». D’où ce constat : «A la fois juges et parties de la politique menée, elles ne peuvent donc qu’entériner ce qui va dans le sens de leurs intérêts propres. Celui de leur survie, qui passe forcément par un renforcement de l’insertion dite professionnelle , et qui se traduit avant tout par la gestion d’emplois précaires et ultra subventionnés, ou celle de formations courtes et non qualifiantes.»
Autrement dit, la décentralisatio n a signifié la privatisation de la lutte contre le chômage des allocataires du RMI. Une privatisation qui fait passer l’intérêt des acteurs de ce qui est devenu un marché, avant celui des travailleurs.
CERCLE VICIEUX. L’étude relève qu’en France, seuls 6 départements affichent comme priorité d’insertion professionnelle le retour à l’emploi durable pour l’allocataire du RMI. Les emplois aidés sont, eux, cités 60 fois. Or, AC! note que cette forme d’emploi est bien plus précaire, ne permet que très difficilement de sortir du chômage et permet aux employeurs publics et privés de remplacer des emplois durables à moindre coût.
«A l’heure actuelle, de toute façon, aucun chef d’entreprise n’a intérêt à embaucher un RMIste autrement que dans ces formes d’emploi, puisque celles-ci lui permettent d’avoir accès à un financement du salaire et à de multiples exonérations de cotisations», rappelle l’association de travailleurs privés d’emploi. «De plus, les données de la DREES montrent bien le développement de structures parasitaires, associations ou entreprises, dont la survie économique ne tient que par l’existence d’un nombre conséquent de RMIstes qu’elle a tout intérêt à maintenir dans une précarité dont la gestion lui rapporte des fonds publics conséquents. On l’a vu, ces structures sont désormais pleinement associées à la conception même des programmes d’insertion».
PRESSIONS ACCRUES. AC! note que la DREES relève un renforcement des mesures de contrôle à l’encontre des allocataires du RMI dans les trois quarts des départements. Pour l’association, cela s’explique par la volonté de briser un mouvement de résistance des allocataires du RMI qui refusent d’entrer «dans ce cercle vicieux» et préfèrent «mettre en avant leurs besoins et leurs parcours autonomes d’un emploi choisi». Le rapport évoque une sanction de plus en plus utilisée contre l’allocataire qui refuse un travail précaire : la suspension du versement des prestations. Cette sanction «peut durer indéfiniment jusqu’à ce que l’allocataire accepte les mesures d’insertion qui lui sont imposées». Des suspensions en forte hausse selon la CAF, une donnée confirmée par les départements dans le rapport de la DREES.
Pour AC!, tout cela est un contexte très inquiétant alors que la mise en œuvre d’un nouveau dispositif, le RSA, est annoncée.
Manuel Marchal pour www.temoignages.re
(1) "Les politiques d’insertion des Conseils généraux en direction des bénéficiaires du RMI", N°582 de la revue "Études et résultats"- DREES - Ministère du Travail. Répondre | Répondre avec citation |
Le président de la République a annoncé - lors du 20e anniversaire de la journée internationale de lutte contre la misère - son intention de réduire la pauvreté d’un tiers en 5 ans. Pour cela, il compte essentiellement sur le revenu de solidarité active (RSA), mécanisme qui vise à "inciter" les plus démunis à reprendre un travail en complétant leurs revenus. Les effets du RSA demeurent très aléatoires : personne n’a mesuré le niveau de "désincitation" actuel des pauvres, et ce mécanisme - qui ne sera opérationnel qu’en 2009 - ne concerne que les actifs. Pour l’heure, rien n’a été annoncé pour les personnes âgées démunies notamment.
Le mérite de cette annonce est de fixer un objectif, alors que les gouvernements précédents ont laissé stagner la pauvreté depuis 10 ans. Un tiers en moins signifie diminuer le nombre de pauvres de 1,2 million suivant la définition la plus restrictive de la pauvreté [1] ou 2,3 millions suivant la définition la plus large [2], soit entre 250.000 et 470.000 pauvres de moins par an.
L’objectif risque pourtant d’être difficile à atteindre, pour deux raisons principales. La première est liée à la croissance, qui montre des signes de faiblesse. Ce sont les créations d’emploi qui pourraient contribuer à réduire la pauvreté. Si elles ne sont pas au rendez-vous, le RSA n’aura pas grand effet. La seconde résulte des politiques publiques : dès son arrivée, le premier acte du président de la République a été d’utiliser l’argent de l’Etat pour accroître le pouvoir d’achat des couches sociales les plus aisées. Si l’on ne prend pas en compte la mesure sur les heures supplémentaires , 9 milliards d’euros ont ainsi été dépensés l’été dernier en baisses d’impôts (droits de succession, bouclier fiscal ou autres). Il faut noter que fixer le RMI (1,2 million de titulaires) au-dessus du seuil de pauvreté aurait coûté entre 3,4 et 5,4 milliards d’euros suivant le seuil de pauvreté considéré. Le RSA, en phase expérimentale, se verra doté de 25 millions d’euros (soit 360 fois moins que les baisses d’impôts)…
Depuis 2000, les différents gouvernements qui se sont succédés ont gaspillé de la sorte des dizaines de milliards d’euros d’argent public en diminutions d’impôts, qui ont grossi l’épargne des couches favorisées sans aucun effet sur la croissance et l’emploi. Employés autrement, de la santé à l’éducation en passant par le logement, ils auraient permis d’améliorer sensiblement la situation des plus démunis.
Une nouvelle fois, le décalage entre les discours et les actes est considérable. Chacun semble s’en accommoder, en faisant mine de croire aux discours officiels. La question est de savoir jusqu’à quel point ce grand écart est soutenable.
[1] Avec un seuil de pauvreté équivalent à 50% du revenu médian.
[2] Avec un seuil de 60% du revenu médian. Répondre | Répondre avec citation |
L'INSEE souligne ainsi que c'est en Languedoc-Roussillon, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, dans le Nord et en Seine-Saint-Denis que les taux de pauvreté sont les plus élevés.
En revanche, l'étude remarque qu'en Ile-de-France, les Yvelines, Paris et les Hauts-de-Seine bénéficient de niveaux de vie particulièremen t élevés, notamment parce que ces départements comptent une forte proportion de cadres. La Haute-Savoie, et dans une moindre mesure le Rhône, la Savoie, l'Ain et l'Isère, constituent également une aire géographique plutôt aisée, selon l'INSEE qui note que dans les départements frontaliers d'Alsace et de Franche-Comté, le poids des cadres et les salaires des frontaliers travaillant en Suisse et en Allemagne expliquent leurs revenus plus élevés.
L'étude remarque aussi que certains départements bénéficient de revenus tirés vers le haut par des activités spécifiques très rémunératrices, comme la Marne avec la viticulture de Champagne.
A l'opposé se trouvent les départements du nord de la France, particulièremen t touchés par le chômage, ainsi que les départements ruraux de la Creuse, de l'Aude et du Cantal, où la forte proportion de personnes retraitées, aux revenus en moyenne plus bas que ceux des actifs, induit une baisse globale du niveau de vie.
L'INSEE remarque aussi que le taux de pauvreté en Corse est plus de trois fois plus élevé que dans les Yvelines, département où il est le plus faible.
Les familles nombreuses sont particulièremen t touchées dans le Nord, les Bouches-du-Rhône et en Seine-Saint-Denis, ce qui entraîne une pauvreté plus fréquente des enfants, note aussi l'INSEE, en remarquant que dans les départements les plus ruraux, la pauvreté frappe plus souvent les personnes âgées.
Le chômage, le poids des inactifs, les différences de structure sociale ou familiale sont les principales raisons de ces disparités, observe l'INSEE, en remarquant que les prestations sociales, qui comptent pour le tiers du revenu disponible des ménages pauvres, contribuent fortement à en réduire l'amplitude. Répondre | Répondre avec citation |