Dominique de Villepin voulait remettre la France au travail : tous les nouveaux contrats qu'il a imaginés à cet effet (CPE, CNE, CDD senior) ont lamentablement échoué. La jeunesse et "la rue" a eu raison du premier, les tribunaux et l'OIT du deuxième... et la discrimination du troisième.
Car c'est bien de discrimination persistante, humaine et économique, dont souffrent les salariés âgés, puisque les entreprises continuent à s'en débarrasser en dépit du bon sens, s'il le faut en contournant les règles. Même constat pour les chômeurs qui sont «seniorisés» dès 40 ans sur le marché de l'emploi : selon l'APEC, les plus de 45 ans n'ont représenté que 3% des cadres recrutés en 2006. Et après 50 ans, c'est la bérésina ! Rappelons qu'en France le taux d'emploi des 55-64 ans stagne à 37%... Une grave faiblesse qui non seulement nuit à notre économie et entretient le dangereux déficit de cotisations de notre protection sociale, mais destine à la pauvreté toute une génération d'individus dans les années qui viennent.
Comme quoi, ce n'est pas en gaspillant 5 millions d'euros pour une campagne de communication ridicule qu'on peut faire changer les mentalités. Comme quoi, ce n'est ni en bidouillant les contrats de travail ni à grands coups d'exonérations de cotisations ou d'aides publiques qu'on génère de l'emploi. Comme quoi, ce n'est pas par des «politiques d'incitation» gentillettes qu'on rétablit un «sens des responsabilités» de plus en plus défaillant chez les employeurs.
Sur ce dernier point, Xavier Bertrand promet davantage de fermeté : «Pour l'an prochain, je réfléchis à un système sur l'emploi des seniors, plus structurant, plus ambitieux avec un système de bonus-malus pour encourager les entreprises qui jouent le jeu»... Pourtant, le Medef continue de se défiler en prônant une politique de communication massive et "un changement culturel" alors que la seule chose qui l'intéresse, c'est de se procurer la main d'œuvre la plus docile et la moins chère possible. Et à la CGPME, on estime même que les seniors doivent «se remettre en question» et «faire un effort pour justifier leur salaire en actualisant leurs compétences», ce qui est un comble car non seulement ils sont de plus en plus tôt écartés de l'emploi, mais ils sont aussi écartés de la formation professionnelle !
Xavier Bertrand osera-t-il réellement mettre les pieds dans le plat et, par exemple, taxer sévèrement les entreprises qui licencient leurs "anciens" avant l'âge ? Osera-t-il imposer des quotas obligatoires - version discrimination positive - auprès des recruteurs ? On en doute. La fermeté, le déclassement et les sacrifices, c'est pour les victimes. Les passe-droit, petits cadeaux et autres corruptions sans conséquences, pour les bourreaux.
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