Financement d'entreprises (notamment en cas de conflit social) ? Financement syndical ? Financement politique ? Une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet de Paris, et les policiers de la brigade financière s'y attèlent. Choquée par ces "secrets de famille" que "beaucoup savaient inconsciemment" (dixit Mme Parisot), Cathy Kopp, DRH du groupe hôtelier Accor et remplaçante de DGS à la tête de la délégation patronale pour la négociation sur la réforme du marché du travail, se dit «époustouflée» mais voit dans cette crise une opportunité de "modernisation" de ces pratiques d'un autre âge...
Ces révélations sur les caisses noires du patronat sont d'autant plus scandaleuses que ces "pauvres patrons" qui sont, paraît-il, écrasés de "charges" et d’impôts et ne peuvent pas créer d'emplois ou augmenter les salaires, ont tout de même trouvé le moyen de payer des «surcotisations» afin de se constituer une «caisse de solidarité» antigrève (l’Epim : entraide professionnelle des industries de la métallurgie). Cet argent sonnant et trébuchant n'est que le produit du travail des salariés à qui on a refusé tant de fois des revalorisations, ainsi épargné pour l'utiliser contre eux. A moins qu'il ne provienne des aides publiques diverses et variées versées par dizaines de milliards chaque année aux entreprises ?
Ces révélations, accueillies à grand concours de "on ne savait pas" hypocrites, permet au patronat de tenter de miner le terrain syndical au moment où débute le premier conflit social d’ampleur de l’ère Sarkozy. Mais le scandale est tel que l'opinion (espérons-le) n'est peut-être pas dupe.
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"Ces fonds ont servi à indemniser les entreprises qui sollicitaient notre secours après un conflit", explique le haut dirigeant du Medef dans un entretien avec des journalistes dont fait état Le Monde dans son édition datée du 24 octobre. Selon lui, 170 millions d'euros auraient ainsi été utilisés sur un total actuel de 600 millions. Il admet avoir effectué des retraits en espèces, qui sont au centre d'une enquête en cours sur la "caisse noire" de cette puissante fédération patronale.
"Sur cette caisse nous avons effectué des opérations de retrait en espèces, environ deux millions d'euros par an, pour participer au financement de diverses organisations de notre vie sociale", explique-t-il.
Denis Gautier-Sauvagnac refuse de fournir l'identité des bénéficiaires. "Il n'y a jamais eu de corruption, de financement politique, d'achat de parlementaires, ou de signatures lors d'un accord syndical, jamais", souligne-t-il.
Remplacé à la tête de l'équipe de négociateurs du Medef sur la modernisation du marché du travail, il annonce qu'il démissionnera de son poste à l'UIMM en novembre, une nouvelle accueillie favorablement par François Chérèque. "C'est une bonne nouvelle pour adoucir le climat", a déclaré le secrétaire général de la CFDT en marge de la conférence sur l'emploi et le pouvoir d'achat à Bercy. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, s'est quant à lui refusé à tout commentaire : "Je n'accepterai pas qu'une organisation patronale dise ce qu'elle pense d'un délégué FO quel qu'il soit", a-t-il simplement déclaré.
"Ce système, j'en ai hérité"
Denis Gautier-Sauvagnac reconnaît dans Le Monde que certains salariés de l'UIMM percevaient sur cet argent, jusqu'en décembre 2006, des primes en espèces de 10.000 € par an en moyenne. Lors de déclarations devant les policiers, en marge de perquisitions, il avait précédemment déclaré que l'argent avait servi à "fluidifier les relations sociales".
Cette caisse spéciale de l'UIMM a été alimentée par une cotisation exceptionnelle des 1.800 entreprises de la métallurgie, équivalente à 0,2 pour mille de la masse salariale, proportion passée à 0,4 pour mille en 2001, précise Denis Gautier-Sauvagnac. Au total, 290 millions d'euros auraient ainsi été encaissés depuis 1972, un chiffre qui, après retraits et placements, aboutirait aux 600 millions actuels.
Cette caisse baptisée Epim (Entraide professionnelle des industries de la métallurgie) est conforme à la législation sur les syndicats, assure le leader patronal. "Ce système, j'en ai hérité, je suis le septième délégué général depuis 1901, ça tombe sur le septième, pas de chance, mon devoir est d'assumer. Mon erreur est de ne pas avoir arrêté le système en 1994", fait-il valoir.
A l'avenir, estime-t-il, l'UIMM doit se doter d'un nouveau président au terme d'une opération "de clarification exemplaire".
L'enquête de police se poursuit en parallèle. Les enquêteurs de la brigade financière ont noté des pics de retraits en espèces sur les comptes de l'UIMM dans la période précédant les années d'élection présidentielle, en 2002 et 2007.
La brigade financière, qui expertise depuis le 26 septembre des comptes bancaires de la fédération patronale, a déjà relevé des retraits de 17 millions d'euros opérés entre 2000 et 2007 en espèces sur trois comptes. Le parquet doit décider prochainement s'il ouvre une information pour "abus de confiance". Denis Gautier-Sauvagnac n'a pas été entendu. Répondre | Répondre avec citation |
Denis Gautier-Sauvagnac a confirmé le 23 octobre 2007 à des journalistes l'existence d'une «caisse de secours mutuelle» appelée EPIM (entraide professionnelle des industries de la métallurgie) qui existe depuis 1972. Elle était approvisionnée par des cotisation de 0,2/1000 (puis 0,4 à partir de 2001) de la masse salariale des entreprises adhérentes.
Son objectif était de leur venir en aide lors des conflits sociaux. Depuis 1972, 1.793 entreprises du secteur de la métallurgie ont décidé, au lendemain de Mai 68 et à l'initiative de François Ceyrac, de cotiser à l'EPIM pour faire face "à un conflit collectif du travail". Ces entreprises n'étaient plus que 175 en 2006.
Le montant total de ces cotisations volontaires s'élève, depuis 1972, à 310 millions d'euros. L'UIMM a reversé 144 millions aux entreprises touchées par des grèves, les 166 millions restants ont été confiés à un consultant indépendant. Qui s'est avéré de bon conseil : à la fin de l'année 2006, la valeur d'achat des titres de l'EPIM était de 301,5 millions d'euros, et valent aujourd'hui sur le marché près de 600 millions, selon l'estimation de Denis Gautier-Sauvagnac.
(Source : Wikipedia) Répondre | Répondre avec citation |