Fort d'un budget qui vient de passer de 32 à 100 millions d'euros (alors qu'on demande aux Français de payer des franchises médicales ou qu'on s'apprête à supprimer l'Allocation équivalent retraite), ravi du déplacement malgré la pluie, les boulettes et les critiques (notamment sur le coût d'une telle opération), le chef de l'Etat a décidé qu’il réitèrerait l'expérience en organisant d'autres Conseils des ministres «décentralisés», y compris en Outre-mer. «La République n'a pas de frontières, elle va jusque dans tous nos territoires» et «le fait de rester en contact avec chacun, ça n'a pas de prix», a justifié la ministre de l'Economie Christine Lagarde. Hélas, si le but de cet onéreux déploiement de «décentralisation» républicaine consiste à donner l'image d'un pouvoir exécutif "à l'écoute" et plus "proche du peuple", même pour l'image seule, c'est loupé !!!
Sécurité oblige, dans le centre d'Ajaccio, aucune circulation - ni véhicule, ni piéton - ni manifestation ou rassemblement n’étaient tolérés. Dans un large périmètre, 1.500 CRS et gendarmes mobiles, transportés depuis le continent et épaulés sur place par un nombre considérable de fonctionnaires en civil, contrôlaient et fouillaient méthodiquement les passants. Relevé dans Libération : un retraité corse, exaspéré de se voir interdire l’accès à sa banque et qui s’est retrouvé immobilisé sur le trottoir avec quatre agents sur le dos, a lâché : «Ce Sarkozy est un dictateur. Je me fais du souci pour vous, Français». Un autre habitant excédé a sorti : «On se croirait en Algérie dans les années 60 !» Et dire qu'on accuse des salariés en grève de "prendre en otage les usagers" quand ils défendent leurs droits, alors que c'est toute une ville qui a été mise en état de siège pendant 48 heures pour… une vaste opération de communication.
Sans compter son coût écologique alors que vient, justement, de s'achever le Grenelle de l'environnement. Combien de tonnes de CO2 dégagées pour ce show médiatique, soi-disant «historique pour la Corse» ? Transport en avion et en car, dispositif policier avec hélicoptères et pumas, frais d'hébergement et de bouche… : au cours de cette escapade, sur tous les plans, le gouvernement nous a offert une démonstration du «Faites ce que je dis, pas ce que je fais» particulièrement éclatante.
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Commentaires
Nathalie Kosciusko-Morizet a bien failli passer une nuit dans un ferry. C'est ce qu'a tenté de lui imposer son ministre de tutelle, Jean-Louis Borloo.
La secrétaire d'Etat à l'Ecologie était mardi au Luxembourg pour un conseil des ministres européens de l'Environnement avant de rejoindre la Corse et le conseil des ministres (français) délocalisé par Sarkozy.
Qu'à cela ne tienne : elle n'avait qu'à prendre l'avion jusqu'à Marseille et prendre le ferry ensuite. La raison de l'insistance du cabinet de Borloo ? La délocalisation des ministres et des 1.500 fonctionnaires de police chargés de les escorter fait désordre. Selon un "bilan carbone" demandé par Europe 1, l'opération va, en mobilisant avions et hélicoptères pumas, occasionner l'émission de 2.000 tonnes d'équivalent CO2.
De plus, Nicolas Sarkozy a suggéré mardi de "laisser une place aux compagnies low-cost" vers la Corse. Or, à peine une semaine plus tôt, le Grenelle de l'environnement concluait à la nécessité de diviser par deux les émissions dues aux transports d'ici 2012 !
Pas question donc que Kosciusko-Morizet soit vue à Ajaccio débarquant d'un avion. La secrétaire d'Etat a malgré tout insisté pour voler jusqu'à Ajaccio. L'Elysée a assuré mercredi in extremis que les émissions seraient "compensées" par un investissement dans un projet d'hydroélectricté … au Mexique.
Nicolas Sarkozy a annoncé aussi que d'autres conseils des ministres pourraient se tenir dans les départements ou territoires d'Outre-mer. Nathalie Kosciusko-Morizet échappera-t-elle à une traversée en cargo ?
(Source : www.rue89.com)
Pour comparaison, le dernier G8 de Heiligendamm (Allemagne) - où il avait été question de réchauffement climatique - a libéré dans l'atmosphère quelque 30.000 tonnes de CO2… Répondre | Répondre avec citation |
L'avis de Xavier CRETTIEZ, professeur de sciences politiques à l'université de Versailles pour Le Nouvel Obs :
La visite d'une réserve naturelle permet-elle d'échapper à un sujet polémique ?
D'une certaine manière, il s'approprie le Grenelle jusqu'alors dominé par Jean-Louis Borloo. Pendant longtemps, ce dernier est resté l'un des concurrents les plus sérieux à l'UMP dans la course à la présidentielle.
Mais choisir la Corse comme un laboratoire du Grenelle est plutôt étonnant. La région connaît un sous-développement industriel patent. L'industrie du bois et les mines de Canari ont fermés dans les années 60. Il n'existe donc plus de menaces écologiques réelles, exceptée celle du feu, qui incombe essentiellement aux Corses et à leurs pratiques. D'une part les pratiques pastorales : on brûle des maquis pour récupérer des terres ou pour enrichir la sienne. D'autre part les pratiques des sociétés de chasse, qui font disparaître des maquis pour récupérer le gibier d'une société rivale.
Il aurait été donc plus pertinent de prendre comme exemple une région industrialisée, puisque le Grenelle entend montrer la comptabilité entre l'économie et l'écologie. Répondre | Répondre avec citation |
[…] Comme souvent, le président de la République s’était imposé un programme intenable, avec en moins de deux heures, la visite de la réserve naturelle de Biguglia, deux «passages» aux mairies de Biguglia et Bastia et une table ronde à la chambre de commerce. Cette dernière étape a donné lieu à des échanges particulièremen t décousus : Nicolas Sarkozy était manifestement trop pressé pour entendre ceux qui tentaient de l’éclairer sur l’avenir énergétique de l’île. […]
Avec lui, tout est visiblement entrepris au pas de charge… et visiblement survolé. Très inquiétant. Répondre | Répondre avec citation |
• «Écologie de salon» contre «khmers verts»
• Les chômeurs, pionniers de la décroissance ?
• Chômage et écologie : une conscience commune
• «Grenelle», «fusion», encore des mots à la mode ! Répondre | Répondre avec citation |
La proposition de Nicolas Sarkozy d'ouvrir les aéroports corses aux vols "low cost" apparaît aux écologistes "en complète contradiction" avec les conclusions du Grenelle de l'environnement qui stipulaient de limiter l'essor de l'aérien, apprend-on mercredi 31 octobre. "C'est bien une rupture écologique, mais dans le mauvais sens", relève mercredi Olivier Louchard, du Réseau Action Climat (RAC) : "Au lieu de favoriser les liaisons maritimes, on encourage l'aérien, de loin le plus émetteur" de gaz à effet de serre.
Selon les calculs du RAC, un aller-retour en avion Paris-Ajaccio génère 540 kg d'équivalent CO2 (dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre). Pour le même trajet effectué en TGV jusqu'à Marseille, puis en ferry, le rejet s'élève à moins de 10 kg. "A titre de comparaison, rappelle le Réseau, un ménage français émet 4,2 tonnes de CO2 par an pour l'ensemble de ses déplacements".
Copie à revoir. La table ronde du Grenelle consacrée au climat concluait sur la nécessité de réduire les émissions dues aux transports de 20% d'ici 2012 et, en particulier, de diviser par deux celles du transport aérien. La création de nouvelles infrastructures aéroportuaires devait, dans le même esprit, être "conditionnée à un déplacement de trafic pour des raisons environnemental es", sans nécessairement saturer les aéroports existants.
"La première copie de l'élève Sarkozy, nouvel écolo, est pour le moins à revoir", ajoute Olivier Louchard. "C'est une très mauvaise politique, contradictoire avec le Grenelle", juge également Yves Cochet, député Vert et auteur de "la Fin du Pétrole" : "Le transport aérien est le plus impactant sur l'environnement, en émissions de gaz à effet de serre et en bruit, il y a donc beaucoup de raisons écologiques non seulement de ne pas l'augmenter mais de le réduire".
Sans avenir. "En outre, poursuit-il, au plan énergétique les low costs sont sans avenir avec la flambée du prix du baril de pétrole" qui a dépassé ces derniers jours les 90 dollars. "Ces compagnies vivent sur des stocks de kérosène constitués en 2003 pour 2007, mais d'ici 2 à 5 ans, elles n'auront plus la trésorerie suffisante".
"Je ne comprends pas pourquoi l'ensemble du territoire français peut aujourd'hui trouver des vols à 30 € sur des compagnies à bas coût, sauf la Corse", avait déclaré mardi le président, suggérant de "laisser une place aux compagnies low-cost". Cette "mauvaise idée" s'ajoute à celle, également "très contradictoire avec le Grenelle", selon Yves Cochet, de délocaliser le conseil des ministres sur l'île. Cette initiative ayant nécessité une escorte de 1.500 policiers, il juge l'équipée aéroportée "démesurée".
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
Cette nouvelle gaffe sarkozyenne prouve une chose : libéralisme économique et écologie sont quasiment incompatibles, et le petit libéral qui veut nous faire croire qu'il s'est converti doit d'abord apprendre… à contrôler ses réflexes !
Dans son ensemble, ce séjour en Corse nous aura donné une définition claire du libéralisme sarkozyen : vanité, gaspillage, mensonge et répression. Répondre | Répondre avec citation |
Voici les dessous du «Grenelle de l'environnement» décryptés par Arrêt sur Images : La taxe-carbone ? Oui, mais à condition d'une «remise à plat de la fiscalité», autant dire à la Saint-Glinglin. Une taxe sur la circulation des poids lourds ? Oui, sauf sur… les autoroutes ! L'arrêt des constructions d'autoroute ? Oui, sauf «cas d'intérêt local». Etc etc… Répondre | Répondre avec citation |