A fin juin, ils étaient quelque 1,19 million de foyers à percevoir le RMI en métropole et dans les départements d'Outre-mer. "Ce nombre a diminué de 1,4% au deuxième trimestre et de 5,9% sur un an", note la DREES (ministères de la Santé et des Affaires sociales) qui explique cette nouvelle baisse - "moins prononcée" qu'au premier trimestre (- 3,9%) - par quatre motifs.
Tout d'abord, il y a "l'amélioration de la situation sur le marché du travail", qui se constate sur les RMIstes avec un décalage d'un an. Ensuite, la DREES relève que la modification du dispositif d'intéressement à la reprise d'activité, entrée en vigueur depuis le 1er octobre 2006, a également influé car, parallèlement à la mise en place de primes forfaitaires, la durée pendant laquelle un RMIste retrouvant un emploi peut cumuler son allocation avec son revenu d'activité a été en effet réduite. La poursuite du développement des contrats d'avenir et, dans une moindre mesure, celle des contrats d'insertion-revenu minimum d'activité (CI-RMA), a elle aussi contribué à cette diminution : fin juin, ils étaient 78.000 à bénéficier de ces contrats de misère contre 41.000 un an auparavant. Enfin, il s'avère que le nombre de personnes ayant déposé une demande de prise en charge ce trimestre a été moins élevé (70.000 contre près de 90.000 au deuxième trimestre 2006).
Selon la DREES, environ 70% des bénéficiaires du RMI - dont 57% sont des personnes seules - "perçoivent moins de 400 € par mois au titre du revenu minimum d'insertion, le montant de l'allocation étant compris pour la majorité d'entre eux entre 300 et 399 €". Franchement, pas de quoi être jaloux !
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Commentaires
• Qui sont les RMIstes ?
Un résumé de la dernière étude qualitative de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques des ministères de la Santé et de l'Emploi) sur cette population.
• Baisse des RMIstes à Paris
Ils sont 58.000 dans la capitale, dont le quart d'un niveau bac+3… Répondre | Répondre avec citation |
Deux histoires vraies : comment être sans domicile fixe ou avoir le malheur d’avoir trouvé une mission d’intérim vous conduisent à vous retrouver sans rien.
A lire sur www.ac.eu.org Répondre | Répondre avec citation |
Commentant les dernières données statistiques du Revenu minimum d’insertion (RMI) – voir ci-dessous nos informations du 12/9 -, Claudy Lebreton, président de l’Assemblée des départements de France (ADF), estime que la baisse du nombre de bénéficiaires ne s’explique pas par le seul dispositif d’intéressement .
Au 30 juin 2007, leur nombre s’élève néanmoins, encore, à 1.190.000 en métropole et dans les départements d’Outre-mer, soit, souligne le président de l’ADF, «une baisse de seulement 1,4% en un an.» Il rappelle que «beaucoup de départements se sont engagés dans des dispositifs expérimentaux pour faire évoluer le RMI, mis en œuvre depuis près de vingt ans. Or, les départements «ont pris en charge cette politique de solidarité depuis 2003. Faute de compensation financière suffisante de l’Etat, ils constatent aujourd’hui un déficit cumulé de plus de 2,3 milliards d’euros.»
Il rappelle ensuite «que les personnes en grande difficulté, allocataires du RMI, ou d’autres minima sociaux, ne sont pas tous en situation de reprendre un emploi. Les politiques locales d’insertion restent la condition impérative d’un retour à une vie sociale digne.»
Selon Claudy Lebreton, «pour réaliser une décrue durable du nombre des bénéficiaires des minima sociaux, il est enfin indispensable de connaître une croissance porteuse d’emplois. Force est de reconnaître que cette perspective n’est pas encore avérée aujourd’hui.»
Source
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Pour AC!, le rapport de la DREES confirme une tendance : celle de la plus grande précarisation et culpabilisation du chômeur. C’est une des conséquences d’une décentralisatio n qui s’est traduite en fait par un désengagement de l’État dans la lutte contre le chômage.
Trois ans après la décentralisatio n imposée de la gestion du RMI aux départements, un rapport de la DREES (1) montre que cette mesure a surtout permis à l’État de transférer aux collectivités la responsabilité de la lutte contre le chômage des allocataires du RMI. Aux départements de se débrouiller avec une dotation de l’État qui ne correspond pas à la réalité des charges, du fait de l’augmentation du nombre d’allocataires due, par exemple, au durcissement des conditions de l’assurance chômage.
Ce décalage permanent entre les fonds engagés par la collectivité locale sur le RMI et une compensation insuffisante de l’État fausse tout d’entrée de jeu.
Cette décentralisatio n n’est pas sans conséquence sur le résultat de l’étude menée par la DREES. À la lecture du rapport de cette dernière, AC! constate que pour les Conseils Généraux, «il s’agit évidemment de dépenser le moins possible, d’où un triple objectif : réduire les dépenses sociales non immédiatement rentables (santé, accès au logement, aides financières, politiques culturelles), considérer la sortie la plus rapide possible du dispositif comme une fin en soi indépendamment du sort de l’allocataire, et tenter de "rentabiliser" les dépenses en imposant des activités pour les collectivités territoriales en échange de l’allocation».
PRIVATISATION. AC! note «un phénomène de privatisation de l’élaboration des plans d’insertion». En France, «ce sont donc en grande partie les associations humanitaires ou intermédiaires, les entreprises d’insertion, qui élaborent les PDI et sont simultanément concernées par leur contenu, puisque ce sont ces plans qui déterminent le montant et les destinataires des subventions accordées au titre de l’insertion». D’où ce constat : «A la fois juges et parties de la politique menée, elles ne peuvent donc qu’entériner ce qui va dans le sens de leurs intérêts propres. Celui de leur survie, qui passe forcément par un renforcement de l’insertion dite professionnelle , et qui se traduit avant tout par la gestion d’emplois précaires et ultra subventionnés ou celle de formations courtes et non qualifiantes.»
Autrement dit, la décentralisatio n a signifié la privatisation de la lutte contre le chômage des allocataires du RMI. Une privatisation qui fait passer l’intérêt des acteurs de ce qui est devenu un marché, avant celui des travailleurs.
CERCLE VICIEUX. L’étude relève qu’en France, seuls 6 départements affichent comme priorité d’insertion professionnelle le retour à l’emploi durable pour l’allocataire du RMI. Les emplois aidés sont, eux, cités 60 fois. Or, AC! note que cette forme d’emploi est bien plus précaire, ne permet que très difficilement de sortir du chômage et permet aux employeurs publics et privés de remplacer des emplois durables à moindre coût.
«A l’heure actuelle, de toute façon, aucun chef d’entreprise n’a intérêt à embaucher un RMIste autrement que dans ces formes d’emploi, puisque celles-ci lui permettent d’avoir accès à un financement du salaire et à de multiples exonérations de cotisations», rappelle l’association de travailleurs privés d’emploi. «De plus, les données de la DREES montrent bien le développement de structures parasitaires, associations ou entreprises, dont la survie économique ne tient que par l’existence d’un nombre conséquent de RMIstes qu’elle a tout intérêt à maintenir dans une précarité dont la gestion lui rapporte des fonds publics conséquents. On l’a vu, ces structures sont désormais pleinement associées à la conception même des programmes d’insertion».
AC! note que la DREES relève un renforcement des mesures de contrôle à l’encontre des allocataires du RMI dans les trois quarts des départements. Pour l’association, cela s’explique par la volonté de briser un mouvement de résistance des allocataires du RMI qui refusent d’entrer «dans ce cercle vicieux» et préfèrent «mettre en avant leurs besoins et leurs parcours autonomes d’un emploi choisi». Le rapport évoque une sanction de plus en plus utilisée contre l’allocataire qui refuse un travail précaire : la suspension du versement des prestations. Cette sanction «peut durer indéfiniment jusqu’à ce que l’allocataire accepte les mesures d’insertion qui lui sont imposées». Des suspensions en forte hausse selon la CAF, une donnée confirmée par les départements dans le rapport de la DREES.
Pour AC!, tout cela est un contexte très inquiétant alors que la mise en œuvre d’un nouveau dispositif, le RSA, est annoncée.
Manuel Marchal pour www.temoignages.re
(1) "Les politiques d’insertion des Conseils généraux en direction des bénéficiaires du RMI", N°582 de la revue "Études et résultats"- DREES - Ministère du Travail. Répondre | Répondre avec citation |