A titre comparatif, dans le privé, 18 millions d’actifs financent les pensions - assurance vieillesse et régimes complémentaires obligatoires - de 15 millions de bénéficiaires.
Ces régimes spéciaux sont répartis comme suit :
• Opéra de Paris (1.693 actifs pour 1.272 retraités), Comédie-Française (NC)
• Sénat, Assemblée nationale (NC)
• Les clercs de notaire (45.052 actifs pour 24.915 retraités)
• Les ministres des cultes et congrégations (17.045 actifs pour 63.749 retraités)
• Les marins (39.400 actifs pour 51.023 retraités)
• Les mineurs, dont le déséquilibre démographique est le plus criant (14.489 actifs pour 150.464 retraités et plus de 200.000 ayants-droit)
• Les salariés d’EDF-GDF, de la SNCF et de la RATP, qui totalisent 370.000 actifs pour 500.000 retraités. Ce sont eux qui sont dans la ligne de mire du gouvernement.
En ce qui concerne la pénibilité du travail, sans contestation aucune, les mineurs, les marins, les «roulants» de la SNCF ou les «lignards» d’EDF méritent de conserver leur "privilège". Par contre, on se demande pourquoi les clercs de notaires, les ministres des cultes ou les parlementaires seraient anormalement usés et fatigués par leur métier...
On remarque également que l'écart se creuse dans les secteurs en voie de disparition : ouvriers des mines (choix industriel), ministres des cultes (évolution des mœurs).
Par contre, à la RATP, la SNCF ou EDF-GDF, les baisses d'effectifs sont des choix à la fois liés à l'automatisation mais aussi à l'économie de la masse salariale, alors qu'on sait que la qualité du service laisse parfois à désirer : quand ces salariés font grève contre les réductions de postes, c'est avant tout pour maintenir un service public de qualité.
Enfin, on remarque que les clercs de notaire exercent une profession qui n'est pas prête d'être sacrifiée ou de disparaître.
La situation "indigne" des régimes spéciaux
Ces données chiffrées proviennent du journal Libération. On remarquera combien il est difficile d'avoir les chiffres exacts de nos chers parlementaires (NC : non communiqué). Reste donc un solde de 12.321 actifs pour 308.577 retraités à répartir entre la Comédie-Française, le Sénat et l'Assemblée nationale... sans pouvoir en distinguer non plus l'évolution démographique. Mais il est fort à parier que l'écart entre les parlementaires actifs et retraités doit être assez stupéfiant, puisqu'il suffit d’avoir été mandaté peu de temps pour bénéficier ad vitam des avantages qui en découlent. D'où une notable discrétion sur cette catégorie très "spéciale"...
Manquent hélas à ces données chiffrées les montants moyens des pensions par secteurs d'activité : il serait en effet intéressant de connaître les écarts de pensions entre les mineurs et les députés.
«La vérité, c'est qu'il existe des régimes spéciaux de retraites qui ne correspondent pas à des métiers pénibles et qu'il existe des métiers pénibles qui ne correspondent pas à un régime spécial de retraite», a dénoncé Nicolas Sarkozy hier à Rennes devant un parterre d'agriculteurs lors de l'inauguration d'un salon de l'élevage. Alors, comme analysé ci-dessus, qu'attend-il pour supprimer les régimes spéciaux des parlementaires et des ministres des cultes ? Cela nous rappelle effectivement l'Ancien régime où les nobles dirigeants et les religieux s'en mettaient plein la panse pendant que le peuple crevait de faim : puis la Révolution a aboli leurs privilèges... Mais n'attendons pas de Nicolas Sarkozy qu'il la fasse, bien au contraire, vu le silence assourdissant sur les régimes spéciaux de nos élites et sa préférence pour un "paquet fiscal" destiné aux riches.
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Commentaires
Dans le même temps, la moyenne des salaires des patrons du CAC40 doit largement dépasser le million d’euros annuel - soit une bonne cinquantaine de fois le salaire moyen de leurs salariés -, sans compter les ahurissantes "retraites-chapeau" accordée à certains mais, là encore, personne ne crie à l’injustice ou à l’inéquité.
En revanche, le fait que quelque 500.000 salariés d’EDF, de GDF, de la RATP et autres (dont une très large partie est payée au Smic, à 1.200 ou 1.500 €) soient partis à la retraite après 37 années et demi de cotisations contre 40 années pour les autres est un scandale absolu qu’il faut absolument réformer dans les plus brefs délais !
Hélas, cette réforme qui pointe du doigt les "privilèges" de 5% des actifs ne résoudra en rien les déficits des caisses de retraite : plutôt que de focaliser sur les "excès de dépenses", il faudrait déjà se pencher sur le dramatique déficit de cotisations qui menace toute notre protection sociale (Sécu, Unedic, etc…) et dont les causes se trouvent dans le chômage de masse, les bas salaires et la précarité. Répondre | Répondre avec citation |
François Chérèque a reproché, mercredi 12 septembre, à Nicolas Sarkozy de dresser les Français les uns contre les autres sur le dossier des régimes spéciaux des retraites, qui ne peut être traité selon lui que par une négociation globale. "Il faut une réforme pour une question d'équité, mais il faut tout mettre sur la table", a déclaré le secrétaire général de la CFDT sur RMC.
"On ne peut pas crier haro sur une seule entreprise publique"
Ce dernier a critiqué les propos tenus la veille par Nicolas Sarkozy qui, devant une assemblée d'agriculteurs, avait jugé "indigne" les régimes spéciaux de retraite. "Non, ce n'est pas indigne. On ne peut pas crier haro sur une seule entreprise publique", a dit François Chérèque en faisant allusion aux régimes spéciaux en vigueur à la SNCF. "C'est d'autres entreprises publiques, c'est d'autres professions, il y a les marins, il y a les notaires".
"Il ne faut pas faire croire aux Français qu'en faisant évoluer les régimes spéciaux on va régler le problème des basses pensions, ça n'a rien à voir", a-t-il souligné. "Il faut faire évoluer les régimes de retraite, tous les régimes de retraite, simplement pour des raisons d'équité et d'avenir de notre régime par répartition […] mais ne faisons pas croire qu'on sanctionne une profession pour faire plaisir aux autres".
(Source : Challenges) Répondre | Répondre avec citation |
Mais qu’est-ce que la «pénibilité» au juste ? Est-ce le seul critère pour légitimer un régime spécial ? De nouveaux métiers ne sont-ils pas concernés ? Serge Volkoff, directeur de recherche au Centre d’études de l’emploi (CEE) et spécialiste du lien entre âge et travail, décrypte le terme «pénibilité».
Selon Serge Volkoff, il ne faut pas confondre «pénibilité» sur le moment (tracas quotidiens, difficultés avec la hiérarchie, outils de travail non adaptés…) et «pénibilité à long terme», qui ne sera pas forcément ressentie sur le moment — comme l’exposition à des produits toxiques — mais qui aura un effet un jour ou l’autre. C’est cette seconde définition qui a été prise en compte pour la création des régimes spéciaux.
Aujourd’hui, la pénibilité d’un métier tient à trois critères : le travail de nuit, les gros efforts physiques, et l'exposition à des produits toxiques.
«Contrairement au stress, qui peut générer des maladies cardio-vasculaires mais de façon mineure ou aux troubles psycho-sociaux, difficiles à objectiver, ces trois critères ont, c’est sûr, une influence sur la qualité de vie au grand âge», affirme Serge Volkoff. Et c’est sur ce point que les syndicats se sont battus jusqu’à présent : tout le monde n’aura pas la même vieillesse et l’espérance de vie en fonction du métier qu’il a effectué.
Cette pénibilité a-t-elle disparu dans certains métiers ? «Pour le savoir, il faudrait aller le vérifier», observe l’expert sans se prononcer davantage. Si les conducteurs de trains ou de métro, avec l’automatisatio n et la modernisation des outils, semblent moins exposés qu’avant, les aiguilleurs ou les conducteurs de train de fret ont des conditions de travail toujours difficiles, où horaires décalés et solitude priment. Une étude poussée sur les secteurs concernés par les régimes spéciaux serait donc nécessaire pour évaluer si pénibilité il y a ou pas. La pénibilité n’est toutefois pas le seul critère pour justifier les régimes spéciaux. La mission de service public et les bas salaires sont également pris en compte.
Ces acquis ne devraient-ils pas profiter à d’autres métiers ? Il peut paraître injuste qu’un clerc de notaire ou un employé de la Comédie française — dont les conditions de travail ne semblent plus si difficiles aujourd’hui — bénéficie d’un régime spécial de retraite quand un éboueur, une infirmière un chauffeur routier n’en ont pas. «Ces derniers, s’ils travaillent pour une entreprise de transports, bénéficient d’une retraite anticipée», précise Serge Volkoff. Il s’agit d’un accord de branche. En réalité, plusieurs métiers du régime général bénéficient eux aussi de dérogations sur l’âge de départ en retraite, notamment depuis la mise en place des Cats (cessation anticipée pour les travailleurs salariés) en 2000, qui a permis, entre autres, aux personnes exposées à l’amiante de partir plus tôt.
En contrepartie d’augmenter la durée de cotisation pour tous (fonctionnaires et régime général) en 2003, François Fillon avait d’ailleurs invité les organisations syndicales à engager une négociation interprofession nelle sur la définition et la prise en compte de la pénibilité dans chaque secteur d’activité. Serge Volkoff estime toutefois que la pénibilité du travail ne sera pas réglée uniquement par des départs anticipés réduits : il faut aussi miser sur la prévention au travail.
(Source : 20 Minutes)
ON REMARQUERA QUE LA "PÉNIBILITÉ AU TRAVAIL" DES DÉPUTÉS ET SÉNATEURS RESTE OCCULTÉE… ET QU'UNE RÉFORME DE LEUR "RÉGIME très SPÉCIAL" EST PASSÉE SOUS SILENCE. Répondre | Répondre avec citation |
A comparer sur le Nouvel Obs… Répondre | Répondre avec citation |